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Gaz


En 1837, la Compagnie européenne du gaz, basée à Londres inaugure une usine de production quai des Tanneurs.

La silhouette dessinée par Félix-François Ogée est remarquable surtout par la haute cheminée à pans coupés qui domine alors les rives de l’Erdre La production du gaz est obtenue par la cuisson de la houille, puis par une série de processus chimiques. Cette usine odorante au cœur du centre-ville est une source de conflits continuelle avec les voisins pendant presque un siècle. En août 1837, pour la première fois, le gaz est délivré à des commerçants de la rue d’Orléans. La réussite de l’opération encourage les pouvoirs publics. C’est d’abord dans le théâtre Graslin en 1838 que la ville fait intervenir cette nouvelle technologie avant de l’introduire pour l’éclairage du centre-ville. En mai 1841, 87 lanternes au gaz y sont mises en service, tandis que la « périphérie » reste équipée à l’ancienne. L’irruption du gaz dans les rues nantaises se heurte à la résistance du titulaire du marché d’éclairage à l’huile. Finalement jusqu’en 1869, les deux systèmes, huile et gaz, fonctionnent de concert et se complètent. 

À l’arrivée du gaz à Nantes, seuls 300 à 400 riches particuliers bénéficient de ce service, les frais d’installation étant très élevés pour tout nouveau client. Le gaz devient alors l’indice du standing des immeubles bourgeois. À partir de 1858, la généralisation des conduites montantes dans les immeubles facilite et démocratise le raccordement. Apparaît sur les façades la plaque bleutée « Gaz à tous les étages ». 

La domestication de l’électricité dans les années 1860-1870, et plus encore les premiers équipements de ville entre 1887 et 1890, notamment à Paris, remettent en cause le monopole du gaz à Nantes en 1891. Pourtant, dès 1892, l’apparition de nouveaux becs performants permet à l’éclairage au gaz de concurrencer la fée électricité avec profit.

Usine à gaz du quai des Tanneurs

Usine à gaz du quai des Tanneurs

Date du document : sans date

En 1889, l’Exposition universelle de Paris familiarise les populations avec différents appareils domestiques (réchauds, cuisinières, radiateurs), généralisant l’utilisation du gaz au-delà de l’éclairage, dans tous les usages que nous connaissons aujourd’hui.

Feuillet publicitaire en faveur du gaz provenant d'une brochure non identifiée

Feuillet publicitaire en faveur du gaz provenant d'une brochure non identifiée

Date du document : Fin 19e siècle

En matière d’éclairage, comme pour le passage de l’huile au gaz, gaz et électricité se côtoient longtemps et croissent continuellement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En 1961, il subsiste encore 80 kilomètres de rues éclairées au gaz. Les derniers candélabres au gaz de Nantes disparaissent en 1967 boulevard des Anglais et à Chantenay.

Affiche de la Compagnie européenne du gaz

Affiche de la Compagnie européenne du gaz

Date du document : sans date

Si l’industrie se tient à l’écart du gaz et lui préfère la vapeur, l’artisanat, qui se mécanise alors fortement, est séduit par sa souplesse d’utilisation. Depuis sa création, l’usine du quai des Tanneurs a régulièrement mis en service de nouveaux gazomètres de stockage, afin de répondre à la demande croissante, en 1856, 1862, 1877, 1908, et 1926.

En 1934, l’essor de la consommation, notamment des particuliers, provoque la mise en service de la nouvelle usine de Roche- Maurice, enfin en dehors de la cité. Elle distille de la houille jusqu’en 1958, puis transforme le gaz naturel de Lacq en gaz de ville jusqu’à sa fermeture en 1967. Nantes est alors raccordée au réseau de gaz naturel, renforcé en 1982 avec l’entrée en service du terminal de Montoir. 

Pierre Chotard
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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En savoir plus

Bibliographie

Croix Alain, De Frédéric à Mathilde : histoire du Service des Pensions du personnel des industries électriques et gazières, L'Albaron, Thonon-les-Bains, 1992

Déré Anne-Claire, « Premiers essais d’éclairage au gaz à Nantes », dans Dhombres, Jean (dir.), La Bretagne des savants et des ingénieurs : 1825-1900, Ouest-France, Rennes, 1994

Énergies en Bretagne et en Pays de la Loire : l’actualité d’un héritage, Conseil Régional des Pays de la Loire, Nantes ; Conseil régional de Bretagne, Rennes, 2011

Pipet Claude,  « L'usine à gaz du quai des Tanneurs : une détestable usine », Les annales de Nantes et du pays nantais, n°280, 2001, p. 19-23

Sauban René, Des ateliers de lumière : histoire de la distribution du gaz et de l'électricité en Loire-Atlantique, Université de Nantes, Université Inter-Ages, 1992

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Gazomètres

Usine à gaz, quai des Tanneurs

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Activité industrielle Rue Énergie

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Rédaction d'article :

Pierre Chotard

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