Bandeau
Artisanes au 18e siècle à Nantes Presse

4513

Cité HBM de l'Hermitage


À la fin du 19e siècle, le quartier de l'Hermitage était considéré comme l'un des quartiers les plus insalubres de Nantes. La municipalité lance avec l'Office public d'habitation à bon marché de Nantes (HBM) dès les années 1930 un programme de réaménagement du quartier et la construction de logements collectifs bon marché, un premier pas vers les grands ensembles d'immeubles sociaux des années 1960.

Cité HMB de l'Hermitage, vue générale depuis la Loire

Cité HMB de l'Hermitage, vue générale depuis la Loire

Date du document : 03-04-2013

Un premier projet trop peu adapté au site

Une promenade en corniche Hermitage – Miséry – Lusançay est dessinée en 1932 par Étienne Coutan, architecte de la Ville. Dès 1931, les architectes Gérard Guénault et Gabriel Guchet proposent un premier projet de trois barres d'immeubles parallèles à la Loire, accueillant dans un des bâtiments des logements dits « améliorés » et dans les deux autres des logements dits « ordinaires ». Ce projet n'est pas retenu car il ne correspond pas aux attentes de la Ville qui souhaite « créer un quartier neuf dont l'aspect s'harmonise avec le site » (exposé de M. Pouty, adjoint au Maire, lors du Conseil municipal du 21 juin 1932).

Le deuxième projet, validé : le Groupe de l'Hermitage

Guénault et Guchet proposent alors un second projet appelé Groupe de l'Hermitage qui reçoit l'approbation du Conseil municipal : il s'agit de construire six bâtiments en éventail ouverts sur la Loire et sur le port, optimisant l'espace et l'orientation. Comme dans le premier projet, les architectes distinguent deux types de logements, « ordinaires » et « améliorés ». Entre ces immeubles, des escaliers et des espaces verts mettent en scène les massifs rocheux du Sillon de Bretagne. Ces cinq « cours » prennent le nom de corsaires nantais : Jean de Crabosse, Julienne David, Commodore Guiné, Alexis Grassin, Chevalier Thiercelin.

> Un parti pris architectural : exploiter le pittoresque du site

Les architectes tirent donc parti du site au mieux : à travers l'orientation, le dénivelé et la roche. Les bâtiments des HBM sont placés légèrement en éventail et perpendiculaires à la Loire. Pour chaque immeuble, le nombre de niveaux augmente en descendant vers la Loire : quatre à six niveaux au nord, et cinq à six niveaux, au sud. Seuls les deux ateliers sont traités en superstructure. Ce procédé (« les immeubles règnent par le toit ») sera souvent utilisé dans les plans de masse des années 1960, mais le parallélisme remplacera l'ouverture en éventail.

> Des vaisseaux de béton

Les bâtiments sont faits d'une structure en béton avec un parement en granit recouvrant le soubassement. Une ligne de balcons pleins rythme les façades sud des immeubles. Les cages d'escaliers, qui desservent les appartements au sud des immeubles, sont éclairées par de grandes verrières. Une couverture en toit terrasse surmonte chaque immeuble.

Cité HBM de l'Hermitage

Cité HBM de l'Hermitage

Date du document : 20-03-2013

> Une double distribution non communicante

Excepté le bâtiment F qui diffère quelque peu avec un retour en L, chaque immeuble est construit en deux parties : un volume principal rectangulaire et un second de plan carré avec vue directe sur la Loire. Ces deux volumes ne communiquent pas entre eux. Les étages sont desservis par trois escaliers dans le volume rectangulaire et un dans le volume carré avec deux logements par niveau. Les niveaux 7 et 8, ouverts sur la Loire, sont occupés par des ateliers d'artistes en dupleix : atelier ouvrant sur une terrasse (niveau 7) et une chambre avec salle d'eau (niveau 8). Jean Bruneau y a habité pendant plusieurs décennies.

> Deux catégories de logements en fonction du confort

Les bâtiments regroupent deux catégories de logements : des HBM améliorés (immeubles C et D au centre, et volume carré des autres immeubles) et des HBM ordinaires (volume rectangulaire des immeubles). La différenciation se fait par le niveau de confort (salle d'eau avec toilettes et douche) et le nombre de pièces. La surface des logements dits ordinaires varie entre 30 mètres carrés pour un type 3 à 56 mètres carrés pour un type 4 alors que celle des logements améliorés est de 48 mètres carrés pour un type 3 bis à 82 mètres carrés pour un type 6. Chaque logement possède une cheminée.

Sur les plans de 1932, des emplacements commerciaux avec toilettes et débarras, sont prévus aux extrémités des bâtiments. En 2013, certains sont affectés à des galeries d'art et des ateliers d'artistes.

Cité HBM de l'Hermitage

Cité HBM de l'Hermitage

Date du document : 07-12-1938

> Des aménagements extérieurs exploitant le pic rocheux

Un aménagement minéral et végétal mis en place en 1942 dans les espaces intercalaires est toujours présent. Une des contraintes demandée à l'architecte Guénault était « de conserver le plus possible le rocher dans son état actuel ». Les marches ont ainsi été dessinées dans la roche, une rampe « à voitures d'enfant » ainsi que des escaliers entrecoupés par des paliers ont été créés. L'ensemble de ces aménagements assure une cohérence architecturale à la cité.

Immeubles de la cité de l'Hermitage détruits par les bombardements

Immeubles de la cité de l'Hermitage détruits par les bombardements

Date du document : 1943

Une construction débutée en 1936, terminée en 1953

Une vague d'expropriation et d'expulsion des locataires est lancée en 1932 pour le compte de l'Office. Les locataires perçoivent l'équivalent d'un an et demi à deux ans de loyer en indemnité, mais sans assurance de relogement.

La construction de 100 logements ordinaires débute en 1936. Le 5 février 1938, cette première tranche est livrée. Les 112 logements améliorés sont terminés en 1939.

La Seconde Guerre mondiale met un terme provisoire à la construction. Deux détachements de mitrailleurs de l'armée allemande s'installent sur les terrasses des bâtiments B et D. Le 23 septembre 1943, les Américains bombardent ces cibles, une partie des immeubles est détruite. Ils sont reconstruits à l'identique et achevés en 1953.

Une restauration des six immeubles est réalisée en 1988.

Frédérique Le Bec
Région Pays de la Loire, Inventaire général ; Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2012

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En bref...

Localisation : Jean de Crabosse (rue) ; Julienne David (rue) ; Commore Guiné (square) ; Alexis Grassin (rue) ; Charles Thiercelin (rue), NANTES

Date de construction : 1932

Auteur de l'oeuvre : Guénault, Gérard (architecte) ; Guchet, Gabriel (architecte)

Typologie : architecture domestique

En savoir plus

Bibliographie

Bienvenu Gilles, « Le quartier Sainte-Anne et l'Hermitage à Nantes », Bulletin de la Société Archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique,1982, tome 118, p. 126-129

Halgand Marie-Paule, Pasquier, Elisabeth, La construction d'un patrimoine de l'Office Public d'HBM à Nantes Habitat de 1913 à 1993, p. 20-21

Pages liées

Cité HBM de la Chevasnerie

Jean Bruneau

Julienne David

Tags

Bellevue - Chantenay - Sainte Anne Immeuble Logement social et grand ensemble

Contributeurs

Rédaction d'article :

Frédérique Le Bec

Vous aimerez aussi

En 2010, la Direction du Patrimoine et de l’Archéologie a réalisé une étude archéologique et architecturale préalable au ravalement d’une façade d’immeuble située à l’emplacement de...

Contributeur(s) :Mathieu Laurens-Berge

Date de publication : 15/10/2020

1405

L'abbé Louis Minier, directeur du collège saint-Stanislas à Nantes entre 1875 et 1891, peint en 1874 un portrait de Félix Fournier, évêque de Nantes de 1870 à 1877. Accroché à son domicile...

Contributeur(s) :Aurélie De Decker

Date de publication : 11/12/2020

1519

Gros plant

Société et culture

Le gros plant est un cépage hérité de la période de domination du commerce hollandais sur la France du vin au 17e siècle.

Contributeur(s) :Raphaël Schirmer

Date de publication : 10/04/2020

2298