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Piscine Léo-Lagrange


Seconde piscine publique de Nantes, la piscine Léo-Lagrange est érigée sur l’ancienne île Gloriette disparue dans les comblements des deux bras de la Loire entre 1926 et 1946. Bâti en plusieurs phases étalées entre 1951 et 1974, ce bâtiment installé au cœur du port comble le manque laissé à Nantes par la disparition des péniches-piscines.

La piscine publique de l’ancienne île Gloriette

Un premier projet de construction de piscine publique est étudié dès 1935 alors que s’amorce la dernière phase du comblement des bras nord de la Loire. Ce n’est qu’en 1950 que la mise en œuvre d’un établissement sur des terrains situés à la proue de l’ancienne île Gloriette est confiée à René Ménard, architecte nantais, qui s’adjoint les services de l’architecte Yves Liberge. Le projet ambitionne alors de construire un bassin d’été à l’air libre, un bassin sportif d’hiver dans un hall couvert, des accès et circulations, plages, gradins, et entourages compléments de ces bassins ainsi que des locaux pour l’exploitation.

La construction dans les sols alluvionnaires fait l’objet d’un concours remporté par la société Jean le Guillou, tout comme la création d’une station de régénération en circuit fermé de l’eau du bassin d‘été. Sa réalisation est confiée à la société Chabal et Cie domiciliée à Paris. 

En 1951, la première tranche de travaux est lancée sur un terrain qui appartient au domaine public d’État. Elle porte sur la construction du bassin d’été, des plages, des travaux d’étanchéité et de revêtement ainsi que sur la construction du plongeoir qui doit être assis sur une plate-forme armée supportée par des pieux pour correspondre aux attentes du ministère de la Jeunesse et du Sport. 

Un espace de loisirs au cœur du port

La piscine ouvre pendant l’été 1951. À cette date, seul le bassin est achevé et des bâtiments provisoires font office d’entrée et de vestiaires. Le bassin nu offre à la population l’occasion unique de se baigner au milieu d’un port dont l’activité est relancée par la Reconstruction.

Piscine Léo-Lagrange, chantiers navals et pont transbordeur

Piscine Léo-Lagrange, chantiers navals et pont transbordeur

Date du document : 20-07-1951

Le plongeoir n’est pas encore bâti ; il ne sera érigé que durant l’hiver 1952.

Plongeoirs de la piscine Léo-Lagrange

Plongeoirs de la piscine Léo-Lagrange

Date du document : après 1952

L’érection de la seconde piscine publique de Nantes à la pointe de l’ancienne île Gloriette n’est pas anodine. En effet, les terrains rendu instables par le rescindement de l’île Gloriette lors des comblements ne sont pas propices à l’érection du bâtiment. De même, commencer le chantier par la construction d’un bassin de plein air peut sembler, malgré son coût plus faible, incompréhensible dans une région où seuls les mois de plein été peuvent permettre son utilisation. Ces choix sont donc à replacer dans le contexte des comblements des bras du fleuve qui ont entraîné la disparition de la dernière péniche-piscine, tuant ainsi un usage sportif et estival de la Loire très apprécié des Nantais depuis plus d’un siècle. Surélevé et complètement ouvert sur le port, le bassin d’été permettait de replacer la pratique de la natation à Nantes dans le cadre fluvial dont elle était issue et qu’elle avait perdu. 

En 1956, la deuxième tranche de travaux est lancée pour la construction des gradins, du hall d’entrée et des vestiaires.

Construction de la piscine Léo-Lagrange

Construction de la piscine Léo-Lagrange

Date du document : 12-09-1956

La piscine, peinte en blanc, rouvre en 1957 : la forme hémicirculaire de son hall d’accueil est un rappel de l’ancien aménagement de la pointe de l’île Gloriette disparu dans les comblements. La piscine impose alors une architecture résolument moderne dans un environnement en plein bouleversement.

Grand bassin de la piscine Léo Lagrange, île Gloriette

Grand bassin de la piscine Léo Lagrange, île Gloriette

Date du document : 1979

Des retards causés par des procédures juridiques

En 1962, le contrat est transmis à Maurice Ferré, Yves Liberge et M. Barranger dans le cadre de la succession de M. Ménard. Ils auront la charge de construire le hall couvert et l’ensemble de ses installations. Mais l’agrandissement prend du retard car cette dernière tranche de construction offre l’occasion de régulariser la propriété de l’assiette foncière sur laquelle est construite la piscine : les terrains qui auraient dû être rétrocédés à la Ville à la fin des comblements font toujours partie du domaine public d’État. Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale sont encore bien présentes au début des années 1960. Le conflit mondial a sans doute favorisé l’oubli de la mise en place des procédures de rétrocession des terrains issus de la dernière phase des comblements du fleuve. La Ville, qui aurait dû être propriétaire, se voit dans l’obligation de racheter à l’État toutes les parcelles sur lesquelles ont été construits des bâtiments depuis 1951. La Ville doit également payer une taxe d’occupation illicite en réparation des dix années d’implantation des premiers bâtiments de la piscine.

État des lieux des propriétés en vue de l'agrandissement de la piscine Gloriette

État des lieux des propriétés en vue de l'agrandissement de la piscine Gloriette

Date du document :

Un établissement ouvert sur la Loire

En 1973, l’agrandissement de la piscine est lancé : un second bassin de 50 mètres est construit et l’équipement est entièrement couvert en 1974. La mise en place de cette couverture impose la destruction du prestigieux plongeoir, trop haut pour le nouveau toit. Celui-ci est remplacé par un plongeoir plus classique.

Grand bassin de la piscine Léo-Lagrange

Grand bassin de la piscine Léo-Lagrange

Date du document : 1979

En 1987, la piscine est reliée au réseau Valorena et son eau est désormais chauffée par l’usine de traitement des déchets de Mauves.

Piscine Léo-Lagrange vue depuis la Loire

Piscine Léo-Lagrange vue depuis la Loire

Date du document : 20e siècle

Aujourd’hui, la piscine Léo-Lagrange est toujours à son emplacement initial mais le bassin de plein air a été couvert, offrant ainsi un nouveau témoignage de la perte des usages du fleuve et de l’évolution de la pratique sportive dans la seconde moitié du 20e siècle.

Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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