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Paul Bellamy (1866 – 1930)


Le 30 novembre 1936, la municipalité socialiste dirigée par Auguste Pageot décide de donner le nom de l’ancien maire Paul Bellamy à la rue de Rennes. Ce choix a une portée symbolique forte.

Portrait de Paul Bellamy, maire de Nantes

Portrait de Paul Bellamy, maire de Nantes

Date du document : début du 20e siècle

D’une part, il s’insère dans le plus important changement quantitatif de dénominations de voies publiques opéré par un Conseil municipal en une séance ; d’autre part, il concerne un axe majeur de Nantes. Le tracé rectiligne de cet axe, ouvert en 1872 après la démolition des remparts du 16e siècle, en fait une pénétrante dans le cadre du développement radioconcentrique de la ville et structure l’urbanisation vers le nord ; dès la fin du 19e siècle, l’espace bâti est continu de part et d’autre de la rue Paul Bellamy. L’intensité des flux, les changements successifs des sens de circulation, le passage du chronobus confirment son rôle toujours stratégique.

En conférant son nom à ce repère majeur de la ville, le Conseil municipal rend hommage, six ans après sa mort, à un maire qui fut à la tête de la cité durant dix-huit ans, de 1910 à 1928. Paul Bellamy, né en 1866, appartient à la bourgeoisie protestante. Bien que très minoritaire dans une ville fortement marquée par le catholicisme, la communauté protestante, qui compte environ un millier de personnes en 1910, joue un rôle social et politique actif. En 1901, Paul Bellamy devient secrétaire du consistoire après son oncle Hippolyte Durand-Gasselin, l’exécuteur testamentaire de l’armateur et mécène Thomas Dobrée. Juriste de formation, il succède à son père comme greffier en chef du tribunal civil de Nantes. Sa carrière politique commence en 1908 par son élection au Conseil municipal ; il est proche du radicalisme et remplace en 1910 son ami Gabriel Guist’hau à la tête de la municipalité. Il est élu député en 1924 sur la liste du Cartel des gauches conduite par Aristide Briand. À l’inverse de ce dernier, il reste fidèle au radicalisme, il est battu aux élections législatives d’avril 1928 et démissionne de son mandat municipal.

Deux périodes constituent ainsi la carrière du maire. Il fait presque l’unanimité de ses contemporains pour son action pendant la Première Guerre mondiale. Le dirigisme municipal justifié par une « guerre totale » est accepté par ses adversaires. En 1919, le quotidien L’Ouest-Éclair, bien qu’opposé à la majorité radicale de sa liste, appelle à voter pour lui car « il fut en somme, durant la guerre, un dictateur (il fallut bien qu’il fût dictateur) très tolérable parce qu’au fond très tolérant ». À partir de 1924, il est l’objet de très violentes attaques quand il s’allie aux socialistes. Après sa démission en 1928, il quitte Nantes et meurt deux ans plus tard.

En 1936, la mairie de Front populaire élargit la portée de l’action d’un maire considéré jusqu’alors dans la mémoire comme l’incarnation de l’Union sacrée. Cet hommage rappelle qu’il est aussi l’initiateur d’une politique sociale pour l’habitat populaire : en 1913, il crée l’Office public d’habitation à bon marché (OPHBM) pour lutter contre l’insalubrité des logements et offrir une alternative à l’initiative privée ; il est aussi dans le début des années 1920 le maire des comblements.

Didier Guyvarc'h
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteurs réservés)

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En savoir plus

Bibliographie

« Gabriel Guist'hau et Paul Bellamy, 117e et 118e maires (1908-1914) », dans La Ville de Nantes de la monarchie de Juillet à nos jours, tome 1, Reflets du passé, Nantes, 1985, p. 247-273

Guitton Véronique, « Sans les maires, l'arrière se serait effondré », Place publique Nantes Saint-Nazaire, n°43, janvier-février 2014, p. 42-47

Guyvarc’h Didier, « La guerre de 14-18 et la suspension de la guerre civile : le cas nantais »,
dans Martin, Jean-Clément (dir.), La guerre civile entre histoire et mémoire, Ouest-éd., Nantes, 1995 (coll. Enquêtes et documents, n°21)

Naud François, Les parlementaires de Loire-Inférieure sous la Troisième République, Éditions régionales de l’ouest, Mayenne, 2009

« Route de Rennes, du pont Morand au rond-point de Rennes », Les annales de Nantes et du pays nantais, n°280, 2001

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Boulevard / Avenue Maire Protestantisme

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Rédaction d'article :

Didier Guyvarc'h

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