
Ancienne centrale électrique de Chantenay
Chantier naval, centrale électrique et fonderie : le 26, rue des Usines a connu plusieurs histoires industrielles successives.
Au début du 20e siècle, les "Chantiers nantais" sont les premiers occupants du 26 rue des Usines. Ce chantier naval profite des avantages du site pour y construire des voiliers cap-horniers à coque de fer. En 1913, il laisse la place à la centrale électrique de Chantenay qui alimente jusqu’en 1964 les nombreuses usines alentours et Nantes. Aujourd'hui, Fonderie Atlantique Industrie renoue avec l'histoire du site, profitant des imposants volumes de l'ancienne centrale électrique pour fondre des pièces monumentales destinées aux bateaux.
1903 : les chantiers de construction navale "Chantiers nantais"
Au début du 20e siècle, le site est occupé par les Chantiers nantais de constructions maritimes. Cette société anonyme est fondée en 1899 par plusieurs personnalités de l’armement nantais parmi lesquels Henri Le Cour de Grandmaison, Eugène Pergeline, directeur de la Société des Voiliers nantais ou encore Prosper Sevestre. L’entreprise se spécialise dans la construction de grands voiliers destinés au commerce maritime puis à partir de 1903 de cargos vapeurs pour la société d’armement les Chargeurs de l’Ouest. Suite à une crise des commandes, l’activité cesse complètement en 1904.

Chantiers nantais de constructions maritimes sur la maquette du port de Nantes en 1900
Date du document : 01-07-2009
1912-1964 : la centrale électrique de Chantenay
Au début des années 1910, le site est acheté par la Société nantaise d’éclairage et de force par l’électricité (SNEF). La centrale électrique de Chantenay prend la suite de l’usine électrique Sully (1891-1902) et de la centrale de Lamoricière (1902-1913). Son emplacement en bordure de voie ferrée et de la Loire est idéal pour les approvisionnements en charbon et en eau.
Le chantier de construction, de grande importance, s'échelonne sur plus d'une année et demie de travaux, et est couvert par un reportage photographique intéressant, dont les clichés sont conservés aux Archives Municipales de Nantes.
Le fonctionnement de l’usine
Le site est composé de bâtiments liés à la production d’électricité et d’édifices abritant les bureaux et les vestiaires.

Vue aérienne de la centrale électrique de Chantenay
Date du document :
L’approvisionnement en charbon : Le charbon est acheminé, soit par bateau via un appontement en béton armé Hennebique, construit en 1912 sur un terrain gagné sur la Loire ; soit par train depuis l'embranchement de la voie ferrée au nord du site. Il est ensuite stocké sur un parc à charbon de 6000 m² doté d’un convoyeur-transbordeur.
L’approvisionnement en eau : L’eau était puisée en Loire puis mise en décantation dans une chambre construite à cet effet en bord de Loire. Des collecteurs d'amenée d'eau souterrains transportaient l'eau traitée jusqu'à la salle des pompes et au château d'eau. Ce dernier aujourd’hui - disparu - servait de réserve en cas d'arrêt accidentel des pompes pour le refroidissement des circuits.
La production d’énergie : La chaufferie comprend des générateurs et des économiseurs alimentés par des chaudières au charbon. Le bâtiment présente une structure métallique, avec un remplissage de brique et parpaing. Les deux cheminées en briques étaient situées au sud de la chaufferie.
La chaufferie est étendue vers l’ouest avec un nouveau bâtiment après 1923 (bâtiment détruit en 1971).
La transformation en électricité : La grande halle, de 35 mètres de large et 100 mètres de long, abritait la salle des machines (dite des groupes turboalternateurs) dans la grande nef, la salle des pompes dans le bas-côté sud et les tableaux électriques, pupitres et disjoncteurs dans le bas-côté nord.

Salle des groupes turboalternateurs
Date du document : Années 1930
Cette grande halle, bâtiment monumental, reprend les caractéristiques architecturales de l’usine de Lamoricière construit 10 ans plus tôt, avec une structure porteuse en métal habillée de briques. Un soin particulier est porté à l’appareillage, aux ouvertures et au décor : utilisation de pierre calcaire contrastant avec la brique pour le rampant droit, les agrafes et la partie supérieure des piliers ; baies plein cintre encadrant une baie rectangulaire surmontée d'un oculus pour le pignon ; garde-corps en ferronnerie et menuiseries sur les étages des bas-côtés.

Vue d'ensemble de la centrale électrique de Chantenay
Date du document : 14-05-2013
Dans les années 1930, la halle est étendue par l'ajout de 5 travées supplémentaires vers l’ouest. La nouvelle façade écran, rectangulaire en brique, tout en reprenant le principe des ouvertures de la façade est, masque la logique constructive de la nef et de ses bas-côtés.

Façade ouest de la grande halle
Date du document : 14-05-2013
1964 : la fin de la centrale et les nouveaux propriétaires
Après la Seconde Guerre mondiale, la centrale de Chantenay, au maximum de ses capacités de production, ne peut répondre seule à la demande croissante d'électricité industrielle et domestique. La centrale de Cheviré, utilisant le charbon, le gaz et le fuel, est mise en service en 1954. L’activité de la centrale électrique de Chantenay est définitivement arrêtée en 1964.
Le site est acquis par Leroux & Lotz qui possédait déjà des bâtiments sur la parcelle voisine. Une halle est construite au nord du bâtiment principal au milieu des années 1970.
En 2000-2001, suite à la restructuration urbaine de l’île de Nantes, les Fonderies Atlantique Industrie situées Vincent-Gâche, achètent les bâtiments pour y implanter leur activité centrée sur la fabrication d’hélices et de pâles de bateaux. La grande halle abrite les fours, l’ancienne chaufferie l’usine et la chambre de décantation le stockage des modèles. Les bureaux sont toujours utilisés par Leroux et Lotz.
2018 : Le futur pôle industriel lié à l’économie maritime
Dans le cadre du projet urbain du Bas-Chantenay à l’horizon 2020-2022, l’usine électrique accueillera un nouveau pôle industriel destiné au nautisme et aux énergies marines renouvelables. Les fonderies ont cédé à Nantes Métropole Aménagement l’ancienne chaufferie, la chambre de décantation et les terrains en bord de Loire pour y implanter des locaux industriels et tertiaires.
Hélène Charron
Région Pays de la Loire, Inventaire ; Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes métropole
2012 (actualisé en 2019 par Gaëlle Caudal et Aurélie Mathias)
Album « Construction de la centrale électrique de Chantenay : 1912 - 1913 »
En bref...
Localisation : Usines (rue des) 10T, NANTES
Date de construction : 1912
Typologie : architecture industrielle
En savoir plus
Bibliographie
Garnier Hélène, « Les usines de production d'électricité 19e-20e siècles », L'archéologie industrielle en France, n°41 "Nantes, un modèle ?", décembre 2002, p. 40-45
Rochcongar Yves, Capitaines d'industrie à Nantes au 19e siècle, Memo, Nantes, 2003
Sauban René, Des ateliers de lumière : histoire de la distribution du gaz et de l'électricité en Loire-Atlantique, Université de Nantes, Université Inter-Ages, 1992
Webographie
Article d'e+pi sur l'histoire de l'électricité en Loire-Atlantique
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Ancienne centrale électrique Sully
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Rédaction d'article :
Aurélie Mathias, Gaëlle Caudal, Hélène Charron
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