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Pascal Laporte (1876-1947) Compagnonnages

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Anne-Marie Turbaux-Le Pallier (1913 – 1992)


Enseignante engagée à gauche, Anne-Marie Turbaux-Le Pallier est la première femme à avoir été élue au Conseil municipal de la Ville de Nantes.

Anne-Marie Turbaux-Le Pallier est née le 22 novembre 1913 à Tours, en Indre-et-Loire, où son père travaille. Sa famille est originaire de Nantes, où Anne-Marie effectue ses études secondaires.

À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, elle entame sa carrière d'institutrice dans le public à Saint-Sulpice-des-Landes, en Loire-Atlantique, où elle restera jusqu'à la fin du conflit. Engagée au Front populaire et résistante, elle est dénoncée, mais le recteur de l’académie de Nantes parvient à la mettre en sécurité.

Première Nantaise élue adjointe

Alors que Nantes est libérée le 12 août 1944, Anne-Marie Turbaux est nommée septième adjointe, en charge du logement et de l'assistance, au sein de la délégation spéciale le 28 août suivant. Cette délégation spéciale, menée par Clovis Constant, doit faire office provisoirement de conseil municipal. Aux côtés d'Anne-Marie Turbaux se trouvent également trois autres femmes : Ursule Chevallier, dixième adjointe, en charge de l'hygiène, ainsi qu'Émilienne Bagrin et Alexandrine Moysan. Le 14 janvier 1945, Anne-Marie Turbaux rencontre le général De Gaulle, lorsqu'il vient remettre la croix de Compagnon de la Libération à la Ville de Nantes.

Puis le 13 mai 1945, à l'occasion des premières élections depuis la Libération de la France et alors que les femmes peuvent voter et se présenter comme candidates pour la première fois, Anne-Marie Turbaux devient la première adjointe élue de la Ville de Nantes. Elle occupe le neuvième rang des adjoints et se consacre aux thématiques liées à l'hygiène et à la petite enfance, ainsi qu'à l'état civil. Cinq autres femmes l'accompagnent comme conseillères municipales du nouveau maire Jean Philippot : Odette Legrand, Émilie Le Jalle, Marie-Louise Laporte, Yvette Rollet et Louise Gravaud.

Parallèlement à son travail d'adjointe, Anne-Marie Turbaux réussit à faire revenir le centre d'apprentissage pour jeunes filles à Nantes, alors qu’il avait dû déménager en Indre-et-Loire après les bombardements de 1943. En février 1945, la Société de Construction de locomotives des Batignolles accepte de louer le château du Launay, une de ses propriétés située dans le quartier de Saint-Joseph-de-Porterie. À partir de 1946, Anne-Marie Turbaux devient la directrice du centre, désormais intégré à la branche Enseignement Technique de l’Éducation Nationale et qui prend le nom de Centre d'Apprentissage Public Autonome. On enseigne à une centaine d'élèves, dont environ un tiers d'internes, l'hygiène, la puériculture, la couture et la confection de chapeaux.

Institutrice et directrice du centre d’apprentissage pour jeunes filles

Pour se consacrer entièrement à son poste de directrice, Anne-Marie Turbaux choisit de ne pas se représenter aux élections municipales suivantes et quitte son poste d'adjointe le 30 octobre 1947. Le château du Launay devient vite trop petit et de nouveaux locaux sont recherchés pour accueillir les jeunes apprenties. Pour financer ce projet, Anne-Marie Turbaux trouve des fonds pour le déménagement du Centre Féminin du Launay vers la Bottière.

Un chantier de construction situé sur un terrain municipal est lancé en 1952 et le nouveau centre ouvre ses portes deux ans plus tard. De nouvelles sections d'apprentissage sont également inaugurées dans la confection de vêtements, la teinturerie, mais aussi pour former des employées pour les collectivités. En 1970, l'institution devient mixte et prend le nom de Centre d'Enseignement Technique, avant de devenir le Lycée d'Enseignement Professionnel, puis Lycée Professionnel Léonard de Vinci en 1986.  

En 1958, Anne-Marie Turbaux-Le Pallier choisit de quitter la Bottière et de redevenir institutrice. Pendant deux ans, elle enseigne à l'école de la Fraternité dans le quartier Dervallières-Zola, où elle emménage rue du Plessis de la Musse, avec son mari Émile Le Pallier, qu'elle a épousé le 6 juin 1946, et leurs deux enfants, Françoise et Roland. Puis, elle enseigne à l'école maternelle Maisdon Pajot jusqu’à sa retraite.

Elle en profite ensuite pour voyager et jusqu’à la fin de sa vie, elle visite chaque année un pays différent avec son mari. Anne-Marie Turbaux-Le Pallier décède le 6 juin 1992 à Saint-Herblain. Le 10 juin, elle est inhumée au cimetière Miséricorde.

Cécile Gommelet
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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Pages liées

Bibliographie

Bouju, Nicole – Roche, Michèle – Viala, Christophe, La Bottière, histoire d’un quartier, éd. Nantes Habitat, 1995

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Nantes, ville compagnon de la Libération

Batignolles

Saint-Joseph de Porterie

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Femme célèbre Politicien Résistant

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Rédaction d'article :

Cécile Gommelet

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