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Belem


Le Belem est un trois-mâts construit en 1896 aux chantiers Dubigeon de Chantenay. Il appartient alors à l’armement Crouan Fils, dont la flotte se spécialise dans le commerce. Au fil du 20e siècle et de ses rachats, le Belem connaît de multiples vies, jusqu’à devenir un navire-école ouvert au grand public.

Belem, une abréviation de Bethléem en langue portugaise. À Lisbonne, à l’embouchure du Tage, c’est une capitainerie et une tour servant de vigie. De l’autre côté de l’Océan, au nord-est du Brésil, c’est un port, le débouché maritime d’un immense bassin irrigué par l’Amazone.

Le  <i>Belem</i>  à Nantes

Le  Belem  à Nantes

Date du document : 12-09-1985

Bateau classé

À Nantes, c’est un élégant trois-mâts classé Monument historique en 1984 après avoir été sauvé du naufrage par une fondation reconnue d’utilité publique et financée par la Caisse d’épargne. Ce n’est donc pas le fait du hasard si ce nom fut donné à un navire, construit sur les bords de la Loire en 1896, et destiné principalement à ravitailler la chocolaterie Menier en cacao d’Amérique du Sud ou des Caraïbes.

« Le yacht »

Le Belem – 51,96 mètres de long, 406 tonneaux de jauge – est un voilier à coque d’acier construit aux chantiers Dubigeon pour l’armateur nantais Fernand Crouan. Il fait partie d’un armement comprenant huit navires, dont six construits par Dubigeon, destinés au commerce transatlantique et principalement au transport de mules (à l’aller) et de denrées tropicales (au retour). C’est un trois-mâts capable d’affronter les mers du sud à l’instar des cap-horniers construits en grand nombre à cette époque, même s’il n’en a pas la taille ni la capacité. Dès son lancement, il se distingue par son élégance, au point qu’on le surnomme « le yacht de l’armement Crouan ».

Il a survécu aux flammes

L’histoire du Belem est mouvementée. Dès le premier voyage, à Belem, un incendie ravage le bord et carbonise les mules qu’il transporte. De retour à Nantes c’est la remise en état du navire, puis un nouveau départ avec un chargement de pierres extraites de la carrière de Miséry pour l’Uruguay. De retour en août 1897, le Belem effectue encore plusieurs voyages (jusqu’en 1907) vers le Brésil et aussi les Antilles, toujours pour le compte de la maison Menier. Au cours d’une de ces traversées, en mai 1902 à la Martinique, son poste d’amarrage à Saint-Pierre étant occupé, il mouille dans un port distant de 25 kilomètres, et échappe ainsi à l’éruption de la montagne Pelée, qui ravage le port et tous les navires qui s’y trouvent. Le Belem navigue au commerce jusqu’en 1914. Il entame alors une carrière de yacht au service du duc de Westminster, son nouveau propriétaire.

Jean Chauvelon, capitaine du   <i>Belem</i> , et son équipage

Jean Chauvelon, capitaine du  Belem , et son équipage

Date du document : 1900

Le tour du monde de Guinness

Ainsi commence la deuxième vie du navire qui subit des transformations faisant de lui un navire de plaisance. Équipé de deux moteurs, il conserve toutefois l’intégralité de son gréement. En 1922, devenu propriété du brasseur irlandais Arthur-Ernest Guinness, le Belem est rebaptisé Fantôme II, nom sous lequel il fait le tour du monde en 1923. À la mort de Guinness, en 1939, le navire est désarmé à l’île de Wight. C’est là qu’un Italien, le comte Giorgio Cini, le découvre en 1952 et en fait un navire-école. Il navigue dans l’Adriatique jusqu’en 1965. Puis, jugé trop vieux, il allait mourir de mort lente à Venise quand un touriste amateur de bateaux, le médecin Luc Gosse, le découvre en 1970. Il faut encore attendre six ans pour que la Caisse d’épargne rachète le navire octogénaire, et le ramène à Nantes, son lieu de naissance et son port d’attache, après une longue escale à Paris, près de la tour Eiffel où il est restauré.

Au moment même où disparaissent les chantiers navals et où le port continue de glisser vers l’aval, le retour du Belem sauve quelque chose de l’image maritime de Nantes. Le plus ancien trois-mâts d’Europe en état de naviguer participe à de nombreux rassemblements d’anciens voiliers. Il sert également de bateau d’entraînement aux mousses de la Marine nationale.

Yves Rochecongar
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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En savoir plus

Bibliographie

Belem, un trois-mâts de légende, Musée de la Marine, Fondation Belem, Paris, 2011

Decoin Benjamin (photogr.), Gilles Daniel, Belem : témoin d'hier, acteur d'aujourd'hui, Éd. du Chêne, Paris, 2015

Gosse Luc-Olivier, Le Belem ou le destin d'un navire, Terre et Mer, Grenoble, 1984

Hillion Daniel, Le Belem : cent ans d'aventures, Éd. de l'Épargne, Paris, 1996

Noli Jean, Plisson, Philip (photogr.), Le siècle du Belem, Gallimard, Paris, 1996

Webographie

Nantes, la métamorphose d'une ville - Auran/Ina : Le retour du Belem à Nantes

Site de la Fondation Belem Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

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Dossier : La plaisance à Nantes

Dubigeon

Ports

Tags

Activité portuaire Bateau Chantier naval Monument historique

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Rédaction d'article :

Yves Rochcongar

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