Ancienne chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours
La chapelle de Bonsecours est un édifice médiéval dont la reconstruction au 18e siècle permet de lier l’ancien quartier de la Saulzaie et le nouveau quartier Feydeau. Ouvrant sur le quai Turenne, la chapelle de Bonsecours rebâtie devient un bâtiment d’entrée de ville en cohérence avec l’architecture des nouveaux immeubles du front urbain.
Une chapelle primitive sur l’île de la Saulzaie
La chapelle de Bon-Secours est fondée en 1443 par Alain Resmond, bourgeois de Nantes, habitant l’île de la Saulzaie. À cette date, la construction d’un édifice est déjà en cours avec le concours des habitants de l’île. La chapelle est confiée aux soins du recteur de la paroisse Sainte-Croix et les habitants dotent cette fondation de plusieurs rentes « considérant ledit Resmond que c’est peu de chose que de bâtir des églises ou des chapelles si l’on ne pourvoit au soutien et à l’entretien de ces sortes d’édifices ». La construction de la chapelle évite aux habitants la traversée du pont de la Poissonnerie ou pont d’Aiguillon pour entendre la messe à l’église Sainte-Croix. Dès 1463, une chapellenie Saint-Gatien est fondée dans cet édifice.
Pont de Belle-Croix, rue Bon-Secours
Date du document : fin du 19e siècle
La chapelle, engoncée dans un tissu urbain très dense, est un petit bâtiment rectangulaire d’environ 16 mètres de long sur 10 de large dont la façade occidentale est percée d’un portail et surmontée par un clocher en charpente. Le vaisseau central est couvert d’un lambris en berceau qui laisse voir les trois fermes de la charpente.
Une nouvelle chapelle dans l’alignement du quai Turenne
En 1753, Nicolas Portail, architecte-voyer de la ville, visite l’édifice en compagnie du recteur de la paroisse Saint-Nicolas : la chapelle est délabrée. La petitesse de l’édifice et de son assiette foncière ne permet pas à la paroisse de le reconstruire avantageusement. Deux maisons en pierre et pans de bois qui lui sont accolées sont achetées pour doubler la surface de l’édifice et permettre son alignement sur les maisons du quai – « ce qui serait un avantage au public, et ferait un embellissement considérable pour cet endroit ».
La Ville empiète le terrain agrandi de 4,50 mètres de large pour créer une ruelle (actuelle rue Pagan) et permettre une desserte plus facile des maisons voisines. Après plusieurs années de contestation, la paroisse fait, en 1776, une demande d’autorisation de démolition de l’ancien édifice et de réédification dans l’alignement. Le terrain est exhaussé pour atteindre la même hauteur que celui de l’île Feydeau. La chapelle est reconstruite en 1777 en intégrant les éléments non détruits de l’édifice originel.
C’est un édifice de plan presque carré à deux niveaux d’élévation. Ses façades extérieures sont rythmées par des dosserets sommés de chapiteaux d’ordre ionique. Le premier niveau d’élévation est nu et séparé du second par un bandeau horizontal en ressaut. Le second niveau est scandé par des ouvertures en arc segmentaire et des niches à statues. L’ensemble est couvert par une toiture à deux pans surbaissée. La façade principale traitée en pignon regarde vers la Loire. Au débouché du pont de la Belle-Croix, elle offre une nouvelle entrée de ville sur la ligne de pont.
Changement de destination à la Révolution
Pont Belle-Croix vu du quai de l'Hôpital
Date du document : 1842
Durant la Révolution, l’édifice, séparé en quatre lots, est vendu comme bien national. Chaque lot devient une maison particulière se développant sur deux voire trois étages. Les rez-de-chaussée sont transformés en boutique et arrière-boutique. Ce changement de destination va peu à peu transformer le bâtiment. Des planchers sont mis en place pour permettre la création de deux étages et d’un comble aménagé. Les percements sont modifiés : entre les dosserets des étages, de longues baies rectangulaires dont l’archivolte imite un entablement sont superposées et pourvues de balcons ouvragés. Le pignon de la façade principale est abattu et la toiture est mansardée sur quatre pans.
Au fur et à mesure des décennies, les logements s’abîment puis se paupérisent. Avec le comblement des bras de la Loire, l’ancienne chapelle de Bonsecours perd également son importance dans la mise en scène de l’entrée de ville. À la fin du 20e siècle, des investisseurs confient le bien à un promoteur qui le laisse à l’abandon. L’édifice est vandalisé puis muré pendant plusieurs années.
Quai de Turenne, Nantes
Date du document : 11-07-2017
En 2011, la justice ordonne la réhabilitation de l’édifice. Confié à l’atelier Architecture Munsch, la restauration du bâtiment s’étale sur trois années. Les travaux s’achèvent en 2014, redonnant à l’ancienne chapelle de Bonsecours une fonction importante dans le front urbain du quai Turenne.
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021
En bref...
Localisation : Turenne (Quai) 1B ; Bon Secours (Rue) 12, NANTES
Date de construction : 1776
Typologie : architecture religieuse
En savoir plus
Bibliographie
L’intermédiaire nantais, pour l’année 1911, recueilli et mis en ordre par un vieux nantais. ed. Aux bureaux du phare de la Loire
Pages liées
Dossier Habitat et urbanisme des bords de Loire
Rues de la Haute-Saulzaie et Basse-Saulzaie
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Rédaction d'article :
Julie Aycard
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