Émile-Oscar Guillaume (1867-1954)
Le nom du sculpteur Émile-Oscar Guillaume est étroitement lié à Nantes. Ami du député de la Loire-inférieure Aristide Briand et de l’ancien maire Gabriel Guist’hau, il est notamment l’auteur de la statue de La Délivrance, exposée au square du Maquis-de-Saffré.
Une carrière prolifique
Émile-Oscar Guillaume est le fils d’Oscar Amédée, bottier à Paris et de Célestine Aimable Blanche Berthault. Il fait ses études artistiques à l’École des Arts Décoratifs de Paris puis à l’École des Beaux-Arts et fut l’élève de Jules Cavelier, Aimé Millet et Louis-Ernest Barrias. Ses œuvres les plus connues sont : L’Effort (1907) à Vanves (92), Aux champs (1909) à la Cité Universitaire de Paris, le monument Les Braves gens à Floing (1910), Aux marins du Pluviôse (1913) à Calais.
Au début du 20e siècle il participe à la décoration et à l’embellissement de nombreux établissements publics et privés : Casino-Théâtre de Vichy, Café-concert de la Cigale à Paris, Théâtre municipal de Tunis, frontons de la Caisse d’Epargne et de l’Hôtel des Postes à Auxerre. Caisse d’Epargne de Gien. Il convient de noter également sa remarquable contribution à la décoration du Palacio das Laranjeiras de Rio de Janeiro considéré comme le « Versailles » brésilien.
Il est l’auteur d’une dizaine de monuments aux morts ainsi que de nombreux bustes de personnalités de la IIIe République.
Ami d’Aristide Briand dont il partageait les idées pacifistes, c’est à lui que fût confiée la réalisation des monuments d’hommage Jusqu’à mon dernier souffle de Pacy/sur/Eure (1933), les Méditations de Cocherel (1934) et d’Ouistreham. Il est également l’auteur d’un buste de l’homme politique exposé au musée de la Société des Nations à Genève.
Portrait du sculpteur Oscar-Emile Guillaume
Date du document : 1928
La Délivrance, symbole de victoire et hommage aux soldats tombés au combat
Son œuvre la plus célèbre reste la statue de La Délivrance. Offerte par le Matin en 1919 à onze villes martyres de la Première Guerre mondiale, elle contribua à la notoriété du sculpteur. Une épreuve fut acquise par la municipalité de Nantes (1927). Une autre fut offerte par Lord Rothermere, propriétaire du Daily Mail à la ville de Finchley dans la banlieue anglaise (1927). A cette occasion, la presse britannique qualifia Emile-Oscar Guillaume de « plus grand sculpteur contemporain ».
Statue de la Délivrance et son créateur, le sculpteur Emile Guillaume
Date du document : 02-09-2017
Un talent reconnu par ses contemporains
Au cours d’une carrière qui dura cinquante ans, Emile-Oscar Guillaume participa à trente-six reprises au Salon des Artistes Français dont il devint membre du jury. Cette œuvre lui valut de nombreuses récompenses ou distinctions : Officier de l’Instruction publique (1905), Chevalier de la Légion d’Honneur (1912) puis officier (1926). Il reçut également la Médaille d’or au Salon des Artistes Français (1924) et un Grand prix à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris (1925).
Buste du maire Gabriel Guist'hau
Date du document : 06-04-2006
Profondément choqué par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il devint peu à peu aveugle et dût arrêter son activité artistique à partir de 1941.
Emile-Oscar Guillaume est décédé le 17 juillet 1954 à Paris 15e, à l’âge de 87 ans. En 1895, il s’était marié à Argenteuil avec Marie-Emile Pelletier qui lui donna deux filles. Devenu veuf en 1932, il se remarie en secondes noces avec Suzanne Drouet.
Émile-Oscar Guillaume et les grands hommes nantais
Les relations entre le sculpteur Émile Guillaume et les personnalités nantaises furent nombreuses. En 1901, l’artiste réalise le buste du colonel Georges de Villebois-Mareuil né à Nantes le 22 mars 1847. Cet officier, aux convictions monarchistes bien établies, ira se battre en Afrique du Sud, aux côtés des républicains boers, contre les soldats de la Couronne britannique. Il trouvera une mort glorieuse le 5 avril 1900 en livrant un baroud d’honneur contre les anglais.
Puis, vient l’événement qui va bouleverser la vie de Guillaume : sa rencontre avec Aristide Briand vers 1906-1907. Né à Nantes, le 28 mars 1872, Briand gardera toute sa vie un attachement particulier pour cette ville. Et, c’est certainement grâce à son ami que le sculpteur va faire la connaissance d’une autre personnalité nantaise, Gabriel Guist’hau, qui exerça les fonctions de maire de 1908 à 1910. C’est Guist’hau qui, en 1926, parrainera le sculpteur pour l’attribution du grade d’officier de la Légion d’Honneur.
Autre relation nantaise de Guillaume, le général Edmond Buat. Né à Châlons-sur-Saône le 17 septembre 1868, Buat effectuera ses études à Nantes. Alors qu’il est pressenti pour exercer les plus hautes fonctions militaires, il décède de maladie le 30 décembre 1923 à l’âge de 55 ans.
Les sculptures « nantaises » de Guillaume, d’hier à aujourd’hui
En avril 1926, à la galerie Préaubert, située rue du Calvaire, Emile Guillaume expose plusieurs de ses œuvres « nantaises » : le buste en bronze de Gabriel Guist’hau qui se trouve aujourd’hui dans la galerie des bustes de l’Hôtel de Ville, celui du général Buat qui appartient à présent au Musée des Invalides à Paris, le buste d’Aristide Briand ainsi que celui d’une jeune fille « Melle G…. » qui pourrait être celui de Gabrielle, la fille de Gabriel Guist’hau. Et bien sûr, le statuaire présente également une belle statue qui va défrayer la chronique quelques mois plus tard : La Délivrance.
Aristide Briand posant à côté du buste scupté par Emile Guillaume
Date du document : début du 20e siècle
C’est d’ailleurs en visitant l’exposition que Paul Bellamy, maire de Nantes, va tomber « amoureux » de la belle jeune femme et qu’il proposera ensuite au Conseil municipal de la placer devant les Tables mémoriales.
Aujourd’hui, le musée des Ducs de Bretagne possède dans ses collections plusieurs œuvres d’Emile-Oscar Guillaume. Un masque mortuaire en plâtre d’Aristide Briand, pris le jour de son décès, un buste également en plâtre de l’homme politique intitulé Briand prononçant un discours, La Délivrance qui lui avait été offerte par le sculpteur en 1916 ainsi qu’un autre exemplaire plus petit de la statue.
Roland Biguenet
2020
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