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Statue du Général Cambronne Léchalas

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Percy Bush (1879-1955)


Percy Bush est un joueur de rugby gallois ayant évolué au RCF Cardiff. Sélectionné à plusieurs reprises dans l’équipe nationale du Pays de Galles, il s’installe à Nantes en 1910. Capitaine du SNUC, il figure parmi les meilleurs joueurs que le club ait connu.

Les débuts de Percy Bush dans le rugby

Percy Bush naît à Cardiff le 23 juin 1879. Son père, James Bush, professeur d’art, est l’un des fondateurs du Rugby Football Club de Cardiff en 1875. Le jeune Percy fait ses études à l’Université de Cardiff. En compagnie de son frère Fred, il joue au rugby dans le club de la ville, souvent dans la ligne des trois-quarts.

Percy Bush se fait remarquer très rapidement pour ses qualités d’athlète et de fin stratège. En 1904, il est sélectionné avec l'équipe des Lions pour disputer une tournée de matchs en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cette équipe prestigieuse réunit des rugbymen venant d’Irlande et des quatre nations formant le Royaume-Uni : l’Irlande du Nord, l’Écosse, le Pays de Galle et l’Angleterre. Percy Bush compte quatre sélections avec cette équipe.

Durant cette tournée de 1904, une légende se construit autour de Percy Bush : il devient le meilleur demi à n'avoir jamais visité l’Australie. Il marque 104 points : 12 essais, 8 drops, 4 pénalités et 12 transformations, dont un match pendant lequel il marque 17 points !

En 1906 et 1908, il vient en France afin de disputer des matchs contre les équipes parisiennes du Racing Club de France ou du Stade Français.

Avec l’équipe du Pays de Galles, Percy Bush compte huit sélections, ce qui est peu. Sa fantaisie et son individualité dans le jeu n'ont pas contribué à obtenir plus de sélections. Le 16 décembre 1905, lors de la première tournée des All Blacks en Europe, il fait partie de l'équipe du Pays de Galles qui inflige à l’équipe néo-zélandaise la première défaite de leur histoire : 3 à 0.

L’arrivée de Percy Bush au SNUC

C’est un joueur vif, déroutant, intelligent, fin tacticien et doué d'un coup de pied phénoménal qui arrive au Stade Nantais Université Club (SNUC) en 1910. Dès son arrivée, Pascal Laporte lui laisse la place de capitaine qu’il détenait depuis la création du club.

Son départ de Cardiff cause une grande émotion dont tous les journaux sportifs d’outre-manche se font l'écho, même les plus guindés de leurs grands quotidiens comme le Times et le Daily Mail. Cet événement ne peut pas, naturellement, passer inaperçu en France : La Vie au grand air, le grand journal hebdomadaire sportif, signale l’arrivée en France du « prince » des demis. Percy Bush aurait vraisemblablement été « recruté » par Georges Mergault, un ancien joueur du Stade Français et du SNUC parti jouer dans la même équipe que lui, à Cardiff, en 1907 et 1908. Fin 1909, Mergault publie d’ailleurs un petit livre sur le jeu gallois dont la préface est écrite par Percy Bush lui-même.

Le demi gallois désirait depuis longtemps habiter en France. À son arrivée, Pascal Laporte lui trouve un travail dans son entreprise qui exporte une grande partie de ses produits vers l’Angleterre. Parallèlement, il a une petite officine où il donne des cours d'anglais.

La venue de Percy Bush à Nantes ne se fait pas sans problème. Les clubs de rugby les plus huppés de l’hexagone se posent la question de savoir pourquoi le SNUC, club sans passé sportif, a pu compléter son équipe avec un tel joueur. En effet, le rugby reste une pratique amateure jusqu’en 1995, selon une conception du sport élitaire qui valorise les bienfaits du corps et de l’esprit et qui refuse de penser le sport comme un objet économique.
La qualité de joueur professionnel de Percy Bush est évoquée dans les hautes sphères du milieu du rugby, mais il se défend toujours de jouer pour le plaisir et non pour l’argent. Pendant plusieurs années, la délivrance de sa licence sera retardée pour ces raisons. Le Gallois doit prouver qu’il a une réelle profession et que son statut de joueur du SNUC ne lui apporte pas d’avantages financiers.

L’un des meilleurs joueurs de l’histoire du SNUC

Le 3 avril 1910, le nouveau terrain de la prairie d’Amont est inauguré contre le Sporting club universitaire de France (SCUF). Devant près de 2000 spectateurs, Percy Bush étale tous ses talents pour le plus grand plaisir des supporters : « C'est alors que nos compatriotes virent le grand triomphateur de la journée à l'œuvre. Partant comme mû par un ressort après s'être assuré le ballon avec une adresse prestigieuse, le Gallois court à gauche, à droite, feinte, déroute ses adversaires, pénètre dans leurs lignes et lance ses trois quarts en démarquant deux ou trois hommes. La ligne n'est pas encore habituée à ce jeu, rien ne réussit, mais c'est 40 ou 50 mètres de gagnés à chaque fois. » (Extrait du Phare de la Loire du 4 avril 1910)

Le 10 avril 1910, Percy Bush rentre dans le livre des records du SNUC, et peut-être aussi celle du rugby français. Plusieurs historiens situent ce record contre Le Havre Athletic club, mais celui-ci fut établi contre le Sporting club nazairien à la prairie d’Amont. Ce jour-là, Percy Bush marque 57 points : 7 essais, 4 drop-goals, 2 pénalités et 7 transformations. Le SNUC est vainqueur 71 à 17.

Le Gallois est le véritable détonateur du rugby local : tous les dimanches, les spectateurs se pressent nombreux autour du terrain de Longchamp ou du Parc des Sports pour venir applaudir le « magicien » du SNUC. Son humour, sur et en dehors du terrain, ainsi que ses facéties avec ses équipiers ont contribué à sa bonne image et son intégration dans le paysage sportif nantais.

Selon le Rugby World du mois de janvier 1998, revue rugbystique d’envergure mondiale, Percy Bush est considéré comme le cinquième meilleur demi d’ouverture gallois du siècle, derrière Barry John, Cliff Jones, Phil Bennett et Glyn Davies.

Il retourne, en 1913, disputer quelques matchs avec son ancien club le R.F.C. Cardiff, mais rejoint Nantes avant la guerre. Durant les hostilités, il retourne au Pays de Galles, mais revient, en 1919, rejouer quelques matchs avec l’équipe du SNUC.

La carrière de diplomate de Percy Bush

Ses activités professionnelles l'éloignent des terrains de rugby, mais il reste un spectateur assidu des matchs au Parc des Sports. Il écrit de temps en temps des rubriques sportives dans des journaux locaux ou nationaux sur sa vision du rugby et de son évolution.

Entre les deux guerres, Percy Bush est nommé par le roi du Royaume-Uni proconsul à Nantes le 19 octobre 1918. Il devient vice-consul en décembre 1924 et y est consul de 1911 à 1936 avant de démissionner en 1937.
En 1931, les joueurs de rugby britanniques entrent en conflit avec les joueurs français. Les Britanniques, à cheval sur l’amateurisme, reprochent aux Français un championnat trop violent. La France est alors exclue du Tournoi des Cinq Nations et de tous matchs internationaux contre les équipes britanniques. Au moment de ce « clash » avec les Britanniques, Percy Bush met tout son poids de diplomate pour que la France réintègre le Tournoi des Cinq Nations, aidé par son ami du SNUC Picherit. Cela est fait en 1940. On n'est donc pas surpris de voir le nombre de matchs joués entre le SNUC et les sections de l'Armée Anglaise qui stationnent à Nantes au début de la guerre, en 1940, après que les relations furent rétablies entre les deux pays. Le Stade Nantais est certainement le premier et le seul club en France à cette époque à disputer des matchs contre les Anglais. Percy Bush repart dans son pays natal en même temps que l'armée britannique quitte Nantes, en juin 1940.

Percy Bush est un grand artisan de la venue à Nantes le 31 décembre 1945 de son ancien club, le R.F.C. Cardiff. Quelques années plus tard, il se fait un plaisir de recevoir à Cardiff l'équipe du SNUC, mais aussi ses copains vétérans (ses « Old Players »), qui se disent champion du monde et des environs. Percy Bush s’éteint dans sa bonne ville de Cardiff à la veille de ces 76 ans.

Hervé Padioleau
2023

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