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Chapelle du Martray


Dans la rue du Trépied, derrière le marché de Talensac, se cache la chapelle du Martray, enserrée entre deux immeubles. Peu visible de la rue, sa façade ne présente ni entrée monumentale, ni tour, ni clocher : seules les larges baies et leurs vitraux rappellent sa vocation première.

Monogramme AM (Ave Maria) à l’entrée de la chapelle du Martray

Monogramme AM (Ave Maria) à l’entrée de la chapelle du Martray

Date du document : 09-05-2016

La nouvelle chapelle du Martray

En 1898, les Sœurs de la Sagesse peuvent se réjouir de leur nouvelle réalisation : on inaugure au sein de leur institution une toute nouvelle chapelle. Et non sans mal, puisque les fidèles de Saint-Similien ne le voyaient pas comme une nécessité : « D’excellents paroissiens ont dit plusieurs fois que cette entreprise coûteuse [...] n’avait pas été comprise par les amis du Martray et même avait été sévèrement critiquée. En effet, la communauté avait à sa disposition une chapelle convenable et de plus l’église paroissiale [Saint-Similien] dont on achevait la deuxième partie faisait réponse aux besoins de tous les paroissiens. »

Alors il a fallu redoubler d’effort pour aller jusqu’au bout du projet. Les religieuses finissent par contracter un emprunt pour réaliser leur dessein. Marie-Louis Liberge, architecte diocésain à qui l’on doit l’achèvement de la basilique Saint-Donatien et Saint-Rogatien, est sollicité, ainsi que le verrier Henri Uzureau et le sculpteur Joseph Vallet.

La chapelle de style néoroman, avec sa nef unique, est consacrée à la Vierge Marie. Le culte marial est à l’honneur dans cette communauté de femmes installée là depuis plusieurs décennies.

Intérieur de la chapelle du Martray, vue sur la tribune

Intérieur de la chapelle du Martray, vue sur la tribune

Date du document : 06-04-2017

Une chapelle dans un pensionnat

Retour sur l’histoire de la Congrégation des Sœurs de la Sagesse à Nantes.

Tout commence par la fondation en 1846 d’un ouvroir, ce lieu qui au sein d’un couvent ou d’une communauté de femmes, est réservé aux travaux d’aiguille. On y coud des vêtements notamment pour les pauvres de la paroisse. Puis deux classes destinées aux petites pauvres sont ouvertes. Le tout est confié en 1857 à la Congrégation des Sœurs de la Sagesse, ordre de religieuses créé en 1703 par Louis-Marie de Montfort.

Avec la loi Guizot (1833) et plus encore la Loi Falloux (1850) qui reconnaît la liberté d’enseignement, et consacre l’enseignement primaire et secondaire catholique à côté de l’enseignement laïc, les congrégations enseignantes se multiplient. C’est dans ce contexte que les Sœurs de la Sagesse s’établissent à Nantes dans la paroisse Saint-Similien. Le succès grandissant, les Sœurs de la Sagesse rachètent les propriétés voisines, pour finalement occuper les trois-quarts de l’îlot compris entre l’église Saint-Similien et la place Sainte-Elisabeth, la rue du Martray et l’actuelle rue Jean-Jaurès. En 1865, l’institution offre à ses élèves un externat et un pensionnat. Le développement se poursuit jusqu’à la fin du 19e siècle. En 1898, la nouvelle chapelle se veut le point d’orgues de l’acte bâtisseur de la Congrégation.

Malgré le départ des Sœurs de la Sagesse en 1905, l’institution privée perdure et s’étend. Elle est d’abord confiée aux sœurs Ursulines, puis aux sœurs de Saint-Gildas en 1969. La chapelle poursuit donc sa vocation première.

Puis l’institution est administrée par une direction laïque. L’établissement s’oriente alors vers l’enseignement professionnel à travers la préparation de diplômes de CAP. L’établissement ferme en 2000.

Intérieur de la chapelle du Martray, vue sur l’autel

Intérieur de la chapelle du Martray, vue sur l’autel

Date du document : 06-04-2017

Une chapelle devenue champignonnière !

En 2003, la Fondation la Providence, propriétaire du lieu, cède la chapelle à la Ville, en même temps qu’elle revend à un promoteur privé la propriété voisine pour y réaliser un programme de logements. La Ville a racheté la chapelle pour 50 000 euros dans l’idée d’y installer un équipement public. Le lieu reste cependant sans affectation.

En 2018, la Ville décide de lancer un appel à projets original pour occuper 15 lieux nantais restés vacants. La chapelle du Martray est inscrite parmi les « 15 lieux à réinventer ». Les citoyens organisés en collectif ou en association sont invités à présenter des projets d’intérêt général pour réinvestir ces friches. La Ville propose ensuite une votation citoyenne sur ces projets.

Fin 2018, le Champignon urbain est retenu pour investir la chapelle, qui devient en 2020 une champignonnière. Objectifs : cultiver pleurotes et shiitakés sur un lit de marc de café, issu de collectes auprès des habitants. Le Champignon Urbain souhaite ainsi promouvoir l’agriculture en ville, tout en pratiquant le recyclage des déchets et en privilégiant les circuits courts.

Irène Gillardot
Direction du Patrimoine et de l'Archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole



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En bref...

Localisation : Cardinal Richard (rue du) ; Martinière (rue de la) ; Gourmette (rue de la) 18, NANTES

Date de construction : 1896

Auteur de l'oeuvre : Liberge, Marie-Louis (architecte) ; Vallet, Joseph (sculpteur) ; Uzureau, Henri (verrier)

Typologie : architecture religieuse

En savoir plus

Bibliographie

Desbruères Eric, Le Martray (1846-2000) : histoire d’une école paroissiale, Nantes, 2001

Brelet Claude, « Ecole primaire Le Martray », Les Annales de Nantes et du Pays nantais, n°232, 2e trimestre 1989

Webographie

Site du Dialogue citoyen : Reconversion de la Chapelle (15 lieux à réinventer) Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Tags

Enseignement privé Hauts Pavés - Saint Félix Lieu de culte Reconversion

Contributeurs

Rédaction d'article :

Irène Gillardot

Anecdote :

Irène Gillardot

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