L'école de filles du Sacré-Cœur est créée en 1864 sur le Haut-Chantenay. Dans l'entre-deux-guerres, elle s'ouvre à de nouveaux enseignements avec la création d'une école technique. Aujourd'hui, l'école privée s'est doublée d'un collège.
Le développement urbain du Haut-Chantenay à partir de 1830, consolidé par la création de la paroisse Saint-Clair en 1858, nécessite l’ouverture d’écoles primaires dans cette partie de la commune. A cette date, les enfants peuvent fréquenter soit les deux écoles communales (une de filles et une de garçons) du bourg de Saint-Martin, dirigées par des congrégations religieuses, soit les petites écoles privées ouvertes par des particuliers.
En 1864, à la demande de l’abbé Maillard, premier curé de la paroisse Saint-Clair, une école de filles est ouverte dans une maison près de la nouvelle église par la congrégation des sœurs de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus établie à la Salle-de-Vihiers dans le Maine-et-Loire. Cette congrégation enseignante était déjà implantée dans la commune puisqu’elle dirigeait l’école de l'Immaculée Conception de la rue des Réformes.
Une école libre de filles et un pensionnat, rue Giton
Le 9 septembre 1864, Jeanne Delaunay, dite sœur Saint-Bernard déclare son intention d’ouvrir une école libre de filles à Saint-Clair et le 11 octobre suivant, c’est au tour de Renée Perrine Thibault dite sœur de Saint-Honorat de soumettre sa volonté d’ouvrir une salle d’asile. L’école des sœurs se développe et en 1890, un pensionnat est ouvert. Ce dernier est agrandi en 1923 et une chapelle intérieure est édifiée au cours de ses travaux.
Entrée du pensionnat Sacré-Coeur, rue Giton
Date du document : sans date
Entrée du pensionnat Sacré-Coeur, rue Giton
Date du document : sans date
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
En 1935, l’école de filles du Sacré-Cœur est présentée dans l’Almanach paroissial de Saint-Clair de la façon suivante : « Pensionnat florissant, externat, cours de comptabilité, de dessin, d’anglais, de violon, de piano, de sténographie, de dactylographie. Préparation aux brevets. Salle d’asile pour les petits enfants. » A côté des classes primaires et primaires supérieures, une école technique « préparant aux divers certificats d’aptitude professionnelle (comptabilité, sténodactylo, enseignement ménager, cuisine, coupe, repassage…). » est officiellement ouverte au sein du pensionnat lors de la rentrée scolaire 1940.
Une école primaire et un collège
Après la Seconde Guerre, l’externat et le pensionnat accueillent les jeunes filles de la maternelle au baccalauréat. En 1944, des classes sont en effet ouvertes pour permettre à soixante-trois élèves de préparer ce diplôme. A cette date, cependant, la plupart des élèves de l’externat quittent l’école à quatorze ans après l’obtention du certificat d’études.
Entrée de l'ensemble scolaire Sacré-Coeur, rue Giton
Date du document : 03-04-2013
Entrée de l'ensemble scolaire Sacré-Coeur, rue Giton
Date du document : 03-04-2013
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
A partir de 1968, les classes de collège sont déplacées sur le site de l’Immaculée Conception tandis que l’enseignement technique est transféré dans le tout nouveau lycée ouvert au sein de la ZUP de Bellevue. En 1994, nouveaux changements, les classes de collège réintègrent le quartier Saint-Clair tandis que le lycée est transféré dans les locaux de l’Abbaye de Chantenay. Depuis cette date, l’école et le collège du Sacré-Cœur assurent la scolarisation des enfants de la maternelle à la troisième.
Nathalie Barré
Archives de Nantes
2013
Témoignage (1/7) : Garçons et filles, pensionnaires et externes
« Pour l’enseignement privé, les garçons allait rue Danton chez « Barbotin », du nom du directeur, dans l’actuelle école Saint-Clair. Les filles, elles, allaient au Sacré-Cœur, rue Thimothée. Le pensionnat et l’externat étaient séparés par un couloir...
Témoignage (2/7) : Pensionnaire au Sacré-Cœur
« A onze ans, je suis allée au pensionnat du Sacré-Cœur pendant deux trimestres, quand ma mère a dû aller au sanatorium de Laënnec. Enfant, j’habitais au 25, rue Appert. Mon père était chauffeur-livreur. Il livrait des boissons pour les Etablissements...
Témoignage (3/7) : Riches et pauvres
Avant le décès de mes parents, j’allais à l’école du Sacré-Cœur depuis l’âge de deux ans. A cet âge-là, c’étaient les classes d’asile. On rentrait par la rue Ampère. L’externat n’avait pas la même entrée que le pensionnat. Il y avait une différence entre...
Témoignage (4/7) : Une sortie par mois
Les pensionnaires ne sortaient qu’une fois par mois pour rentrer dans leur famille. On restait donc presque tous les week-ends. Le dimanche, on allait à Saint-Clair suivre la première messe et la grand-messe. Ensuite, on déjeunait et on nous emmenait...
Témoignage (5/7) : Institutrice ou sténodactylo….
J’ai quitté le pensionnat quand ma mère est décédée et je suis allée vivre avec mon frère chez un oncle et une tante qui habitaient boulevard Saint-Aignan dans le quartier de Pilleux. J’ai donc continué à aller au Sacré-Cœur où je suis restée jusqu’à...
Témoignage (6/7) : Par la petite porte...
« En 1939, je suis allée, dès deux ans et demi, à l’externat du Sacré-Cœur qui était tout à fait différent du pensionnat. Nous, nous étions les pauvres de la paroisse ! Quand je suis revenue vivre dans le quartier, je l’ai retrouvée, cette petite porte...
Témoignage (7/7) : Hors de Nantes, pendant la guerre
« Je suis allée à l’asile des sœurs de la Salle de Vihiers à vingt-deux mois. C’était une sorte de crèche ou d’école maternelle. Les sœurs s’occupaient de nous mais sans plus. Après, je suis allée à l’externat de Saint-Clair pour le primaire et le secondaire....
Témoignage (1/7) : Garçons et filles, pensionnaires et externes
« Pour l’enseignement privé, les garçons allait rue Danton chez « Barbotin », du nom du directeur, dans l’actuelle école Saint-Clair. Les filles, elles, allaient au Sacré-Cœur, rue Thimothée. Le pensionnat et l’externat étaient séparés par un couloir et un jeu de plusieurs portes. Cette séparation était aussi sociale puisque les filles de bonne famille allaient au pensionnat. Elles étaient en uniforme, changé deux fois par an : un pour l’hiver et un autre pour l’été. L’externat accueillait des enfants plus pauvres. Les tarifs étaient moins élevés mais les locaux étaient plus rudimentaires et le personnel pédagogique un peu bricolé. Je me souviens de sœur Marguerite que je considérais comme une ancêtre du haut de mes quatre ans ! C’est elle qui m’a appris à lire et à écrire ce dont je lui suis infiniment reconnaissante même s’il y avait des lacunes : la psychologie des enfants n’était pas leur souci premier… »
Propos de Lucie Le Pocreau recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/7) : Pensionnaire au Sacré-Cœur
« A onze ans, je suis allée au pensionnat du Sacré-Cœur pendant deux trimestres, quand ma mère a dû aller au sanatorium de Laënnec. Enfant, j’habitais au 25, rue Appert. Mon père était chauffeur-livreur. Il livrait des boissons pour les Etablissements Jamet. En 1928, il est décédé de la tuberculose à trente-huit ans. Onze ans plus tard, ma mère a succombé à la même maladie. Ce sont les patrons de mes parents qui ont payé pour moi quand je suis allée au pensionnat. Heureusement qu’il y avait des gens comme ça. D’autres enfants étaient dans le même cas que moi parce que la tuberculose concernait beaucoup de familles à cette époque. C’était la maladie du moment.
Propos de Jacqueline Rolland recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (3/7) : Riches et pauvres
Avant le décès de mes parents, j’allais à l’école du Sacré-Cœur depuis l’âge de deux ans. A cet âge-là, c’étaient les classes d’asile. On rentrait par la rue Ampère. L’externat n’avait pas la même entrée que le pensionnat. Il y avait une différence entre les deux parce que ce n’était pas le même prix et cela se sentait. C’étaient les filles des familles bourgeoises de Nantes ou d’ailleurs qui allaient au pensionnat. Il y avait aussi beaucoup de filles de commerçants. Certaines filles avaient beaucoup d’argent et elles pouvaient s’acheter plein de bonbons, plein de machins dans les kermesses, dans les ventes de charité et tout ça. Ça faisait envie à celles qui ne pouvaient pas ! Quand je suis allée au pensionnat, j’allais en classe à l’externat et je prenais les repas du midi et du soir avec les pensionnaires. Les classes de l’externat étaient séparées de celles du pensionnat. J’étais la seule élève de l’externat à dormir à l’internat et les autres pensionnaires me faisaient sentir que je n’étais pas de leur milieu. A cette époque, on devait être une cinquantaine de pensionnaires et certaines devaient avoir aux alentours de six ans. On dormait dans de longs dortoirs avec des lits dans tous les sens. Il y en avait même au milieu. C’était plein ! Il y avait le dortoir des grandes, le dortoir des moyennes et celui des petites. Ce qui était moche, c’était pour faire la toilette. On avait un grand bac en métal avec un robinet.
Propos de Jacqueline Rolland recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (4/7) : Une sortie par mois
Les pensionnaires ne sortaient qu’une fois par mois pour rentrer dans leur famille. On restait donc presque tous les week-ends. Le dimanche, on allait à Saint-Clair suivre la première messe et la grand-messe. Ensuite, on déjeunait et on nous emmenait faire un tour à pied vers la place Canclaux et la rue de Gigant. Dans le quartier, on savait quand les filles du pensionnat faisaient une sortie le dimanche ! Nous étions en rang avec notre uniforme, nos gants et notre chapeau en feutre l’hiver et en paille, l’été. On se faisait remarquer. Il y avait une bonne sœur devant le groupe et une autre derrière. Au retour de la promenade, c’était l’heure des vêpres. Alors, on tâchait de traîner pour ne pas y aller ! Il y avait tout le temps quelque chose. On était bientôt plus souvent à l’église qu’à l’école. Tous les matins, on se levait à six heures pour aller à la messe de sept heures dans la chapelle de l’école. Au mois de mai, il y avait la prière à Marie tous les soirs. Au mois d’octobre, c’était autre chose. En plus, moi, je faisais partie de la chorale. Je peux même vous chanter le Salve Regina en latin. Ça reste, c’est incroyable. ! En tout cas, je trouve que c’était trop quand même. C’est pour ça qu’après, je n’avais plus envie d’aller à la messe ! Et encore, j’ai eu de la chance parce que comme j’étais une petite nature, je n’étais pas obligée d’aller à la messe de six heures. Je pouvais me lever plus tard. C’était un petit privilège ! Le jeudi, je faisais de la gymnastique et de la rythmique dans la cour de l’école avec le club des « Alouettes ». C’était l’équivalent de « La Laëtitia » de Sainte-Thérèse. En général, dans chaque paroisse, il y avait un club de gym. On était toujours en compétition.
Propos de Jacqueline Rolland recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (5/7) : Institutrice ou sténodactylo….
J’ai quitté le pensionnat quand ma mère est décédée et je suis allée vivre avec mon frère chez un oncle et une tante qui habitaient boulevard Saint-Aignan dans le quartier de Pilleux. J’ai donc continué à aller au Sacré-Cœur où je suis restée jusqu’à seize ans. Comme les bonnes sœurs voulaient que je sois institutrice, je suis allée dans les classes du brevet. A cette époque, les sœurs recrutaient leurs futures institutrices parmi leurs élèves. Elles repéraient les capacités de certaines à mener une classe et c’est comme ça que certaines élèves sont devenues enseignantes dans cette même école. Mais finalement, ça s’est passé autrement pour moi parce que mon oncle et ma tante n’étaient pas très riches. Il a donc été décidé que j’apprenne un métier qui me permette de gagner ma vie plus vite. Il se trouve que des cours commerciaux ont été ouverts à ce moment à Saint-Clair. J’ai donc suivi ces cours pendant deux années. La classe était installée dans le dortoir des petites du pensionnat. J’ai passé mes examens de sténodactylo en 1941 et j’ai commencé à travailler juste après. »
Propos de Jacqueline Rolland recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (6/7) : Par la petite porte...
« En 1939, je suis allée, dès deux ans et demi, à l’externat du Sacré-Cœur qui était tout à fait différent du pensionnat. Nous, nous étions les pauvres de la paroisse ! Quand je suis revenue vivre dans le quartier, je l’ai retrouvée, cette petite porte par où l’on rentrait alors que les autres, les pensionnaires, avaient un grand portail ! Je n’en revenais pas qu’elle soit toujours là. Aujourd’hui, tout le monde entre par le grand portail. On n’était pas malheureuses parce que les sœurs étaient très gentilles mais la différence était énorme entre les externes et les pensionnaires. Par exemple, en maternelle, les pensionnaires étaient au jardin d’enfant avec de jolies tables vert pâle alors que nous, nous étions refoulées, c’est exactement ça, refoulées sous le préau dans une salle sans fenêtres avec des grandes tables comme celles qui servaient aux élèves plus âgées. Et c’était une vieille petite sœur qui s’occupait de nous. Les enfants du jardin d’enfants avaient leur récréation sur notre cour mais pas au même moment que nous parce qu’il ne fallait pas que l’on soit mélangées. Je me souviens de tout ça comme si c’était hier ! Pendant la guerre, on est partis à la Chevrolière et on a continué à aller à l’école là-bas. Ensuite, quand nous sommes revenus à Nantes, je suis retournée à Saint-Clair pour finir le primaire. Je ne savais même pas qu’une sixième existait parce qu’on ne nous orientait pas vers le secondaire. C’était réservé pour les filles du pensionnat. Nous, on allait en technique pour apprendre la comptabilité ou être employées de bureau. »
Propos de Françoise Bouyer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (7/7) : Hors de Nantes, pendant la guerre
« Je suis allée à l’asile des sœurs de la Salle de Vihiers à vingt-deux mois. C’était une sorte de crèche ou d’école maternelle. Les sœurs s’occupaient de nous mais sans plus. Après, je suis allée à l’externat de Saint-Clair pour le primaire et le secondaire. Je suis allée jusqu’au bachot et après, j’ai arrêté. Dans le secondaire, les filles de l’externat et de l’internat étaient mélangées ce qui n’était pas le cas en primaire. J’étais à Saint-Clair pendant la guerre et en 1943, je suis partie un an avec les sœurs au moment où les enfants devaient évacuer Nantes après les premiers bombardements. Ceux qui avaient de la famille pouvaient partir à la campagne mais pour ceux qui n’avaient pas cette possibilité, ce sont les sœurs qui se sont occupées d’accueillir les enfants dans le Maine-et-Loire à la Salle de Vihiers où se trouvait la maison mère. On est parties en car avec les enfants de l’Immaculée de la rue des Réformes parce que c’était la même congrégation qui s’occupait de cette école. Les sœurs avaient fait un regroupement. On est donc arrivées à la Salle de Vihiers et ensuite, les enfants ont été répartis par âge. Ceux du primaire étaient à Saint-Géréon près d’Ancenis et ceux du secondaire étaient à Chemillé près de la Salle de Vihiers. C’est là que je suis allée. On était pensionnaires dans un petit château mais c’étaient les filles pas trop costaudes qui dormaient là. Les filles plus solides allaient coucher ailleurs le soir. Nous, on allait dormir dans une école de Chemillé et un troisième groupe allait dans un couvent. La journée, les sœurs faisaient la classe. Ma mère m’envoyait des colis avec des boîtes de conserves qu’elle faisait sertir dans une usine de la rue Rollin. J’avais de la chance parce que peu d’enfants recevaient des colis. Elle venait aussi me voir avec des commerçants de la rue d’Orléans qui avaient leur fille à Chemillé. Ils tenaient un magasin de lingerie chic alors ils avaient les moyens. Ils ont donc proposé à ma mère de l’emmener avec eux pour qu’elle puisse me voir. Elle était contente parce que sinon elle n’aurait pas pu venir et ça faisait long sans voir ses parents. »
Propos de Monique Quéffélec recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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En bref...
Localisation :
Giton (rue) 17, NANTES
Date de construction :
1864
Typologie :
architecture scolaire
En savoir plus
Bibliographie
Archives municipales de Nantes, Autour de la place Emile-Zola, Ville de Nantes, Nantes, 2013 (coll. Quartiers à vos mémoires)
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