Colinière
Si la Colinière désigne aujourd’hui un lycée et un collège au coeur du quartier nantais de Doulon, le lieu-dit fut jadis un château bâti par la famille Charette pour ses séjours à la campagne aux portes de Nantes.
La maison noble de la Chênaie
Au Moyen Âge, la Chênaie est une maison noble indépendante dont on sait peu de choses. Elle possédait une maison entourée de vieilles murailles, une grange bâtie dans son jardin – un bâtiment extrêmement rare à Doulon où seules deux granges sont attestées durant l’Ancien Régime – et elle tenait de nombreuses terres labourables, prés, bois ou landes.
En 1570, Jean Charette acquiert la terre non noble de la Colinière, située à proximité. Ce moment sonne peut-être le déclin de la Chênaie qui devient un fief rattaché à la seigneurie de la Folie, devenue à l’époque moderne la Halquinière. En 1612, la Chênaie est vendue par Jean Cousin, sieur de la Marière, à Jean Charette seigneur de Lormière et de la Colinière. L’ancien caractère noble de ce lieu-dit se manifeste par le fait que la propriété est « franche et quitte de fouages et autres contributions », en d’autres termes non imposable. L’inclusion de la Chênaie dans le domaine de la Colinière confère à ce dernier son caractère noble : ceux qui le possèdent peuvent se prévaloir du titre d’écuyer, premier échelon de la noblesse.
La Colinière des Charette
Vers 1570, époque de l’acquisition de la Colinière par Jean V le Jeune Charette, la Colinière est une tenue sur laquelle il ne semble pas y avoir de construction. Le nouveau propriétaire fait construire un manoir dont le rez-de-chaussée accueille des pièces utilitaires et l’étage les pièces nobles.
En 1613, Louis Charette de la Colinière devient maire de Nantes et la famille est une alliée fidèle du roi. Elle entre dans une grande phase de prospérité. Elle acquiert le château de la Gascherie et fait construire un hôtel particulier à côté de l’hôtel de ville de Nantes. Ils agrandissent également le manoir de la Colinière.
Le nouvel édifice domine l’ancien manoir de plus d’un étage. Sur l’arrière, le château a un accès au jardin par un escalier dédié.
En parallèle, la terre de la Colinière est remodelée : un bois de haute futaie, essentiellement composé de châtaigniers est planté, une grande allée et deux allées secondaires sont créées.
La famille Charette continue à améliorer la propriété en y plantant fruitiers et tilleuls et conserve la Colinière jusqu’à la Révolution. Louis Charette de la Colinière est assassiné par la foule des Parisiens répondant à l’appel de Marat le 2 septembre 1792 et ses biens sont confisqués.
En 1794, la Colinière est divisée en 28 lots pour être vendue comme bien national. La maison est achetée par Pierre Muller, directeur de la Verrerie de Nantes pour 96 000 livres.
Une dépendance du lycée Clemenceau
En 1824, l’abbé Demeuré, proviseur du collège royal de Nantes (futur lycée Georges Clemenceau), acquiert la Colinière pour 63 000 livres. La « maison principale, les ménageries, chambres, greniers, remises, pressoir, toiteries, orangerie, cours, jardins, allées et bois de décoration, pièces d’eau, terre, prés et pâtures près de la maison » sont destinés aux promenades, récréations et utilités des élèves de l’établissement. Dans la première moitié du 19e siècle, les élèves s’y rendaient le jeudi, le dimanche et les autres jours de congé.
Les terres produisent des rentes pour le lycée, les bois sont coupés régulièrement dans le même but.
En 1874, la propriété est expropriée d’environ 8000 mètres carrés pour la construction des lignes de chemin de fer Nantes-Châteaubriant. Puis, en 1877, le lycée envisage de vendre la propriété. Le château est alors dans un tel état de délabrement qu’il semble impossible de « tenter un riche acquéreur ». Il est donc proposé de séparer le domaine en onze lots : toute la partie nord du domaine est vendue. En 1884, une nouvelle expropriation de 8300 mètres carrés a lieu pour la construction de la ligne de chemin de fer Nantes-Segré. La propriété resserrée autour du château à la suite du lotissement est amputée de sa grande allée et de sa châtaigneraie.
La destruction du château
En 1954, il est décidé de construire un établissement pour décharger les lycées du centre-ville. Le site de la Colinière, toujours vierge de constructions à l’exception du château est choisi et, en 1955, le lycée Clemenceau cède à l’État sa maison de campagne.
Les premières constructions encerclent le château qui est détruit en 1963 pour laisser place au gymnase.
Julie Aycard
Dans le cadre de l’inventaire du patrimoine du quartier de Doulon
2021
En bref...
Localisation : Landreau (rue du) 129, NANTES
Date de construction : 1961
Auteur de l'oeuvre : Chatelin, André (architecte)
Typologie : architecture scolaire
En savoir plus
Bibliographie
Guillet Noël, La Colinière, Association Doulon-Histoire, Nantes, 2004
Pages liées
Dossier : Inventaire du patrimoine de Doulon
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Rédaction d'article :
Julie Aycard
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