
Nantes la bien chantée : Noël nantais
Ce chant populaire provient des recherches de Bernard de Parades pour son étude « Nantes la bien chantée », projet dont nous avons pris la suite. Le texte est issu d'un recueil de noëls anciens de Nantes, que nous ne sommes pas parvenus à identifier.
Nantes dans le texte
Un des caractères les plus constants de ce type de chants est la volonté de rassembler la population autour d'un événement convivial. La fête de Noël réussit en effet à fusionner encore aujourd'hui, croyants ou non, autour d'un repas familial et de cadeaux destinés aux enfants.
Beaucoup de noëls populaires sont prétexte à des énumérations où l'auteur cherche à n'oublier personne : professions, villages, quartiers... Ici ce sont les paroisses de la ville de Nantes qui sont conviées à célébrer la naissance de l'enfant Jésus. Preuve de l'ancienneté de la chanson, si certaines de ces paroisses nous sont encore connues aujourd'hui, d'autres ont disparu avec le temps. En fait, on peut dater cette composition antérieure à la révolution car c'est à cette époque que les nombreuses petites paroisses du centre ville (Saint Laurent, Sainte Radegonde, Saint Saturnin, Saint Denis...) ont été regroupées dans des entités plus importantes (Sainte Croix, Saint Nicolas, la cathédrale Saint Pierre). Leurs lieux de culte ont été vendus comme bien national, détruits ou réaffectés à d'autres usages.
Paroisses d’hier et d’aujourd’hui
Pour ce qui est des congrégations, propriétaires de nombreux couvents à l'intérieur des murs de la ville, leur présence aujourd'hui n'est plus attestée que par des noms de rues : rue des carmes, des cordeliers, des récolets, place des jacobins...
À l'époque de cette chanson, Saint Jacques était la seule paroisse au sud de la Loire. Notre Dame, correspondant à l'actuelle cathédrale n'a rien à voir avec Notre-Dame-de-Bon-Port, édifiée au début du 19e siècle à la place du Sanitat qui fut léproserie, hôpital ou prison tour à tour. L'Oratoire, dont il ne reste que l'ancienne chapelle transformée récemment en musée, et le séminaire se trouvaient alors dans la paroisse Saint Clément.
Voici donc effectué le tour complet des paroisses d'une ville confinée à des limites qui nous paraissent maintenant bien exiguës. De nombreuses églises sont venues s'ajouter au fur et à mesure de l'extension des quartiers, comme Sainte Thérèse et Saint Félix au nord, Sainte Anne à l'ouest ou Sainte Madeleine sur l’île, pour ne citer que les plus connues.
On ne compose plus de tels noëls de nos jours ; ils étaient plus proches de la chanson populaire que du cantique et connaissaient une réelle popularité auprès des paroissiens.
Jean-Louis Auneau
Dastum 44
2019
Paroles
A la venue de noël
Peuple chrétien, il nous faut tous chanter
Et célébrons la mémoire
D’un dieu dépouillé de sa gloire
Peuple de Nantes, accourez tous
Ce cher enfant vient de naître pour tous
Il est couché dans une crèche
La pauvreté, il vous prêche
A Notre-Dame, il faut aller
Et vous verrez cet enfant nouveau né
Déjà le peuple de saint Pierre
Y va pour offrir sa prière
Tout le quartier de Saint-Léonard
Court pour l’adorer de toutes parts
Saint-Nicolas descend sans doute
Et Saint-Sambin en prend la route
Saint-Saturnin et Sainte-Croix
Ensemble vont chantant à haute voix
Noël, honneur, gloire et louanges
A cet enfant qui est dans les langes
Saint-Denis avec Saint-Laurent
Sainte-Radegonde et Saint-Clément
Ils courent tous en diligence
Lui voulant rendre obéissance
Saint-Jacques et Saint -Donatien
Avec la paroisse de tous les saints
Ils s’en vont en foule à la crèche
Adorer l’enfant qui nous prêche
L’Oratoire convie aussi
Le séminaire d’aller avec lui
Et la communauté ensuite
En chantant un nouveau cantique
Les chartreux et les jacobins
Les Minimes avec les capucins
Font tous une sainte retraite
Pour adorer leur divin maître
[complément]
Les Carmes avec les Cordeliers
Passent toute la nuit à chanter
Noël en grande réjouissance
Adorant dieu dans sa naissance
Les Récolets, dans leur couvent
Chantent à minuit dévotieusement
Noël, Noël, toute la nuitée
A la Vierge qui est accouchée
Les Bénédictins, d’un grand cœur
Disent qu’ils veulent imiter les pasteurs
Ils vont ensemble à l’étable
Pour y voir cet enfant aimable
Allons, chrétiens dévotieux
Allons, courons, en tous temps, en tous lieux
Imiter ceux de l’Hermitage
Qui ont commencé leur voyage
Supplions le divin Sauveur
Qu’il reçoive pour hommage nos cœurs
Que nous puissions avec les anges
Chanter dans le ciel ses louanges.
Fonds Bernard De Parades (cf. « Nantes la bien chantée »)
En savoir plus
Version sonore
Janig Juteau (puis Annick Mousset, Isabelle Maillocheau, Aurélie Aoustin, Béatrice Denoue, Jean-Louis Auneau, Roland Guillou), à La Chapelle-des-Marais (44), le 5 avril 2019 d’après un recueil de chants, pages 123-124
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Jean-Louis Auneau
Vous aimerez aussi
Pont de Pirmil (2/4)
Architecture et urbanismeEn février-mars 1711, une crue de la Loire, estimée à 7,29 mètres, détruit une partie du pont de Pirmil. Une nouvelle fois, la ligne des ponts est brisée. Ce n’est qu’en 1745 que la...
Contributeur(s) :Julie Aycard
Date de publication : 18/11/2021
1120
Fonderie Dejoie
Architecture et urbanismeCréée en 1929, la Fonderie Dejoie s’installe boulevard de la Liberté dans les années 1950. Fabriquant des fameuses boîtes aux lettres jaunes modèle « Dejoie », la Poste est...
Contributeur(s) :Hélène Charron
Date de publication : 04/05/2021
2718
Suzanne Lambin (1902-2008)
Personnalité nantaisePharmacienne puis microbiologiste brillante, Suzanne Henriette Lambin s’est démarquée tout au long de sa carrière dans une société où les femmes commençaient tout juste à avoir le droit...
Contributeur(s) :Maud Nimeskern
Date de publication : 18/07/2022
2096