Jean Bruneau (1921-2001)
Jean Bruneau a beaucoup œuvré pour Nantes, racontant inlassablement son histoire, ses personnages et sa marine à travers ses engagements associatifs. Par ailleurs figure incontournable de la vie artistique, il expose régulièrement ses collègues et amis peintres au sein de la Galerie Decré qu'il dirige de 1950 à 1977. On lui doit aussi une participation active à la création de plusieurs institutions parmi lesquelles le Musée Jules Verne ou le planétarium.
Une jeunesse nantaise
Jean Bruneau aimait à dire qu'il était né en vacances car né à la Baule en 1921. Adolescent, il est élève de Jules Ponceau au lycée de Nantes (actuel lycée Clemenceau) puis entre en 1938 à l'École des Beaux-Arts, où il fréquente les ateliers de Paul Deltombe et Robert Villard. Il termine ses études en 1943, remportant le Grand Prix de l'École des Beaux-arts et devenant dessinateur à Ouest Éclair. Dès 1945, il commence à exposer à Nantes, à la Galerie Bourlaouën, et l'année suivante à São Paulo au Brésil et chez Dourant-David à Paris.
Décorateur et costumier pour l'opéra et Decré
De 1945 à 1962, il dessine des décors et costumes pour l'opéra de Nantes. D'abord de façon très régulière jusqu'en 1948 (dans des productions telles que Carmen, La guerre de Troie de Giraudoux, Vogue la galère de Marcel Aymé), puis plus sporadiquement pour La Tempête de Shakespeare en 1955 et Jeanne d'Arc de Péguy en 1958. La collaboration s'achève en 1962 avec Le Cid de Corneille. Ses fonctions à l'opéra lui permettent d'être engagé chez Decré comme décorateur étalagiste après la reconstruction des magasins par l'architecte Friesé.
Directeur de la Galerie d'Art Decré
Bientôt une nouvelle tâche lui est confiée au sein des magasins Decré : recréer la galerie de tableaux dirigée par Thomas Maisonneuve - aquarelliste, journaliste, poète - entre 1927 et 1931. Jean Bruneau devient le directeur de Galerie d'Art Decré, fonction qu'il occupera jusqu'au 1er février 1977.
La nouvelle galerie, d'abord modeste, prend place dans une petite salle à côté du restaurant de la terrasse. Inaugurée en 1950, elle sera bientôt isolée du restaurant par des vitrines et portes transparentes. L'espace d'exposition s'agrandit en 1963. Jean Bruneau, désormais secondé par une collaboratrice, décide de donner une double orientation à la galerie : il choisit de présenter des artistes régionaux et de faire venir la création contemporaine de la capitale vers Nantes. Il travaille ainsi avec des galeries comme Romanet et privilégie les peintres de la réalité poétique (correspondant à son propre style : une passion pour la couleur, une figuration poétique du monde sensible). Il continue aussi la tradition des expositions à thème. Citons par exemple celle consacrée à l'expressionnisme allemand en janvier 1967, offrant aux Nantais le plaisir de contempler notamment des œuvres de Nolde, Klee, Kokoschka
En 1972, descendant de la terrasse, la galerie s'installe au rez-de-chaussée au 5 puis au 7 rue du Moulin et devient la Galerie Arpège.
Jean Bruneau dans son atelier
Date du document :
Œuvre picturale
Deux ans plus tard, le peintre Jean Bruneau est célébré par le Musée des beaux-arts qui lui consacre une exposition rétrospective, mettant ainsi en valeur son œuvre protéiforme et figurative. On lui doit en effet une centaine de portraits, des nus, des natures mortes (genre qu'il nommait de façon poétique « vie silencieuse »), des paysages. Dans les années années 1960, il voyage en Europe, URSS puis aux USA et croque des scènes qu'il peint ensuite dans son atelier nantais, situé au dernier étage de la Cité de l'Hermitage.
Pour réaliser ses paysages, il commence par des esquisses sur le vif, puis sur ses toiles utilisait de la gouache parfois aquarellée ou de l'huile pour les plus grands formats. Ses thèmes picturaux de prédilection étaient l'enfance, les femmes, les chevaux, la mer. Il s'est aussi inspiré de mythes et légendes pour réaliser deux cycles de peintures : le Légendaire du Roi Arthur rassemble 28 peintures et décline le mythe celte sous trois angles : chasse, amours et guerre. Les 21 peintures et 21 dessins D'Ilion et d'Ithaque sont inspirées quant à elles par l'Iliade et l'Odyssée.
Imagerie de Nantes
Fervent admirateur de Jules Verne, Jean Bruneau profite des 150 ans de la naissance du romancier pour lui rendre hommage en 1978. Il illustre ainsi sa vie en créant des planches inspirées des images d'Épinal qui ont bercé son enfance. Ce condensé d'histoire en une page séduit l'office de tourisme et d'autres sociétés qui lui demandent à leur tour d'illustrer ainsi l'histoire et l'imaginaire nantais (par exemple quatre pages sur René-Théophile Laënnec en 1981, ou en 1982 sur l'imagerie de la Marine nantaise). Il peint aussi 15 aquarelles pour Jules Verne de Nantes, livre qu'il réalise en collaboration avec Henri Bouyer au texte. Ils avaient édité – chez Pierre Gauthier également - Nantes du bon vieux temps, un ensemble de textes et dessins célébrant Nantes avant les comblements, à la Belle époque. Ils réalisent ensuite deux autres livres : Jacques Cassard et La Vendée militaire.
Jean Bruneau est aussi l'auteur de Nantes, l'imagerie de son histoire, publié d'abord en épisodes dans Presse Océan puis édité chez C.M.D. Pour dessiner ses 538 personnages de l'histoire nantaise, couvrant l'Âge du bronze aux congés payés, et par souci d'exactitude, il s'est longuement documenté. Enfin, il illustre aussi chaque Cahier de l'Académie de Bretagne à partir de 1965 de huit dessins.
Actions culturelles
• Musée des Salorges
En 1962, Jean Bruneau succède à Stany Gauthier à la présidence de l'Association des Amis du Musée des Salorges, lançant par la même occasion les Cahiers des Salorges, bien connus des férus de marine. Sous sa présidence, l'association organise de nombreuses expositions maritimes au Château des Ducs et accroît les collections grâce à des dons de maquettes, tableaux et objets divers. Ce passionné de la mer concevra même le Musée de la pêche à Concarneau inauguré en 1961.
• Musée Jules Verne
Comme évoqué précédemment, Jean Bruneau s'est beaucoup investi dans l'année Jules Verne en 1978. Il est à l'origine de l'idée du lieu d'implantation du musée dédié au romancier : sur la butte Sainte-Anne (son quartier), non loin du la maison des parents de Jules Verne et au sein d'une demeure avec vue panoramique sur la Loire et Nantes. Jean Bruneau, proche de Luce Courville, la première directrice du musée, a dessiné un planisphère présenté à l'ouverture dans le parcours muséographique, en plus des fameuses planches inspirées des images d’Épinal retraçant la vie du célèbre romancier.
Inauguration de la table d’orientation dessinée par Jean Bruneau
Date du document : 1958
• Planétarium
À cette même période, Jean Bruneau fait venir d'Allemagne un mini planétarium à l'occasion d'une exposition sur l'astronomie qui se tient au palais de la Bourse. Séduit par l'intérêt pédagogique d'un tel outil, Jean Bruneau milite auprès des élus pour faire valoir l'importance d'un planétarium à Nantes, aux côtés du futur musée Jules Verne. Le nouvel établissement est finalement inauguré en mai 1981 sur la butte Sainte-Anne.
Jean Bruneau ne se contenta pas d'être un peintre et acteur majeur de la vie artistique nantaise de la seconde moitié du 20e siècle. Ses passions essaimèrent l'imaginaire nantais par de multiples expositions rappelant le riche passé maritime de la ville et égrainèrent le paysage du quartier Sainte-Anne d'institutions désormais incontournables : le musée Jules Verne et le planétarium. Une esplanade porte désormais son nom en bas de la Cité de l'Hermitage, là où il vécut pendant plusieurs décennies.
Aurélie Mathias
Direction du Patrimoine et de l'Archéologie, Ville de Nantes / Nantes métropole
2019
En savoir plus
Bibliographie
Le Perron Charlette, « Des galeries d’art de Briord à la galerie Arpège », Les annales de Nantes et du pays nantais, n°262, 1996, p. 5-8
Liters Jean-Louis, « Dictionnaire biographique », dans Le lycée Clémenceau, Nantes : 200 ans d'histoire, Coiffard, Nantes, 2008, p. 379
Musée des beaux-arts de Nantes, Rétrospective Jean Bruneau, catalogue d’exposition, Nantaise de Presse, Nantes, 1974
Webographie
Site de l'association Jean Bruneau
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Rédaction d'article :
Aurélie Mathias
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