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Pont de la Rotonde Maison Gilagh

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Maison Trochon


Charles Trochon naît en 1684 à Nantes, paroisse de Saint-Nicolas, dans une famille de marchands déjà installés dans le quartier de la Fosse. Sa carrière est emblématique de la réussite des négociants nantais impliqués dans le commerce triangulaire : de 1720 à 1740, Charles Trochon quadruple sa fortune. Il acquiert la terre et seigneurie de Lorière dès 1723, ce qui lui permet d’être anobli. Il est consul de 1722 à 1723, puis juge-consul en 1738 et 1739. Enfin, il acquiert une charge valet de chambre chez Mgr le duc d’Orléans qui lui ouvre la porte de nouveaux cercles sociaux.

Il achète trois parcelles dans le quartier de la Fosse et y fait bâtir consécutivement deux maisons dans lesquelles il habite. La première « maison », aujourd’hui disparue, est construite entre 1733 et 1739.

Quelques années plus tard, Charles Trochon dont l’ascension sociale s’est encore confirmée construit un immeuble encore plus prestigieux. Pour édifier cette seconde « maison » - actuel n°17 quai de la Fosse – Charles Trochon achète deux vieilles maisons contiguës qu’il fait démolir. Il engage l’architecte Pierre Rousseau qui œuvre alors dans l’île Feydeau. En 1742, les deux boutiques du rez-de-chaussée, les caves arrière et l’entresol sont achevés ou en cours de construction. Au-dessus, Pierre Rousseau élève quatre étages de huit pièces chacun. Ce second immeuble plus large et richement orné marque dans la pierre la réussite commerciale et sociale de son propriétaire.

Charles décède en 1758, à l’âge de 74 ans. Durant la seconde moitié du 18e siècle, les héritiers n’habitent pas dans la maison qui est louée. Chaque niveau n’a un seul locataire qui occupe un appartement de douze pièces.

Une demeure au décor atypique

Organisé en trois corps de bâtiments imbriqués et déployés sur toute la longueur de la parcelle, l’immeuble est éclairé sur l’arrière par une courette.

L’architecte Pierre Rousseau a cherché à tirer le meilleur parti des 10,50 mètres de la façade en y intégrant le maximum de travées au dépend de la largeur des trumeaux afin de donner l’illusion d’un mur encore plus large.

Façade de la maison Trochon dans son environnement

Façade de la maison Trochon dans son environnement

Date du document : 14-06-2019

Les quatre travées sont développées sur un rez-de-chaussée, un entresol, trois étages carrés et un étage de comble. Contrairement au modèle dominant, l’entresol est ici traité comme un étage à part entière dont la hauteur n’est que sensiblement plus basse que celle des étages carrés, au dépend de la hauteur du rez-de-chaussée. Les deux travées centrales sont en léger ressaut et couronnées d’un fronton triangulaire pour donner l’illusion d’un avant-corps.

Immeuble n°17 quai de la Fosse

Immeuble n°17 quai de la Fosse

Date du document : 1936

La forme des baies participe à la hiérarchie de la composition. L’entresol est percé de baies en arc plein cintre, les deux étages suivants de baies à plates-bandes délardées pour imiter des arcs segmentaires, le dernier étage de baies rectangulaires à plates-bandes. Cette composition variée est complexifiée par le décor sculpté le plus riche du quai.

Le décor sculpté est appliqué sur trois types de supports : les consoles des balcons, les mascarons et les agrafes.

Les consoles des balcons ont ici une forme originale, représentant des personnages ou des animaux. Ce parti pris est atypique à Nantes : c’est une originalité introduite par Charles Trochon qui semble n’avoir eu aucune postérité sur le quai. Deux des cinq consoles du balcon principal sont sculptées en forme de zéphyrs. Zéphyr – personnification du vent dotée d’ailes de papillon – est traditionnellement associé à Flore dans les représentations classiques. Il côtoie ici les mascarons de Mercure, et de Neptune qui apparaît pour la première fois à Nantes avec ses attributs en trophée, et deux dragons sculptés sur les consoles qui soutiennent le balcon secondaire. Les attributs du travail du marchands appliqués trophée au rez-de-chaussée complètent le programme iconographique.

Détail du mascaron représentant le Dieu Océan

Détail du mascaron représentant le Dieu Océan

Date du document : 10-07-2017

Cet important décor entièrement consacré aux thèmes de la mer et du commerce avec les « isles de l’Amérique », est très maladroitement exécuté. Les figures sont disproportionnées par rapport à l’architecture et la grossièreté des traits de certaines figures choque. Ce défaut d’exécution trahit peut-être une mauvaise maîtrise de la sculpture en ronde-bosse ; Il est également possible de voir ici l’illustration du travail des sculpteurs de marine dans l’architecture. En effet, à la manière d’une proue de navire, la sculpture redevient proportionnée lorsqu’elle est vue de loin. Pour apprécier cette façade, il est donc nécessaire de se placer au niveau des rails actuelles de tramway, dont l’éloignement correspond à peu près à la largeur du quai originel où les bateaux affrétés par le négociant accostaient périodiquement. Au travers de sa façade, le négociant Charles Trochon affirme ostensiblement sa réussite professionnelle.

Détail du mascaron représentant Mercure

Détail du mascaron représentant Mercure

Date du document : 10-07-2017

Sur la cour, le tuffeau a disparu et l’économie de moyens est de rigueur. La cour, petite et très sombre, n’a aucun caractère ostentatoire. Elle n’est animée que par la présence de la tourelle des latrines dont la demi-sphère fait saillie sur le mur latéral.

L’immeuble est desservi par un passage couvert, ménagé entre les boutiques du rez-de-chaussée, dont l’accès se fait par la porte cochère percée sur la façade. Le passage mène à la cage d’escalier qui dessert l’immeuble sur toute sa hauteur.

L’escalier, inscrit dans un plan carré, occupe la moitié de la largeur du terrain. Suspendu avec des retours sur voûte en surplomb, il illustre la parfaite maîtrise de la stéréotomie de l’architecte et des ouvriers.
Chacun des quatre étages avait huit pièces à l’origine. Celles-ci furent séparées par des bâti de bois pour donner douze pièces. L’entrée dans les appartements s’effectuait par une porte donnant sur le palier. Celle-ci ouvrait sur un corridor desservant d’un côté les pièces sur quai, de l’autre les pièces sur cour, et la tourelle des latrines.

Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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En bref...

Localisation : Fosse (quai de la) 17, NANTES

Date de construction : 1742

Auteur de l'oeuvre : Rousseau Pierre (architecte)

Typologie : architecture domestique

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Rédaction d'article :

Julie Aycard

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