Claude Cahun (1894-1954) et Suzanne Malherbe (1892-1972)
Tour à tour poète, essayiste, traductrice, nouvelliste, photographe et plasticienne, Claude Cahun partage sa vie et ses activités avec une dessinatrice et décoratrice, Suzanne Malherbe. Proches du surréalisme, elles réalisent des photomontages et des mises en scène d'objets.
Autoportrait de Claude Cahun
Date du document : vers 1927
Une enfance marquée par une interrogation sur le concept d’identité
Lucy Schwob, qui prendra par la suite le pseudonyme de Claude Cahun, est la fille de Maurice Schwob, le directeur du journal Le Phare de la Loire, acheté en 1876 par son grand-père George Schwob. Elle est aussi la nièce de l’écrivain Marcel Schwob.
Claude Cahun passe une enfance difficile malgré l’aisance matérielle de sa famille. Très tôt, sa mère, Marie-Antoinette Courbebaisse, sombre dans la démence et dès 1905, au lycée de jeunes filles de Nantes, Claude doit faire face à des persécutions liées aux origines juives de sa famille paternelle. Ainsi, de 1907 à 1908, elle poursuit sa scolarité à Parson’s Mead dans le Kent en Angleterre, puis elle revient au lycée de Nantes l’année suivante, où elle ne suit que certains cours.
Suzanne Malherbe
Date du document : entre 1939 et 1953
Une rencontre décisive sous le signe de l’écriture
Elle y retrouve Suzanne Malherbe qu’elle connaît depuis une dizaine d’années et dont elle tombe amoureuse. Entre 1912 et 1929-1930, cette dernière utilisera le pseudonyme de « Moore », ou plus rarement « Marcel Moore », pour signer ses travaux plastiques. En 1917, elles deviennent sœurs par alliance lorsque Maurice Schwob se remarie avec la mère de Suzanne, Marie Rondet. De 1915 à 1918, Suzanne Malherbe suit l’École des beaux-arts de Nantes, tandis que le Mercure de France et Le Phare de la Loire publient les premiers textes de Claude Cahun, illustrés par Suzanne Malherbe, sous le nom de Moore.
L’apogée du travail des deux artistes
Elles s’installent définitivement à Paris en 1922. Claude apporte sa contribution à différents projets, tandis que Suzanne Malherbe travaille avec elle comme collaboratrice. En 1928, Claude rejoint la troupe de théâtre « Le Plateau » animé par Pierre Albert-Birot, où elle a l’occasion de rencontrer Henri Michaux, ou encore Robert Desnos. Elle y développe un goût prononcé pour la mise en scène par le biais de déguisements et par l’usage du maquillage, notamment lors de la réalisation de ses nombreux autoportraits photographiques.
Dessin de Claude Cahun,  Sans titre 
Date du document : 20e siècle
La découverte du surréalisme
Parallèlement à ces activités, elle poursuit son travail d’écriture par la publication d’articles dans la revue le Mercure de France. En 1930, elle publie Aveux non avenus, un texte autobiographique illustré par des photomontages qui se mêlent à des fragments de journaux intimes, de lettres, et de poèmes. Avec la complicité de Suzanne Malherbe, elle explore le concept d’identité et subvertit tous les genres.
Deux ans plus tard, elles adhèrent à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), où elles fréquentent le groupe surréaliste et font la connaissance d’André Breton et de René Crevel. En 1936, Claude expose son travail lors de la première Exposition surréaliste d’objets à la Galerie Charles Ratton de Paris, et à Londres lors de l’International Surrealist Exhibition.
Claude Cahun
Date du document : entre 1939 et 1953
Les actes de résistance à Jersey
En 1937, elles achètent une ferme sur l’île de Jersey et s’y installent rapidement. Dès 1940, l’île est occupée par les Allemands, et elles participent à la Résistance en diffusant des tracts en allemand à destination des soldats de la Wehrmacht. En mars 1943, elles sont identifiées comme les auteurs et sont arrêtées l’année suivante puis condamnées à mort. Leur peine est commuée en 1945, et elles sont ensuite libérées après la libération de Jersey.
Chloé Voirin
Bibliothèque municipale
2019 (mis à jour en 2024 par François Leperlier)
En savoir plus
Bibliographie
Cahun Claude, Claude Cahun, Fage éditions, Lyon, 2017
Egger Anne, Claude Cahun, l’antimuse, Les Hauts-Fonds, Brest, 2015
Leperlier François, Claude Cahun : l’exotisme intérieur, Fayard, Paris, 2006
Leperlier François, et coll., Claude Cahun et ses doubles [exposition, Nantes, Médiathèque Jacques Demy, du 03 juillet au 31 octobre 2015], MeMo, Nantes, 2015
Webographie
Claude Cahun et Suzanne Malherbe à la Bibliothèque municipale de Nantes
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Contributeurs
Rédaction d'article :
Chloé Voirin
Enrichissement d'article :
François Leperlier
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