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Aménagements portuaires au 19e siècle (5/7) Association Bonne Garde

1977

Promenade du quai de la Fosse


Du square de la Bourse au bureau du port, la promenade du quai de la Fosse est l’une des promenades favorites des nantais à partir du milieu du 18e siècle. Au-delà de son rôle dans les loisirs nantais, la promenade du quai de la Fosse a eu un impact national sur la délimitation de l’espace domanial de l’Etat en rivage fluvial.

La plus belle promenade d’Europe

Dès 1751, une promenade est installée sur le nouveau quai de la Fosse. Sa mise en place concrétise le souhait de Gérard Mellier, maire de Nantes, d’utiliser le quai pour offrir aux Nantais « la plus belle [promenade] d’Europe ».

Depuis l’actuelle place de la Bourse et jusqu’à l’actuelle maison de la mer, la promenade de la Fosse est une allée sablée et arborée par soixante-douze ormes vraisemblablement plantés vers 1780. Au 19e siècle, elle est séparée de la chaussée par de petits pieux de bois liés par des chaînes et pourvue d’une quarantaine de bancs en pierre qui invitent à prendre le temps d’admirer le fleuve. Au-delà du bureau du port, le quai devient exclusivement un espace de travail et n’est accessible qu’en de rares occasions.

En 1850, un diagnostic sanitaire des arbres est réalisé : la majeure partie des ormes est malade. La Ville décide donc de les couper, une décision qui facilite, en outre, l’installation du tramway. En 1853, la décision est prise de replanter des magnolias mais l’arrivée du chemin de fer dont les rails coupent la promenade ne favorise pas leur repousse.

Promenade du quai de la Fosse

Promenade du quai de la Fosse

Date du document : Vers 1900

Du domaine municipal au domaine d’Etat

En 1841, un décret royal donne la propriété des rives et quais des fleuves et rivières de France aux domaines et affecte leur gestion à l’administration des Ponts et Chaussées. A cause de l’imprécision du décret qui ne délimite pas la notion de « rives », Nantes se trouve donc dépossédée du quai qu’elle a fait construire un siècle auparavant, de la chaussée et de la promenade y attenant.

Alors qu’à Bordeaux ou à Rouen, l’Etat gère les quais et les chaussées qui les desservent tandis que les villes entretiennent les trottoirs le long des fronts urbains, une querelle s’engage à Nantes entre les différents protagonistes. En effet, en 1841, le seul quai du port de Nantes qui est véritablement utile au commerce est celui de la Fosse. Les autres quais sont soit très vieux et abîmés, soit inexistants. Or, l’administration des Ponts et Chaussées prend rapidement conscience de l’impact financier que va avoir la construction et l’entretien de 213 971 m2 de quais qui sont nécessaires au bon fonctionnement d’un port en expansion mais également à la construction urbaine.

Entre phases de blocage et phases de négociations, la querelle s’enlise retardant d’autant la mise en œuvre et l’entretien des ouvrages portuaires. Les points d’achoppement sont le partage du financement des chaussées longeant les quais, celui de la construction de nouveaux quais et l’entretien de la promenade de la Fosse. La querelle nantaise oblige le gouvernement à préciser la répartition des rôles sur les rives fluviales par la parution d’un nouveau décret impérial en 1853. La loi précise alors que le domaine fluvial est limité à une bande de 7,80 mètres à partir du nez des quais et à l’entretien des voies de grande communication.

Pour autant la querelle nantaise n’en est pas terminée car la promenade du quai de la Fosse est une voie d’utilité communale comprise dans les 7,80 mètres appartenant au domaine d’Etat. Ce n’est qu’en 1858 que l’administration des Ponts et Chaussées trouvera un accord avec laVille. Celui-ci précise que :

• le pavage des quais bas, plans inclinés, cales, paliers, terrasses et autres ouvrages spécialement affectés au chargement, au déchargement et au dépôt des marchandises seront, comme par le passé, entretenu aux frais de l’Etat ;
• les chaussées des quais de la gare, de Richebourg et Maillard, du quai des constructions sur toute la longueur correspondante aux terrasses et cales en tablier, de la partie aval du quai d’Aiguillon non bordée de parapets, et du quai Saint-Louis sont également à la charge de l’Etat ;
• les chaussées des quais de Bouffay, Flesselles, Brancas, de la Bourse et de la Fosse, de la partie amont du quai d’Aiguillon sur la longueur bordée de parapets, des quais formant le périmètre de l’île Feydeau, des quais de la Maison Rouge, de l’Hôpital et de l’île Gloriette, des quais Magellan, Moncousu et méridional de l’île Gloriette, du quai Hoche sont à la charge de la Ville.

Par cet accord, la Ville recommence à assumer entièrement l’entretien et les modifications de la promenade.

Disparition et renaissance

La promenade du quai de la Fosse perdure jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. A ce moment, les comblements de la Loire sont achevés et l’espace qui va de la proue de l’ancienne île Feydeau au bureau du port est totalement perturbé. Les usages anciens disparaissent et il faudra attendre les années 1980 pour qu’un reboisement soit fait en platanes : une promenade est alors recréée le long de l’ancien quai, entre le parking de la petite Hollande et le pont Anne de Bretagne.

A partir de 2018, une partie de la pépinière municipale est installée sur le quai de la Fosse pour préfigurer la promenade qui reliera dans la seconde décennie du 21e siècle le château des Ducs de Bretagne à la carrière Misery.

Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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