Approvisionnement en eau
Avant d’être un vecteur économique, la Loire est une source de vie qui apporte à ceux qui habitent ses rives de l’eau.
La Loire, une source d’eau polluée
La Loire est une source d’eau à boire que, de l’Antiquité au 19e siècle, les habitants de ses rives ont puisé quotidiennement. Ces prélèvements se font soit par les moyens individuels de chaque famille, soit par le biais de porteurs d’eau. Avant le 18e siècle, aucune restriction quant aux lieux de prélèvement ne semble avoir été appliquée et la plupart des prélèvements se font à même les grèves ou quais des communes riveraines du fleuve.
  La cale de la machine  
Date du document : 1817
Pourtant, à partir de 1533, les Nantais doivent porter leur immondices sur la place du Bouffay d’où ils sont enlevés par bateaux. L’eau du fleuve est donc souillée par les dépôts d’ordures mais également par le trafic quotidien du port. Cette pollution est accentuée par le déversement des déchets des latrines des particuliers dans les cours d’eau via les égouts.
Une première mesure d’hygiène publique
Une première audience de police, éditée en 1785, oblige les porteurs d’eau à puiser l’eau dans des zones moins polluées : « Monsieur le procureur du roi remonte qu’il a remarqué que les porteurs d’eau prennent et puisent l’eau destinée à l’usage des maisons de la ville dans les endroits de la rivière où l’abondance des toues qui y portent les immondices des latrines et des éviers rendent l’eau dangereuse et nuisible à la santé et qu’il conviendrait de désigner aux porteurs d’eau les cales où ils vont puiser l’eau et de leur interdire celles où l’eau par le voisinage des toues est boueuse ou doit charrier des matières pestilentielles. Le siège faisant droit sur les remontrances du procureur du roi fait expresse défenses aux porteurs d’eau d’en puiser à l’avenir le long des quais depuis et compris le port Maillard jusqu’au Sanitat et le long des quais de l’isle Feydeau. Leur permet seulement d’en puiser à l’éperon de la nouvelle poissonnerie en bout de la grève de l’isle Feydeau [...] ».
Puiser l’eau des fontaines et des puits
Même si le fleuve est une source inépuisable d’eau potable, les habitants puisent dans les puits publics comme ceux installés au Bouffay, sur la place Royale, sur la place Saint-Nicolas, etc. ou celui qui subsiste sur la place de Haute-Ile à Rezé ; et dans les puits privés, construits dans l’enceinte des maisons et des immeubles.
Haute-Ile, le puits
Date du document : 04-07-2018
Des plans de la première moitié du 19e siècle font état de la présence de fontaines et de puits privés à proximité des ports secondaires du réseau portuaire nantais de l’époque. Ainsi un plan de 1838, dressé par l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, indique la présence d’une fontaine dite « Fontaine Dupé » au sommet de la grève d’échouage du Port Malmain au pied du bourg de Couëron. Leur mention sur ces plans peut laisser supposer un commerce d’eau potable pour les besoins des navires et de leurs équipages mouillant dans ces sites portuaires.
Plan d'une partie d'amont du bourg de Couëron
Date du document : 1838
Les puits font donc l’objet de nombreuses attentions car outre leur usage pour l’hydratation quotidienne des habitants, ils sont également utilisés pour les incendies. Afin qu’ils soient toujours prêts pour ce dessein, en 1783, la Ville ordonne aux propriétaires de placer des poulies pour permettre de prendre plus rapidement de l’eau lors des incendies. L’usage des puits est également un moyen de s’assurer de la salubrité de l’eau.
La création du réseau de distribution d’eau
En 1803, la Ville de Nantes commence à purifier l’eau de la Loire grâce à la filtration au charbon de bois dans un établissement installé à proximité du château. Cette eau pure est encore livrée par des porteurs via des seaux portés grâce à des sangles passées autour du cou, des tonneaux montés sur un essieu à deux roues, ou des citernes posées sur des charrettes traînées par des chevaux. Mais la production quotidienne qui ne s’élève qu’à 130 m³ n’est destinée qu’à une infime partie de la population.
En 1832, une épidémie de choléra pousse le conseil municipal à créer un véritable système d'adduction d’eau filtrée. Le service des Ponts et Chaussées apporte sa contribution au projet en étudiant les possibilités de prise d’eau, de stockage, de conduite de l’eau à travers la ville et de sa distribution au plus proche des habitations via des bornes-fontaines. Faute de moyens, le projet n’est mis en application qu’à partir de 1854 à la suite d’une convention de concession pour soixante ans passée entre la Ville et la très jeune Compagnie Générale des Eaux (CGE) fondée à Paris.
L’eau est alors prélevée quai de Richebourg avant d’être acheminée dans un réservoir construit en 1856 sur le site d’Auvours. Toutefois, le nouveau réseau connaît de multiples problèmes : insalubrité de l’eau, fuites sur le réseau, coûts, etc. En 1895, une nouvelle épidémie de choléra engendre la création du « Service des Eaux » municipal. La Ville rachète les sites de Richebourg et d’Auvours, et commence alors la construction de l’usine de pompage et de filtration près de la Loire sur le site de la Roche qui sera mise en service en 1899.
Nantes et ses changements devant le quai de Richebourg
Date du document : vers 1905
La modernisation du service des eaux
Au cours du 20e siècle, le réseau de distribution d’eau se développe afin de s’adapter aux nouveaux besoins de la population en pleine croissance. Entre 1902 et 1904, un nouveau réservoir d’eau est édifié dans le quartier de la Contrie. Le site s’agrandit en 1935, 1938 et 1980 avec la construction de nouveaux réservoirs pour atteindre une capacité de stockage de 120 000 m³ d’eau potable. En 1990, une nouvelle station de pompage est inaugurée à Mauves-sur-Loire.
De nos jours, la production et la distribution d’eau potable est assurée par la régie de l’eau de Nantes Métropole qui a pris le relais du service municipal des eaux. Elle approvisionne 9 communes de la métropole.
Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021
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Le cylce de l'eau dans la région nantaise
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Rédaction d'article :
Julie Aycard
Anecdote :
Julie Aycard
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