Bandeau
Nantes la bien chantée : Voulez-vous entendre chanter Foires

133

Cyclisme


Au-delà des passages du Tour de France et de leur écho médiatique, le cyclisme occupe à Nantes une place historiquement importante, autour de clubs et associations parfois plus que centenaires, de figures emblématiques comme Petit-Breton, les frères Bautru ou Cyrille Guimard, d’équipes comme Stella, et d’enjeux de société liés au développement récent des modes de transport respectueux de l’environnement.

La Longue histoire du sport cycliste

L’histoire des débuts reste un peu incertaine,mais il est possible qu’un club existe dès 1872, ce qui situerait le début du cyclisme nantais juste après ceux de Rennes et de Vannes. En 1914, trois sociétés cyclistes sont affiliées à l’Union vélocipédique de France : l’Union sportive nantaise, basée au café Continental, l’Union cycliste nantaise, au café de l’Europe, et le Vélo-Club nantais, au café de Nantes. Mais l’organisation et les dénominations n’ont cessé d’évoluer : un Club des cyclistes de Nantes a été créé en 1888, un Véloce-sport nantais en 1892 qui devient peu après Vélo-sport, un Sport vélocipédique nantais en 1898, mais en 1900 seul ce dernier est encore mentionné parmi les trois clubs en activité. Autant donc la pratique est de toute évidence active, autant les structures sont fragiles : seule l’Union cycliste nantaise fondée en 1909 a survécu jusqu’à nos jours.

La pratique est, aussi, socialement très différenciée. Le Club des cyclistes, ainsi, compte en 1892 102 membres appartenant tous à la bourgeoisie et au monde de l’industrie, et se consacre aux promenades cyclistes sous la houlette d’un « capitaine de route » assisté d’un « lieutenant », alors que l’Union cycliste s’intéresse aux courses qui utilisent les deux vélodromes issus d’initiatives privées, à Beauséjour et à Longchamp, et bien sûr la route puisqu’une course comme Paris-Nantes existe déjà. Cette pratique rejoint donc l’engouement populaire que suscite peu à peu le Tour de France, qui fait étape à Nantes dès sa création en 1903 et tous les ans jusqu’en 1910.

L’entre-deux-guerres est marqué par la création de nouvelles sociétés qui tentent parfois de concilier les diverses pratiques, à l’exemple du Vélo-Club doulonnais créé en 1927, et par l’essor du cyclotourisme, en particulier autour du Cyclo-Club nantais au moment du Front populaire.Mais l’événement le plus marquant est la création en 1924 d’un vélodrome moderne, bientôt baptisé du nom d’un très grand coureur du début du siècle originaire de Plessé, Lucien Mazan dit Petit-Breton, tué en 1917. D’abord confié au Vélo-sport nantais, l’équipement est racheté par la Ville en 1935 et mis à la disposition de tous les clubs, dont bien sûr la Pédale chantenaysienne née cette année-là.

Les fondateurs de ce club, les frères Georges et Maurice Bautru, sont les figures essentielles du cyclisme nantais pendant un demi-siècle. Coureurs mais surtout organisateurs avec Georges, ils attirent pour leurs critériums d’excellents coureurs. C’est l’époque aussi où, entre 1948 et 1954, la marque Stella ajoute à la fabrication de vélos, assemblés chaussée de la Madeleine, la gestion d’une équipe Stella qui est notamment celle Pierre Barbotin et surtout de Louison Bobet. L’arrivée dans l’univers cycliste de firmes étrangères au milieu, dans les années 1950, marque la fin de cet artisanat du professionnalisme, même si l’ASPTT Nantes – aujourd’hui encore un des huit clubs nantais, dont un de VTT – s’enorgueillit d’avoir formé Cyrille Guimard : nous sommes désormais très loin d’un univers qui avait permis en 1929 encore à un simple sociétaire de la Pédale nantaise, ouvrier des Batignolles d’origine slovaque, Eloïs Racko, de courir le Tour de France, même s’il en reste, à l’emplacement de l’ancien vélodrome de Longchamp, des noms de rue assez confidentiels, Edmond Jacquelin, Charles Terront ou Gabriel Poulain, ailleurs des rues vouées à Petit-Breton, Lapébie, Robic, Le Drogo, sans oublier bien sûr la rue de la Petite Reine, un patrimoine au total conséquent.

Le vélo comme moyen de transport

En dehors de rares événements très médiatisés – une étape du Tour de France le plus souvent – le cyclisme a presque disparu de Nantes en tant que sport, et le vélodrome Petit-Breton est probablement en sursis.L’enjeu est aujourd’hui celui des déplacements « propres », ce que consacre la place du vélo dans la conception des aménagements urbains.Même si leur longueur progresse, les pistes cyclables restent, de l’avis général, nettement insuffisantes, mais la volonté politique s’affiche, stimulée par des associations comme Place au vélo : un « plan vélo » prévoit de porter à 15% en 2020 la part des déplacements à vélo dans l’agglomération. Le vélo entre aussi dans les débats du quotidien, autour des incivilités des cyclistes ou des automobilistes à leur encontre.

En pleine crise dans les années 1960-1970, lorsque régnaient le Solex puis la Mobylette, le vélo est redevenu à la mode, au point de conduire aujourd’hui l’architecte urbaniste Marcel Smets, maître d’œuvre de l’aménagement de l’Île de Nantes, à placer « le développement du réseau de voies cyclables au cœur de [son] projet ».

Alain Croix
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

Vous aimerez aussi

Le projet de construction d’un bâtiment commercial et de logements square Fleuriot de Langle a entraîné la réalisation d’une opération de diagnostic archéologique pendant le mois de...

Contributeur(s) :Mathieu Laurens-Berge

Date de publication : 06/04/2020

2559

Étudier l’architecture des écoles primaires publiques de Nantes, c’est s’attacher à un patrimoine du quotidien qui concerne chacun d’entre nous. Ancienne ou moderne, l’école, quelle...

Contributeur(s) :Irène Gillardot

Date de publication : 24/01/2023

775

Square du Lait de mai

Architecture et urbanisme/ Les insolites

Le 13 mai 2022, les habitants du quartier Madeleine – Champ de Mars fêtent les 20 ans de l’ouverture du square de la rue Émile-Péhant et les 90 ans de la fête du Lait de mai qui a inspiré...

Contributeur(s) :Nathalie Barré

Date de publication : 14/04/2022

2682