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Savonnerie-parfumerie Biette


La savonnerie-parfumerie Biette est la première savonnerie nantaise à se lancer dans les savons de toilette et à positionner la ville sur la carte des produits de luxe français avec ses parfums et ses coffrets précieux.

Des hommes et des intuitions

Si les premières savonneries nantaises ont comme modèle Marseille, Alexis Biette (1850-1915) va s’inspirer du savoir-faire anglais dans le savon de toilette dont ils sont les grands spécialistes. Il commence par racheter en 1882 une fabrique de bougies et chandelles dotée d’une raffinerie de suif. Cette matière première abondante dans une région d’élevage et peu coûteuse à raffiner va convenir parfaitement à la savonnerie car sa décoloration et sa désodorisation est complète contrairement aux huiles végétales. L’utilisation de parfum pour les savons favorise la création d’une parfumerie de luxe (Parfumerie Moderne) en 1906 qui rentre en compétition avec les maisons parisiennes. Ce sera surtout à l’export que cette activité va percer, notamment en Afrique du Nord avec la création de la savonnerie-parfumerie Levantine. Des représentants sont installés à Alger, Tunis, Casablanca, Oran et aussi à Londres, New-York, Vienne, Turin, Berlin et Bruxelles.

Dessin de l'usine de Savonneries Alexis Biette

Dessin de l'usine de Savonneries Alexis Biette

Date du document : fin du 19e siècle

Le tournant vers le haut de gamme est pris dans les années 1920 avec le recours à des emballages de luxe comme Baccarat et Despinoix pour les flacons, Tolmer pour les boites et aux meilleures matières premières venant de Grasse. Pour la réclame, l’affichiste Jean d’Ylen réalise deux belles affiches et l'entreprise fait appel à des vedettes de l’époque comme Maurice Chevalier pour vanter les qualités des produits maison.

Bureau administratif des Savonneries Biette

Bureau administratif des Savonneries Biette

Date du document : 15-09-1928

Le décès d’Alexis Biette en 1915, alors que ses trois fils sont au front, est un premier coup dur, suivi l’année suivante par un violent incendie qui détruit la quasi totalité de l’usine du quartier République.

Publicité pour le Savon 810 à la violette de l'entreprise Biette

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Date du document : vers 1935

La marche en avant

Maxime Biette* remplace son frère aîné décédé en 1920 pour assurer l’avenir de l’entreprise familiale. Sa formation à l’école des beaux-arts va lui servir pour écrire une belle page de l’industrie nantaise dans une spécialité ou la « french touch » est reconnue. L’usine est reconstruite en béton armé et l’activité de fabrication de bougies arrêtée en 1921. Un nouveau fondoir de suif est acquis aux environs du Mans. Puis en 1932, la savonnerie-parfumerie Biette rachète son concurrent, la savonnerie-parfumerie de la Sèvre, rebaptisée Candor.

Publicité pour le savon de linge Croix d'Or de l'entreprise Biette

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Date du document : début du 20e siècle

Les heures sombres

L’année 1939 voit la création d'une alliance stratégique avec la parfumerie du Globe et la savonnerie Lemoine dont l’usine de Levallois est détruite. 320 employés dont 50 % de femmes travaillent dans 16 000m² d’ateliers sur une superficie de terrain de 11000m². Les établissements Biette multiplient les dépôts de marques et modèles au point d’être le deuxième plus important dépositaire de l’Entre-deux-guerres dans le département après les conserveries Amieux.

Néanmoins, la Seconde Guerre mondiale vient contrarier les plans et les projets de développement. Après avoir repris deux savonneries nantaises et trois marseillaises, la société anglaise Lever propose de venir produire dans l’usine familiale afin de remplacer son usine du nord de la France bombardée.

Au lieu de reprendre comme convenu son indépendance à la fin du conflit, une bataille juridique aboutit à une fusion totale avec Lever en 1948. L’activité de deux autres savonneries nantaises est transférée rue Beauséjour jusqu’à 1961, date de l’arrêt de l’activité et du regroupement dans l’unique usine du groupe. A la place, des immeubles d’habitation sont construits par la SNH**, créée par des patrons comme Maxime et Lionel Biette. Mais pour les Nantais, c'est la savonnerie Biette avec son slogan « Les savons Biette font les délices de la toilette » qui restent dans les mémoires.

* Maxime Biette : Fondateur en 1927 du syndicat de la savonnerie industrielle et de ménage qui regroupe une trentaine de savonneries de toute la France afin de contrer les ambitions du syndicat marseillais.
** SNH : Société nantaise d’habitation aujourd’hui La Nantaise d’Habitations.

Arnaud Biette
2020

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En savoir plus

Bibliographie

Dutertre, Emmanuelle, Savons et savonneries : Le modèle nantais, MeMo, Nantes, 2004 (Collection Carnets d’usines)

Biette, Arnaud, L'art du savonnier parfumeur : la savonnerie-parfumerie moderne, Les Itinéraires, 2012 (Collection Regards d’entreprises)

Rochcongar, Yves, Capitaines d’industrie à Nantes au XIXe siècle, MeMo, Nantes, 2003

Webographie

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Dossier : Patrimoine industriel (2ème volet)

Tags

Architecture industrielle Chimie Republique-Les Ponts

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Rédaction d'article :

Arnaud Biette

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