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Paroisses


Les progrès de l’archéologie obligent à remettre en cause la tradition historiographique qui donne à de nombreuses églises paroissiales des origines mérovingiennes, si l’on excepte cependant Saint-Jean du Baptistère, détruite pour faire place à la cathédrale et desservie dans cette dernière jusqu’à la Révolution.

De toute manière, une véritable carte des paroisses nantaises ne se dessine qu’au 11e siècle, avec un partage du territoire qui n’évolue guère ensuite jusqu’à la Révolution, si l’on excepte les créations plus tardives des paroisses Saint-Nicolas (peut-être pas avant le 14e siècle) et Saint-Léonard (qui remplace Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte, détruite lors de la construction de fortifications au 13e siècle).

L’âge d'or des paroisses

L’apogée des paroisses se situe probablement au 15e siècle. Elles jouent alors pleinement leur rôle essentiel dans la vie quotidienne des Nantais, rythmant la journée au son des cloches, l’année au fil des dimanches et des fêtes chômés par tous, la vie au gré des baptêmes, des mariages et des sépultures dans des cimetières dont la présence à l’intérieur des murs – jusqu’à la création en 1774 d’un cimetière commun aux paroisses du centre-ville, dénommé plus tard la Bouteillerie – rappelle à tous les fins dernières. Les paroisses jouent alors aussi un rôle administratif, dans le domaine fiscal – en assurant répartition et levée des taxes – comme dans celui, si essentiel, de l’assistance aux pauvres. Elles apportent également ce qui est, pour beaucoup d’habitants, le premier contact avec le document écrit, grâce à l’apparition extrêmement précoce des registres de baptêmes. Elles disposent, enfin, d’un personnel permanent – le clergé – et d’une administration laïque relativement démocratique avec les conseils de fabrique, attestés dès la fin du 14e siècle : le recteur de la paroisse y est associé à des magistrats et à des représentants des fidèles, douze en principe (le fonctionnement réel s’avérant plus souple). Les paroisses, enfin, sont un cadre essentiel de la sociabilité à travers les confréries pieuses.

Leur importance s’estompe cependant devant la montée du pouvoir municipal, avec la création d’un Conseil des bourgeois (1420) et surtout du Corps de ville (1565). La tentative d’associer leurs représentants à la gestion de la ville, à la fin du 17e siècle, s’avère rapidement un échec en raison notamment du désintérêt d’une bonne partie de leurs fabriqueurs. Les fonctions paroissiales apparaissent dès lors comme secondaires, réservées à de petits ou jeunes notables : au 17e siècle ainsi, deux maires seulement les ont exercées, et plus de trente ans avant de diriger la ville.

Cette importance des paroisses doit également être très fortement nuancée en raison de leur grande diversité. Certaines, comme Saint-Laurent et Sainte-Radegonde, ne comptent que quelques habitants mais de haut rang. Saint-Nicolas et Saint-Similien dans les faubourgs, Sainte-Croix à l’intérieur des murs, rassemblent à elles seules quasiment les trois quarts de la population à la veille de la Révolution, mais Saint-Similien a une population pauvre alors que les deux autres accueillent la quasi-totalité des négociants et des marchands. Un monde sépare de même le clergé de Saint-Nicolas (douze prêtres) de celui de Saint-Clément (deux prêtres), d’autant que les revenus du recteur de la première sont six fois plus élevés que ceux de son confrère.

La rupture révolutionnaire

Dès 1791, la carte paroissiale est réorganisée : huit paroisses sont réunies pour constituer la nouvelle paroisse de Saint-Pierre, tandis que Saint-Jacques, jusque-là simple dépendance (trève) de Saint-Sébastien-Sur-Loire, est érigée en paroisse, et que Notre-Dame de Bon Port, issue du démembrement de Saint-Martin de Chantenay et de Saint-Nicolas, s’installe provisoirement dans la chapelle du Sanitat. Ne demeure donc dans le périmètre des anciennes murailles, outre la nouvelle paroisse de la cathédrale, que Sainte-Croix. Dans les années qui suivent, plusieurs des églises ainsi désaffectées sont vendues comme bien national et détruites (Saint-Saturnin, Saint-Laurent et Sainte-Radegonde) ou affectées à d’autres usages (Saint-Vincent, Saint-Denis et Saint-Léonard).

Après la tentative difficile de la mise en place de l’Église constitutionnelle avec un clergé assermenté, le culte est complètement interrompu durant la Terreur. Il faut attendre le décret de mai 1795 de la Convention thermidorienne pour que les  édifices non aliénés soient rendus à leurs premiers destinataires, suite parfois à une pétition de fidèles comme à Sainte-Croix au mois de juin.

La période concordataire

Après la Concordat de 1801, seules six des anciennes paroisses conservent ce titre sous la responsabilité d’un véritable curé. Pour des raisons pastorales diverses, comme l’étendue des paroisses et la desserte de nouveaux quartiers, les évêques ne cessent de réclamer la création de succursales : celle de la Madeleine est prise sur Saint-Jacques en 1841, celle de Saint-Félix sur Saint- Similien en 1843, celle de Saint-Joseph de Portricq sur Saint-Donatien en 1845, à Chantenay de même Sainte-Anne puis Saint-Clair sur Saint-Martin, et à Doulon en 1873 Notre-Dame de Toutes Aides sur Saint-Médard. Dans le cas de grande nécessité, on peut aussi créer des chapelles de secours à la seule charge du diocèse, comme en 1889 celle du Pont du Cens, appelée Notre-Dame-de-Lourdes en 1896. C’est donc dans ce cadre que, jusqu’à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, se déroule la vie paroissiale traditionnelle avec ses œuvres diverses sous la conduite d’un clergé abondant et zélé, mais aussi avec des succès pastoraux inégaux selon les quartiers de la ville, même si les constructions de nouvelles églises se multiplient, Saint-Félix, Notre-Dame de Bon Port, Saint-Clément, Saint-Nicolas, Saint-Donatien, sans compter l’achèvement de la cathédrale en 1891.

Carte des paroisses nantaises

Carte des paroisses nantaises

Date du document : 20-02-2013

De l'élan au repli

Après la séparation, l’évêque devient le seul maître de l’encadrement pastoral de son diocèse. Il accompagne l’extension de la ville de la création de nouveaux lieux de culte qui deviennent ensuite de véritables paroisses, à l’exemple de Saint-Pasquier, commencée en 1908 et devenue paroisse en 1941, comme dans l’entre-deux-guerres Notre-Dame-de-Lourdes, Saint-Georges des Batignolles et Sainte-Thérèse. Le mouvement s’accélère avec Jean-Joseph Villepelet, arrivé en 1936 : entre Sainte-Jeanne d’Arc en 1939 et Saint-Laurent des Dervallières en 1966, une vingtaine de paroisses sont ainsi érigées canoniquement dont certaines sur les communes voisines de Saint-Herblain, d’Orvault ou de Rezé. Le souci de modernité mais aussi de modestie des églises construites pour les desservir est salué en 1966 par la revue L’Art sacré.

L’essoufflement est pourtant proche : les seules créations du dernier demi-siècle sont celles de Saint-Étienne de Bellevue en 1971 et de Saint-Bernard en 2000. La désaffection des fidèles, et plus encore la raréfaction du clergé entraîne, à partir de 2002, de nombreux regroupements de paroisses.

Alain Croix, Marcel Launay
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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En savoir plus

Bibliographie

Durand Yves (dir.), Histoire du diocèse de Nantes, Beauchesne, Paris, 1985 (Histoire des diocèses de France, 18)

Jarnoux Alphonse, Les anciennes paroisses de Nantes, 2 vol., Impr. régionale, Bannalec, 1982

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Catholicisme Religion, rite Église

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Rédaction d'article :

Alain Croix, Marcel Launay

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