Bandeau
Novembre-décembre 1910 : inondations à Nantes Palais de Justice de Nantes

13698

Usine Béghin-Say


Avec sa façade bleue et blanche aux couleurs des mers du sud, l’usine Béghin-Say est emblématique du paysage nantais. Elle est également l’un des derniers témoignages de l’industrie sucrière à Nantes, dont les origines remontent au 17e siècle.

Louis Say, le fondateur

Les origines de la dynastie Say remontent à 1812 lorsque Louis Say, un ancien filateur exerçant à Abbeville, s’installe à Nantes pour se lancer dans l’industrie sucrière. Il s’associe à Michel Delaroche et Armand Delesssert pour fonder la raffinerie des Ponts. Suite au départ de ses associés, Louis Say s’entend avec Jean-Baptiste Étienne afin de poursuivre l’activité de l’usine. Dans les années 1830, l’entrepreneur cède ses droits à ses deux fils Achille et Gustave et prend la tête d’une raffinerie dans la région parisienne. Les Say conservent leur place à la direction de la raffinerie des Ponts jusqu’en 1858, année du décès d’Achille Say.

Boîte de sucre venant de la raffinerie et sucrerie Say située au 123 boulevard de la Gare à Paris

Boîte de sucre venant de la raffinerie et sucrerie Say située au 123 boulevard de la Gare à Paris

Date du document :

Le retour des Say à Nantes

En 1935, la société des Raffineries et sucreries Say revient à Nantes avec un nouveau projet industriel : la construction d’une raffinerie à la pointe de la modernité au bord de la Loire, le long du boulevard Benoni-Goullin. Ce projet s’inscrit dans une politique d’acquisition et de construction de raffineries et de sucreries entreprise par la société à partir de 1917 pour limiter les pertes financières en cas de nouveau conflit armé. Deux bâtiments sont ainsi édifiés : une raffinerie traitant le sucre de canne et une papeterie. Cette dernière se veut particulièrement innovante pour deux raisons. Tout d’abord, seul le vieux papier est utilisé pour fabriquer les emballages des produits Say. De plus, elle consomme peu d’énergie : lorsque la vapeur sous pression produite par la centrale thermique permettant de faire fonctionner la raffinerie et la papeterie passe à une pression plus faible, elle libère de l’énergie qui est convertie en électricité.

Les premiers plans de la raffinerie sont imaginés en grande partie par Henri Trinquart, un ingénieur du groupe. Ils sont ensuite modifiés par l’entreprise Schwartz-Haumont, chargée de la construction du bâtiment. La raffinerie, inaugurée en 1937, produit 200 tonnes de sucre par jour. Quant à la papeterie, elle est édifiée à partir de 1940 par la Société Générale d’Entreprises.

Façade d'entrée de l'usine Béghin-Say Téréos

Façade d'entrée de l'usine Béghin-Say Téréos

Date du document : 21-04-2021

Le site industriel n’est cependant par épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La reconstruction d’urgence, assurée par Schwartz-Haumont et des entreprises locales, est acceptée par les pouvoirs publics dès décembre 1944. Le personnel d’entretien de l’usine ainsi que les ouvriers sont impliqués dans les travaux. Malgré la réouverture de l’usine en 1946, plusieurs années seront nécessaires pour pleinement la remettre en état.

Une activité en déclin

Suite à la fermeture de l’usine de Chantenay en 1968, Béghin-Say est la dernière raffinerie nantaise en activité, spécialisée depuis ses débuts dans les sucres de canne. Elle reprend la marque La Perruche, déposée par la raffinerie nantaise A. Cossé-Duval qui fut rachetée dans les années 1930 par Béghin-Say. Elle reprend également la marque L’Antillaise qui appartenait à l’usine de Chantenay et crée la marque Blonvilliers en 1988 afin d’enrichir sa gamme de produits.

En 1973, la société Say est absorbé par le groupe Béghin. La raffinerie poursuit sa modernisation en s’équipant de nouveaux appareils à cuire, d’un atelier de moulage du sucre en morceaux et en augmentant sa capacité de stockage. La société met également au point un nouveau procédé de cristallisation du sucre qui s’est depuis généralisé dans cette industrie. En 1989, la papeterie est vendue au groupe OTOR et en 1992, Béghin-Say fusionne avec le groupe Eridania. Le dernier propriétaire en date de la société est Tereos depuis 2004.

Façade des bâtiments Beghin Say Téréos

Façade des bâtiments Beghin Say Téréos

Date du document : 11-02-2010

D’autres investissements amènent à l’automatisation des processus de fabrication, ce qui provoque une réduction des effectifs qui passent de 300 personnes en 1988 à environ 80 en 2005.

En 2008, Tereos cesse l’activité de raffinage de l’usine afin de délocaliser la production en Espagne.  Seul le conditionnement des sucres de canne en provenance de La Réunion et du sucre de betterave venu des sucreries du nord de la France et de la région parisienne est maintenu sur le site. Quelques années plus tard, l’usine nantaise est menacée de fermeture. Son activité sera finalement maintenue en 2013. Le conditionnement du sucre de betterave est toutefois relocalisé dans le nord du pays afin d’économiser des coûts de transport.

Une identité visuelle forte

L’usine se disperse sur un terrain de 5 hectares en bord de Loire. Depuis 1935, le site s’est étendu à l’est et au sud avec la construction de locaux réservés à la maturation, au conditionnement et au stockage des produits finis. L’entrée se situe au niveau d’un premier bâtiment de style néoclassique des années 1930. Il abrite des appartements qui étaient à l’époque réservés au directeur de l’usine et aux ingénieurs ainsi que des bureaux. Aujourd’hui, cet immeuble est destiné aux salles de réunion et de formation.

Photographie aérienne de l’usine Béghin-Say

Photographie aérienne de l’usine Béghin-Say

Date du document : 08-08-2003

Les deux imposants bâtiments reliés par une passerelle, hauts d’une quarantaine de mètres et doté d’une cheminée s’élevant à 83 mètres, sont les bâtiment R (raffinés) et bâtiment S (sirops). C’est entre ses murs que s’opérait le raffinage des sucres. En 1993, ils sont peints en bleu et blanc par la société Dumez-Images. Ces couleurs font référence aux « mers du sud » et aux îles d’où provient la canne à sucre.

Au nord, des silos ont été élevés dans les années 1990. À l’est se situe des halles plus hautes que les autres abritant une centrale électrique et une centrale thermique dans laquelle a été conservée l’ancienne chaudière à charbon désaffectée.

Noémie Boulay
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2021
 

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En bref...

Localisation : Bénoni Goulin (boulevard) 43, 45, NANTES

Date de construction : 1937

Auteur de l'oeuvre : Trinquart, Henri (architecte) ; Schwartz-Haupmont (entrepreneur)

Typologie : architecture industrielle

En savoir plus

Bibliographie

Archives de Nantes, Le quartier des Ponts, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2021

Pages liées

Raffinerie des ponts

Bombardements

Sucre

Dossier : Patrimoine industriel (2ème volet)

Tags

Agroalimentaire Architecture industrielle Ile de Nantes

Contributeurs

Rédaction d'article :

Noémie Boulay

Vous aimerez aussi

En 2014, une campagne d’étude archéologique a été menée sur l’ancien couvent des Cordeliers - dernier couvent médiéval nantais non restauré - sous la direction de la Direction du Patrimoine...

Contributeur(s) :Frédéric Mercier , Camille Dreillard

Date de publication : 08/04/2019

3923

L’héroïne est empêchée de se marier par son père. Elle engage donc trois individus pour le tuer mais le père rachète sa vie en fournissant de fausses preuves pour tromper sa parricide...

Contributeur(s) :Hugo Aribart

Date de publication : 20/03/2019

1227

Fascinée par les héros antiques et les romans de chevalerie, Andrée Deflassieux-Fitremann voue sa carrière d’écrivain à la réécriture des plus grands mythes de l’Antiquité et du Moyen-Âge...

Contributeur(s) :Chloé Voirin

Date de publication : 03/02/2020

1758