Bandeau
Rock Centre communal d’action sociale

1804

Île de Petite Biesse


Jusqu’au 20e siècle, Petite Biesse comptait parmi les îles de la Loire qui constituent aujourd’hui l’Île de Nantes. Séparée de l’Île de Grande Biesse par la boire de Toussaint et de l’Île Vertais par la boire de Récollets, seule l’ancienne ligne des ponts permettait de la traverser. 

L’habitat de la ligne des ponts d’origine médiévale de cette île subsiste encore aujourd’hui dans la rue Petite Biesse, et en particulier l’immeuble n°16. Il s’agit d’un habitat étagé sur l’ancien talus de la chaussée des ponts et qui avait un accès direct à la boire de Toussaint à l’arrière de l’île.

Île de la Petite Biesse, détail du plan de Nantes dessiné par l’architecte L. Amouroux

Île de la Petite Biesse, détail du plan de Nantes dessiné par l’architecte L. Amouroux

Date du document : 1849

Une île artisanale et commerçante 

A la fin du 18e siècle, le long de la rue Petite Biesse, sur l’axe de la ligne des ponts, s’échelonnent des immeubles à un ou deux étages dont les rez-de-chaussée sont occupés par des boutiques côté rue et par des arrières-boutiques sur cour. Aux étages, les logements sont destinés à la location. A l’arrière de cet habitat, une série de logements, généralement en rez-de-chaussée ainsi que des remises, des ateliers, des appentis et des caves s’étalent le long d’une sente qui mène à la boire. Les occupants exercent des petits métiers tel que perruquier, filassier, boucher, tailleur, cloutier, boutiquier, journaliers, etc.

Détail du plan d'élévations des ponts sur la Loire

Détail du plan d'élévations des ponts sur la Loire

Date du document : 14-06-1712

En 1755, une digue en forme de batardeau rempli de moellons est créée en-dessous du pont de Toussaint et des enrochements sont commencés sur les rives pour canaliser le fleuve et fortifier les bords de l’île. Le projet envisage déjà de faire un chemin pour débarquer les marchandises dans la boire de Toussaint et les porter dans les magasins lorsque que le terrain sera suffisamment élevé.

Plan d'une portion de ville comprise entre le pont d'Orient et les douves dites des Récollets

Plan d'une portion de ville comprise entre le pont d'Orient et les douves dites des Récollets

Date du document : 1815

Un lieu propice à l’installation de l’industrie textile

A la même époque, en 1759, l’autorité royale légalise la fabrication d’indiennes en France. La première manufacture d’indiennes ouverte à Nantes par M. Langevin est installée sur l’île de Petite Biesse. Les champs vierges de l’île doublé de la présence de l’eau attirent de nombreux entrepreneurs de l’activité textile. En 1776, Pierre Dubern y crée également une fabrique d‘indienne avec l’appui financier du receveur général des fermes à Nantes, Jean-Joseph-Louis Graslin et le concours technique d’un indienneur hollandais, Christophe de Vries. A la fin du 18e siècle, cette nouvelle fabrique voisine celles de Forestier et Pelloutier. Elles emploient respectivement 200, 100 et 150 ouvriers.  En 1785, la fabrique de Dubern produit 25 000 toiles d’indienne par an, d’une valeur supérieure à un million et demi de livres. En 1843, la vocation du quartier se confirme même si deux des trois manufactures d’indiennes ont laissé place à deux filatures : la filature de coton et laine d’André Etienne Guillemet et la filature d’indienne d’Armand Bridon.

Les besoins de ces industries vont contribuer à modeler le quartier. Ainsi, en 1788, les indienneurs demandent à la ville d’établir un chemin sur la levée reliant le pont de Toussaint au quartier de Biesse. Cette demande va lancer le désenclavement des usines en arrière de la ligne de pont. 

La savonnerie Biette, une entreprise emblématique de Petite Biesse

L’accès à la Loire via la boire de Toussaint va faciliter la permanence de l’installation industrielle dans le quartier, en arrière du front d’habitation. Ainsi, en 1882, Alexis Biette rachète la fabrique de bougies et de chandelles A. Moquet, H. Audigan et Gasnier située rue Beauséjour. Il y associe une savonnerie. L’entreprise devient la savonnerie Moderne en 1896. Elle parvient à concentrer dans un seul établissement la production de cinq produits : le savon de ménage, la bougie, le savon de toilette, la margarine et le parfum.

Savonnerie Biette prise du pont de Toussaint

Savonnerie Biette prise du pont de Toussaint

Date du document : début du 20e siècle

La famille Biette va alors racheter les maisons d’habitations vacantes en arrière du front d’immeuble de la ligne des ponts et tenter de privatiser la ruelle d’Enfer qui relie la boire de Toussaint à la chaussée des ponts.

Ilot de la venelle de la rue d'Enfer

Ilot de la venelle de la rue d'Enfer

Date du document : 17-06-2019

Ces opérations sont facilitées par la dégradation du quartier ainsi décrite en 1906, par le service de la voirie : « Pénétrez par les allées des immeubles 6, 10 ou 16 de la rue Petite-Biesse, et, après quelques nombreux détours, surtout si vous avez pris soin de vous munir de hautes bottes et d’éviter les enlisements, vous vous trouverez sur le bord de l’eau, près du pont de Toussaint. Cette surprise nous a été ménagée, quand nous étions à la recherche de cette ruelle, qui existe bien, et qui possède une plaque dénotant son nom, mais que les habitants eux-mêmes ne savaient pas se nommer ainsi. C’est un voyage que nous recommandons aux intrépides qui recherchent l’inconnu ».

Passage couvert du 16 rue Petite Biesse

Passage couvert du 16 rue Petite Biesse

Date du document : 17-06-2019

Grâce à ces acquisitions, la famille Biette peut, à la suite d’un incendie, reconstruire l’usine en 1919. Le gigantisme de cette construction modifie les équilibres du quartier et réduit la surface dédiée à l’habitat.

Bleu de la façade sur la venelle d'Enfer de la Savonnerie A. Biette à Nantes

Bleu de la façade sur la venelle d'Enfer de la Savonnerie A. Biette à Nantes

Date du document : 17-09-1918

Intimement lié à la Loire, la présence industrielle ne résiste pas au comblement de la boire de Toussaint en 1928 pour la construction du boulevard Gustave Roch. L’habitat subsiste amputé de sa partie arrière et de sa communication avec la Loire.

Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

Vous aimerez aussi

La fin de l’année 1910 reste dans la mémoire des Nantais comme un des plus grands traumatismes causés par une crue de la Loire et de ses affluents. Au pont transbordeur, la Loire atteint...

Contributeur(s) :Noémie Boulay , Le Phare de la Loire

Date de publication : 10/01/2022

1448

Techniques de pêche en Loire

Société et culture

La plupart des constructions qui étaient liées à la pêche ont aujourd’hui disparu à cause des empêchements qu’elles causaient à la navigation ou à la fragilisation des structures sur...

Contributeur(s) :Julie Aycard

Date de publication : 25/11/2021

1629

Chapelle du Martray

Architecture et urbanisme

Dans la rue du Trépied, derrière le marché de Talensac, se cache la chapelle du Martray, enserrée entre deux immeubles. Peu visible de la rue, sa façade ne présente ni entrée monumentale,...

Contributeur(s) :Irène Gillardot

Date de publication : 21/01/2020

4600