Docks et bassins de la Prairie-au-Duc
Au milieu du 19e siècle, le développement d’un quartier industriel favorise la création de bassins à flots sur la Prairie-au-Duc pour améliorer le fonctionnement du port. Projet privé puis public, la construction des docks illustre les difficultés à conserver des équipements qui subissent les assauts de la Loire et les perpétuelles transformations du port de Nantes.
L’aménagement de la Prairie-au-Duc en question
Il est possible que, dès le 17e siècle, une compagnie hollandaise ait proposé de transformer l’île de la Prairie-au-Duc en un quartier commercial traversé de canaux. Néanmoins, c’est en 1838 qu’un projet de deux passes à bateaux alliées à un pont entre l’île de la Madeleine et les chantiers Guibert est proposé par Théodore Bordillon, jeune entrepreneur angevin, et Joseph Chaley, constructeur parisien formé auprès des frères Seguin. Les bassins envisagés devaient être créés sur les treize hectares de la Prairie-au-Duc dont ils étaient propriétaires à la condition impérative de remplacer le pont Maudit par un pont à voie charretière.
Consultés, les ingénieurs des Ponts et Chaussées mettent en doute la solidité du pont projeté par Théodore Bordillon : le projet est donc abandonné.
Un projet financé par des acteurs privés
Ce projet de construction de bassins est réactivé en 1842 par la société des Docks et bassins suite au déplacement des chantiers de construction navale sur l’île de la Prairie-au-Duc. La société des Docks et bassins associe les précédents entrepreneurs et le baron Jules-Armand Arnous-Rivière, entrepreneur issu d’une vieille famille de négociants nantais. Les associés proposent de construire à leurs frais les équipements en échange de la perception des droits de péage.
Il n’est plus question de construire un pont mais seulement des docks. Il s’agit de bassins entourés de quais dans lesquels les bateaux pourraient prendre plus de temps pour charger et décharger leurs marchandises sans empêcher le bon fonctionnement du port maritime. Le projet est plébiscité et appuyé par de riches investisseurs fonciers comme M. Pelloutier. Ce dernier souhaite élever un nouveau quartier semi-industriel sur les terrains qu’il possède près des chantiers sur la Prairie-au-Duc et qui, éloignés de la ligne des ponts, ne pourront être ravitaillés que par l’eau. La création des premiers docks du port de Nantes est validée par le ministère en 1845.
Carte des îles de Nantes au 18e siècle
Date du document : 02/2021
La prise en charge du chantier par l’État
Le creusement des bassins commence en 1845 sous le contrôle des ingénieurs des Ponts et Chaussées Jégou et Bonamy. En 1848, la société des Docks et bassins est exsangue et cède son œuvre à l’État. Le service des Ponts et Chaussées consolide l’existant et devient gestionnaire de docks qui s’apparentent plus à des canaux navigables : l’un – nommé « canal Nord-Sud » – relie le bras de la Fosse à la boire de Toussaint ; l’autre – un bassin nommé « canal Est-Ouest » – dessert les chantiers de construction navale.
A cet aménagement public, vient s’ajouter un troisième bassin ouvert sans autorisation administrative par M. Pelloutier pour desservir les terrains qu’il possède dans la Prairie-au-Duc et en accroître la valeur foncière.
Plan des canaux de la Prairie-au-Duc
Date du document : 1848
De nouvelles améliorations pour les bassins
En 1856, Jules-Armand Arnous-Rivière, dont les finances se sont améliorées, demande à récupérer la propriété des bassins et se propose de les améliorer en faisant déboucher le canal Est-Ouest à l’arrière de l’île Lemaire et en créant des zones de carénage ou des espaces couverts pour le déchargement des marchandises fragiles.
L’État, maintenant propriétaire des lieux, ne souhaite pas remettre les bassins entre les mains d’un particulier. Néanmoins, le projet Arnous-Rivière pousse l’administration des Ponts et Chaussées à étudier l’amélioration des bassins.
Placard d'enquête d'utilité publique sur le projet d'amélioration des canaux de la Prairie-au-Duc
Date du document : 07-04-1865
En 1866, des travaux de construction de perrés et de cales, adjugés à l’entrepreneur nantais Pierre Bernard, sont lancés. Entre 1872 et 1874, le premier pont tournant est créé sur le premier bassin nommé « canal Nord-Sud ». Sa passerelle est réalisée par la société Voruz. Le second pont, situé sur le canal Blanchard qui rejoint la boire de Toussaint, est terminé en 1877.
Plan d'une passerelle métallique tournante à construire sur le canal Blanchard
Date du document : 01-1872
Le comblement des canaux
A peine terminés, les docks sont déjà en sursis. En 1882, l’extrémité du « canal Nord-Sud », nommée « canal Blanchard » et terminée cinq ans avant, est comblée pour permettre l’extension de la gare de l’État. En 1902, le canal Pelloutier qui sert de déversoir à l’usine d’acide sulfurique adjacente est également comblé pour des raisons de salubrité publique.
Nantes, les quais et le pont transbordeur
Date du document : vers 1900
Enfin, en 1909, les bassins principaux – le canal Nord-sud et le canal Est-Ouest – sont si ensablés que même les gabarres ne peuvent y entrer à certaines marées. Le service des Ponts et Chaussées entreprend leur comblement ce qui permet à la ville de créer la rue Léon Bureau.
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021
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Rédaction d'article :
Julie Aycard
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