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Paysages du territoire de Doulon pendant l’Ancien Régime Aviron

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Bouffay


De tous les quartiers qui composent aujourd’hui notre belle et grande cité, il n’en est aucun qui présente autant de souvenirs historiques que celui du Bouffay. Considéré comme le berceau de la ville de Nantes, il est aujourd’hui un quartier touristique et très animé.

Une place au cœur de la ville

Le Bouffay est un château construit à la fin du 10e siècle par le comte de Rennes, Conan le Tors, à l’angle sud-ouest de l’enceinte gallo-romaine, près de la confluence de l’Erdre et de la Loire. Face à des îles facilitant la traversée du fleuve, le Bouffay commande le passage entre nord et sud-Loire. Résidence comtale puis ducale jusqu’à la construction au 13e siècle d’un nouveau château à l’angle sud-est de la muraille gallo-romaine, il est ensuite reconverti en prison, sénéchaussée (1477) et présidial (1551). Le Bouffay, c’est aussi la place publique attenante avec, au nord-est, la Maison des engins (arsenal et première Maison de ville au 15e siècle). Côté sud, l’Hôtel des monnaies (14e siècle), le corps de garde (1622) et les halles (reconstruites en 1628) sont adossés au mur d’enceinte qui surplombe la Loire. Cette place vit au rythme de ses échoppes, de ses marchés (cohue au poisson) et de ses instruments de répression : pilori, gibet puis guillotine. Une tour nord du château, surélevée entre 1661 et 1666 et coiffée d’un beffroi, abrite l’horloge de la ville.

Château du Bouffay

Château du Bouffay

Date du document : 09-09-1744

Désenclavement et remaniement de la place

Le quartier s’ouvre sur le fleuve et sur l’île Feydeau avec la démolition des remparts à partir de 1755. Un alignement des quais entre Bourse et Château des ducs est réalisé selon le plan d’embellissement (1761-1766) dressé par Jean-Baptiste Ceineray. Désenclavement et remaniement de la place ne s’achèvent qu’au siècle suivant, après la destruction du corps de garde et de l’Hôtel des monnaies en 1821-1822 puis, entre 1843 et 1848, du château du Bouffay dont le beffroi est remonté sur l’église Sainte-Croix en 1860. Un bas-relief gallo-romain représentant un combat d’Amazones est découvert, en 1848, peut-être dans les vestiges de la muraille antique.

La percée « hausmannienne » de la rue de Strasbourg (1877) à l’est, puis les comblements de la Loire et de l’Erdre (1926-1946), au sud et à l’ouest, brouillent la lecture des contours du quartier. Mais sa trame viaire rappelle le rôle joué par l’ancienne confluence Erdre-Loire : l’axe est-ouest de la route d’Angers (rues de Verdun et de la Marne aujourd’hui) menait au nœud routier de la place des Changes où convergeaient la route de Vannes franchissant l’Erdre et la rue de la Poissonnerie (actuelle rue de la Paix) qui prolongeait le pont de Loire du même nom.

Marché, place du Bouffay

Marché, place du Bouffay

Date du document :

Revitalisation du quartier au 20e siècle

Médiéval, ce quartier l’est davantage par ses ruelles, ses étroites et profondes parcelles (rue de la Juiverie) et ses noms de rues et de places (Pilori, Barillerie, Bléterie, Tremperie…) que par ses façades à pans de bois, pour la plupart détruites. Au 20e siècle, l’axe de chalandise des rues de la Barillerie et de la Marne est dynamisé par les magasins Decré. Le vieillissement de la population du quartier entre 1960 et 1980 et la vétusté du bâti suscitent des mesures de revitalisation : réalisation du premier plateau piétonnier de la ville à partir de 1974, reconstitution des anciennes halles (1979), réhabilitation de l’habitat ancien dans le cadre du secteur sauvegardé créé en 1972, tentative de relance du marché (2003)… Le tout fait du quartier l’un des plus animés de la ville, riche en cafés et petits restaurants.

Carrefour de la Casserie

Carrefour de la Casserie

Date du document : 1845-1847

En 2011-2012, un réaménagement de la place est mené en lien avec le remaniement des espaces publics occupant l’ancien bras de la Loire. À terme, une promenade pourrait relier la gare de chemin de fer au quai de la Fosse via le Bouffay dans une ville à nouveau aimantée par son fleuve.

André Péron
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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