Saint-Joseph de Porterie
Quartier du nord-est de la commune de Nantes, entre l’Erdre, Carquefou et la voie ferrée Nantes-Châteaubriant. Les habitants sont les « Portériens », néologisme créé en 1989. Du 17e siècle au début du 20e siècle, on rencontre indifféremment les formes « Portricq », « Portericq » ou « Porterie », « Portery ». Il semble que la municipalité nantaise ait adopté officiellement la forme « Porterie » vers 1960. Saint-Joseph-de-Porterie n’a jamais été une commune.
Les seigneurs de Porterie
Selon l’historien Léon Maître, Porterie était « une ancienne terre épiscopale mentionnée dans la Charte de Louis VI sous le nom latin de Porteriacum ». Amédée Guillotin de Corson compte la baronnie de Porterie au nombre des grandes seigneuries de Haute-Bretagne. Au gré des héritages et des ventes, les seigneurs en sont Jean de Châteaubriant (1286) ; Jean Anger (1416) ; Jean Tournemine (1455) ; Geoffroy Drouet (1580) ; la duchesse de Penthièvre (1595) ; Gabriel Bernard (1600). Au 17e siècle, les seigneurs font construire le manoir qu’on voit encore près du centre du bourg.
Réseau de conduits souterrains de Saint-Joseph de Porterie
Date du document : sans date
Vers 1630, Porterie passe aux mains d’une famille de grands négociants d’origine espagnole, les Despinoze, déjà seigneurs des Renaudières en Carquefou, qui deviennent donc seigneurs de Porterie et de l’Étang-Hervé. En 1786, le domaine de Porterie est acheté par François-René Lelasseur, avocat général à la Chambre des Comptes de Bretagne, grand propriétaire terrien du pays nantais ; il continue à agrandir le domaine par l’acquisition du Bois-Hue, du bois du Bèle, de Port-la-Blanche… À cette époque, le vieux manoir de Porterie est devenu une métairie habitée par le fermier principal du domaine.
Façade du manoir de Porterie
Date du document : sans date
Les Portériens deviennent nantais
Jusqu’à la Révolution, Porterie n’est qu’un « traict », un secteur de la vaste paroisse de Saint-Donatien, aussi indépendante de Nantes que l’étaient Carquefou et la Chapelle-sur-Erdre. En 1791, la commune de Nantes absorbe la paroisse de Saint-Donatien, dont les habitants, « Portériens » compris, deviennent nantais.
Le quartier est alors composé de grandes propriétés appartenant à la bourgeoisie nantaise ou à l’Église : un château, un manoir, entouré de métairies et de borderies, la Chantrerie, Cheviré-la Perverie, le Bois-Hue, Porterie, le Fort, Launay, Clermont-Ranzay, la Bouchetière, Saint-Georges, la Halvêque. Tout au nord, l’Étang-Hervé regroupe l’ensemble des hameaux du Port-Brégeon, du Picot, de la Guiblinière, de la Brégeonnière, de la Boisbonnière et de Boisbonne.
Porterie devient Saint-Joseph
En 1845, les notables font bâtir une église près du manoir de Porterie et obtiennent son érection en paroisse sous le nom de Saint-Joseph de Porterie. Elle enlève 800 habitants à celle de Saint-Donatien. On la complète par un cimetière, un presbytère, une école de garçons, une école de filles ; un petit bourg s’édifie près de l’église, avec son café, sa boulangerie, son magasin d’alimentation. Saint-Joseph-de-Porterie est resté longtemps le quartier le plus rural de Nantes. On y pratique la polyculture, avec beaucoup de vigne sur les coteaux de l’Erdre, des céréales et un peu d’élevage. À partir du 20e siècle, les fermiers deviennent propriétaires des terres qu’ils cultivent et se font, partiellement, maraîchers, arboriculteurs, horticulteurs.
Centre du bourg Saint-Joseph-de-Porterie
Date du document : Vers 1910
Les Batignolles à Nantes
Le quartier va rester douillettement blotti autour de son église jusqu’à la Première Guerre mondiale. En 1911, la municipalité de Gabriel Guist’hau ouvre une école laïque entre le bourg et le cimetière. Le chemin de fer qui franchit l’Erdre sur le viaduc de la Jonelière, arrivé en 1877 à l’orée du quartier, est à l’origine de la zone industrielle qui s’installe en 1917 au voisinage de la route de Paris. La société parisienne des Batignolles y décentralise ses ateliers de construction de locomotives et ses constructions métalliques ; le sud de Saint-Joseph devient « les Batignolles », le bourg devient « Saint-Jo ».
Photographie aérienne du quartier des Batignolles
Date du document : 1920
La Beaujoire et la Chantrerie
Après 1945, des lotissements commencent à remplacer champs et tenues maraîchères. La cité du Grand-Clos est la première grande réalisation de la reconstruction nantaise. La Brosse, les Castors de l’Erdre, la cité Bourdin et Chaussé, accueillent de nouveaux habitants, relogent les locataires des cités en bois des Batignolles. La foire-exposition s’installe sur la rive de l’Erdre (1971), avec un parc floral. Elle est suivie par un grand stade (1983), et le nom du hameau de la Beaujoire devient célèbre. Tout au nord du quartier, la ville de Nantes achète les domaines de la Chantrerie et de Cheviré, qui deviennent « Atlanpole », avec l’École Vétérinaire (1979), l’École Polytechnique (1986-1989), l’École Supérieure du Bois (1993), l’École des Mines (1995). L’autoroute Nantes-Angers franchit l’Erdre à Port-la-Blanche en 1993.
Saint-Jo à la campagne, c’est fini !
La population nantaise augmente rapidement, le quartier Nantes-Erdre est le principal bénéficiaire de cette croissance. Le collège public Libertaire-Rutigliano s’est ouvert à Port-Boyer en 1968 ; la vieille école publique Louis-Pergaud est remplacée par un groupe scolaire moderne en 1982 ; une, puis deux, puis trois nouvelles écoles primaires (le Linot, Maisonneuve, la Beaujoire) ont accompagné l’arrivée des zones d’aménagement de Porterie et de la route de Carquefou.
Vaches dans les prés de la cité de Saint-Joseph-de-Porterie
Date du document : 1990
Avec le 21e siècle, plusieurs centaines de nouveaux logements finissent d’urbaniser Saint-Joseph, qui disposait des derniers grands terrains constructibles de la commune de Nantes.
Louis Le Bail
2018
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Bibliographie
Le Bail Louis, Saint-Jo et les Batignolles : histoires d'un quartier nantais, Amicale laïque Porterie, 2012
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Rédaction d'article :
Louis Le Bail
Anecdote :
Louis Le Bail
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