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Bibliothèques


Des bibliothèques médiévales nantaises, on a conservé peu de traces : manuscrits entrés dans les collections de la Bibliothèque municipale suite aux confiscations révolutionnaires ; inventaires des collections ducales. Une première tentative de bibliothèque publique est faite à la fin du 16e siècle mais échoue, sans doute dans les troubles des guerres de Religion.

Dès l’Ancien Régime

Il faut ensuite attendre 1753 pour que, aux termes d’un accord passé entre les édiles nantais et le collège de l’Oratoire, la bibliothèque développée par celui-ci pour les besoins de son enseignement soit ouverte au public. En contrepartie la municipalité prend en charge le salaire du bibliothécaire, l’entretien des locaux et verse une allocation annuelle de 300 livres pour l’enrichissement des collections. Le goût des lettres et une teinture de philosophie qui caractérisent ce siècle éclairé, les préoccupations pédagogiques des Oratoriens réputés pour le modernisme de leur enseignement et l’importance accordée aux disciplines scientifiques, ainsi que l’activité nantaise, orientent le programme des acquisitions ainsi défini : « Un tiers en livres de belles lettres, dans lesquels on comprend l’histoire et tout ce qui appartient à la physique et aux mathématiques ; un tiers en livres de jurisprudence, médecine et chirurgie, et l’autre tiers en livres de commerce et navigation, ou en cartes maritimes.» Parallèlement sont ouvertes plusieurs « chambres de lecture », cercles privés où, autour de la lecture des gazettes, s’échangent les nouvelles et se propagent les idées des Lumières. Nantes fait ainsi partie de la dizaine de villes françaises où, grâce au dynamisme de la société civile, se sont implantées des institutions dédiées à la lecture publique dès la fin de l’Ancien Régime.

Ex-libris de la Société de lecture de la Fosse

Ex-libris de la Société de lecture de la Fosse

Date du document : 1760

Une bibliothèque municipale

Les évolutions vont ensuite s’inscrire dans le schéma national hérité de la Révolution. Les bibliothèques des communautés religieuses et autres corps constitués, des émigrés, prêtres déportés et condamnés à mort, placées « sous la main de la nation », forment le noyau des collections de la Bibliothèque municipale ouverte en 1809. Elle est alors installée dans la Halle au blé, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel square Fleuriot de Langle et sera démolie en 1881 pour faire place à l’Hôtel des postes, puis en 1900 rue Gambetta, dans une partie des locaux construits pour le Musée des beaux-arts, après avoir transité par le couvent de la Visitation. Au milieu de ces vicissitudes les bibliothécaires organisent et enrichissent les collections. Convaincus que leur travail « contribuera à augmenter le goût des études et l’amour de la science chez nos concitoyens », et quels que soient les obstacles et difficultés rencontrés, Émile Péhant et ses successeurs en rédigent et publient, de 1859 à 1912, le catalogue considéré comme un modèle du genre.

Mais, à côté de cette fonction académique et savante, se font jour des attentes sociales auxquelles les bibliothèques municipales ne répondent pas. Le relais est alors pris par la société Franklin, créée à Paris en 1862 pour la propagation des bibliothèques populaires dont l’amplitude des horaires d’ouverture, l’offre de lecture variée mêlant romans et documentaires, le programme de cours et de conférences ont vocation à offrir aux ouvriers « dans les longues soirées d’hiver, un lieu de repos confortable et une distraction intellectuelle [afin de les éloigner] du cabaret où la bourse se vide et l’esprit ne se remplit pas ». L’une d’elles est ouverte à Nantes le 14 février 1872, inaugurée par Louis Blanc et Ange Guépin. Plusieurs quartiers s’en doteront par la suite qui, avec le soutien de la municipalité, continueront à fonctionner jusqu’après la Seconde Guerre mondiale.

La lecture publique aujourd’hui

Cessant d’être perçues comme antagonistes, les deux approches ont convergé dans les politiques de la Lecture progressivement élaborées tout au long du 20e siècle. En 1937-1938, un projet innovant propose de développer et structurer les missions de la Bibliothèque municipale autour de quatre pôles : service universitaire, service de documentation générale et de documentation économique et technique, service de la conservation et de la bibliographie régionale, service de la lecture publique ayant vocation à doter les différents quartiers d’« une bibliothèque par 40 000 habitants » qui ne soit pas seulement un dépôt de livres mais un foyer de culture.

Stoppé par la guerre, progressivement réactivé à partir des années 1960, ce modèle de développement trouve sa traduction concrète à partir des trois dernières décennies. Inscrite dans le paysage urbain en comblant une des dents creuses laissées par la guerre et en faisant référence à plusieurs éléments de l’architecture nantaise, à proximité des principaux centres de l’animation, et desservie par le tramway, la Médiathèque Jacques Demy (1985) est conçue comme un outil culturel complet et fonctionnel proposant sur 9 000 mètres carrés (dont 3 000 ouverts au public) des collections et accès multimédia ; au livre sont venus s’ajouter disques et films, les divers supports numériques (DVD et cédérom) et accès en ligne. La médiathèque est en outre dès l’origine pensée comme un maillon d’une chaîne de lecture publique qui s’étend peu à peu dans les différents quartiers. Venant compléter ou remplacer les bibliothèques de quartier créées tout au long du 20e siècle, des médiathèques d’équilibre, équipements de 1 000 à 2 000 mètres carrés reprenant le projet de 1937-1938, sont progressivement ouvertes : Médiathèque Luce Courville dans les quartiers nord (1995), Médiathèque Floresca Guépin à l’est (2007), Médiathèque Lisa Bresner au sud-ouest (2013). Ainsi s’est formé un réseau proposant des ressources documentaires encyclopédiques  régulièrement actualisées et des services ayant vocation à répondre aux besoins des Nantais en matière d’information et de loisirs.

Bibliothèque de la Manufacture

Bibliothèque de la Manufacture

Date du document : 09-09-2009

Pour relever les nouveaux défis du 21e siècle et s’adapter à l’évolution des techniques et des usages, la politique de la Lecture est toujours en construction, au carrefour des enjeux urbains, sociaux et culturels, nécessitant une adaptation permanente des outils et des pratiques professionnelles. Autant de défis que doivent relever les réseaux de la Bibliothèque municipale comme des bibliothèques universitaires (depuis la création de l’université de Nantes en décembre 1961), tout en recherchant les justes synergies et articulations – mutualisation des ressources documentaires et partenariats divers – avec les bibliothèques spécialisées, publiques ou associatives, correspondant à différentes attentes de la société : services de proximité dans les quartiers ; bibliothèques et centres de documentation des écoles, musées, institutions, sociétés savantes

Agnès Marcetteau-Paul
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteur réservés)

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En savoir plus

Bibliographie

Chapplain Ludovic, « Notice sur la bibliothèque publique de Nantes », Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, t. 10, 1839, p. 74-104

De l'Oratoire à l'internet, 250 ans de lecture publique (exposition, Bibliothèque municipale, Nantes, 2003-2004), Ville de Nantes, Nantes 2003

Lamarre A., Origines du Cercle des Beaux Arts, Société de Lecture de la Fosse (1759-1793), Société de Lecture du Soleil (1771-1793), Heron-Mesnier Frères et Cie, Nantes, 1911

Richesses de la Bibliothèque municipale : manuscrits, imprimés, autographes, estampes, affiches, reliures et objets d'art (exposition, Bibliothèque municipale, Nantes, 1964-1965), Ville de Nantes, Nantes, 1965

Vialet G., Les chambres de lecture à Nantes au 18e siècle et leurs ex-libris, Société française des collectionneurs d'ex-libris, Paris, 1913

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Rédaction d'article :

Agnès Marcetteau-Paul

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