Cinéma L'Olympic
Sur le cadastre napoléonien de 1837, la parcelle sur laquelle est construit l'Olympic est une importante pièce d'eau ayant servi à une tannerie à proximité.
Plan d'élévation de la salle de cinéma L'Olympic
Date du document : 1926
En mai 1926, les architectes Léon Drouillard et Louis Vachez dressent les plans d'une nouvelle salle de cinéma qui ouvre en octobre 1927. Elle est construite par les entrepreneurs Baudon et Angers. La jauge est alors de 800 places assises avec strapontins.
Plan d'élévation de la salle de cinéma L'Olympic
Date du document : 1926
1927 : ouverture de l’Olympic
Sur le boulevard de la Liberté l'élévation de la façade, peinte en blanc, est caractéristique des années 1920-1930. Le nom du "Olympic Cinéma" est inscrit dans le linteau supérieur. Des macarons avec les initiales OC sont présents au-dessus des pilastres de chaque côté de la façade. Les portes, modifiées après la construction, obturent la vision du lettrage au sol : "Cinéma Olympic" en tesselles de céramique.
Le cinéma est muet, deux séances sont données chaque dimanche.
1930’s : la troisième salle de cinéma sur Nantes
En 1929, Émile Bernard rachète la salle et fait construire un balcon de 170 places. Sur la vingtaine de cinémas que compte la ville de Nantes à l'époque, l'Olympic devient la troisième salle en nombre de places. Outre les deux séances dominicales, la séance du jeudi après-midi, jour de relâche des enfants, fait salle comble. La salle sert aussi pour les réunions de la SFIO, très active à Chantenay.
En 1943, suite aux bombardements, Émile Bernard quitte la ville et revend la salle à M. Lamotte, un nouvel exploitant qui maintient l'activité jusqu'à la fin de la guerre.
1950’s-1960’s : le succès populaire d’un cinéma de quartier
En 1951, le cinéma change à nouveau de propriétaire et est entièrement rénové durant l'été 1952. En 1954, le film "La Tunique" de Henry Koster est projeté en cinémascope à Chantenay, bien avant L'Apollo, rival de la rue Racine. L'Olympic vit son heure de gloire et occupe une place importante dans la vie culturelle du quartier.
C'est d’ailleurs dans cette salle que Jacques Demy voit son premier film ; il fréquente assidûment cette salle obscure et y projette en avant-première son premier long-métrage "Lola" en 1961. Le succès de l’avant-première est tel qu’il y aura une heure de retard faute de places suffisantes.
La désindustrialisation du quartier et la fermeture de l’Olympic
Le cinéma de la place Jean Macé entame un lent déclin à la fin des années 1960. A la suite de la fermeture d'établissements industriels comme la Raffinerie de Chantenay ou la Conserverie Amieux, la population ouvrière déserte l'Olympic qui baisse son rideau en 1968.
En 1970, la salle est transformée en supérette par son nouveau propriétaire. Plusieurs enseignes se succèdent : UNA, puis Unico et Timy ; mais l'activité cesse en 1984.
Fin des années 1980’s : le Magestic, une scène musicale mythique
En 1987, Catherine Le Moullec et son Théâtre de la petite Ortie adaptent "Oh les beaux jours", une pièce de Samuel Beckett. C’est la première fois que le spectacle vivant investit l’Olympic. Deux acteurs associatifs Marc Guihéneuf et Jean Autret investissent à leur tour la salle en y organisant des concerts. L'Olympic devient "Le Magestic" et voit défiler Ange, Bashung, La Mano Negra ainsi que de nombreux groupes locaux de rock alternatif.
Intérieur de la salle de cinéma L'Olympic
Date du document :
La Ville de Nantes décide de racheter le lieu en 1990 et conforte la fonction de salle dédiée aux musiques actuelles en la mettant à disposition des structures qui programment des concerts. En 1993, un dernier concert a lieu avant une campagne de rénovation par les architectes anglaises Sandra Douglas et Elena Massuco, repérées pour leur intervention sur le "Dry Bar" à Manchester. Le graphiste Olivier Vaughan collabore également à ce projet.
1995 : réouverture de l’Olympic, scène de musiques actuelles
La salle rouvre ses portes en 1995. La direction de l'Olympic est confiée au CRDC – scène nationale de Nantes qui produisait entre autres les Allumées – et plus particulièrement à Eric Boistard. Rapidement elle devient l'une des scènes de musiques actuelles les plus reconnues en France, présentant Daft Punk alors inconnus, Muse, Gossip, Pony Pony Run Run et bien d’autres. L'activité de salle de concert cesse en 2011 et est transférée sur l'Ile de Nantes pour mener le projet Stereolux.
La Fabrique Bellevue-Chantenay, lieu de création artistique
La Fabrique Bellevue-Chantenay, ancien cinéma Olympic et Magestic
Date du document : 22-06-2018
Aujourd'hui, la salle de l'Olympic est devenue un lieu de résidence artistique dédiée à la musique, mais aussi la danse, le théâtre, les arts numériques... Renommée la Fabrique Bellevue-Chantenay, elle accueille désormais des équipes artistiques sur des projets en fin de création.
Aurélie Mathias
Direction du patrimoine et de l'archéologie
2020
En bref...
Localisation : Liberté (boulevard de la) 30 ; Tannerie (rue de la) 27, NANTES
Date de construction : 1927
Auteur de l'oeuvre : Drouillard Léon et Vachez Louis (architectes) ; Douglas Sandra et Massuco Elena (architectes reconstruction 1993)
Typologie : architecture civile publique et génie civil
En savoir plus
Bibliographie
Abed-Denesle Loïc, « L'Olympic du cinéma muet aux musiques actuelles », Nantes Passion, n° 208, novembre 2010, p. 50-51
Chantal Sylvain, L'Olympic Club de Nantes, Association Songo, Nantes, 2010
« L'Olympic : de Jacques Demy à Oasis », dans Rok de 1960 à nos jours : 50 ans de musique éléctrifiée en Bretagne, T. 2. De 1990 à nos jours, LADTK, Rennes, 2013, p. 11
Simon Audrey, « Olympic : retour sur les belles années », À Nantes reportages, n°1, septembre 2011, p. 72-73
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Rédaction d'article :
Aurélie Mathias
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