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Associations sportives


En 2012, Nantes compte 45 000 licenciés de fédérations sportives et affinitaires, 15 000 de fédérations scolaires et universitaires, pour un total de 368 associations sportives représentant 106 disciplines. En constante augmentation d’une année sur l’autre, ces chiffres sont porteurs d’une réalité qui s’inscrit dans le temps long : à partir du milieu du 19e siècle, l’éveil à la modernité sportive s’accompagne d’une «manie » de l’association.

Trois disciplines dominent alors un paysage associatif marqué par une relative instabilité (durée de vie des sociétés relativement courte, mouvement de fusions et de successions), la pérennité de quelques sociétés faisant exception : voile et canotage (Sport nautique de l’Ouest en 1882, après qu’un premier Cercle nautique de Nantes a vu le jour en 1857), gymnastique (La Nantaise autorisée en 1883) et vélocipédie (Vélocesport nantais en 1892). Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la fréquentation des sociétés sportives demeure surtout l’apanage des classes supérieures : armateurs, négociants et industriels dominent largement les conseils d’administration du Rowing-Club de l’Erdre (1883) ou du Club des cyclistes de Nantes (1888) et l’admission dans toute société – l’association sportive est un entre-soi – se fait par parrainage et cooptation.

Le temps de la concurrence

La loi sur la liberté d’association de 1901 confère aux associations une fonction cardinale dans l’animation du mouvement sportif. Avec la création en 1903 (la déclaration officielle date de 1909) du Stade nantais université club (Snuc), Nantes compte, pour la première fois, une structure omnisports, pour la pratique de « tous les exercices physiques et jeux de plein air, notamment le football-association, le football-rugby, les courses à pied, le golf, le tennis, le canotage », mais aussi le basketball ou la préparation militaire jusque dans l’entre-deux-guerres. Autre singularité de l’associationnisme sportif : la gymnastique cristallise les tensions nées de la séparation des Églises et de l’État, et de nombreux patronages catholiques organisent puis déclarent en préfecture leurs sections de gymnastique et de préparation militaire entre 1906 et 1914. Ce creuset, au fur et à mesure de l’enrichissement des activités physiques et du glissement vers les sports collectifs, permet, après 1920, une large diffusion du football (la Mellinet, derrière la figure motrice qu’est Marcel Saupin, ou la Saint-Pierre) et du basket-ball (l’Hermine et la Similienne), ces sports cohabitant avec d’autres activités culturelles d’éducation populaire, tel le théâtre ou le cinéma (l’Association sportive et culturelle Bonne Garde est symbolique de la persistance de la cohabitation entre les activités physiques – gymnastique notamment – et l’organisation de revues théâtrales).

À l’image des patronages catholiques, l’association sportive se présente véritablement, pendant une large part du 20e siècle, comme un lieu affinitaire. La fondation de clubs féminins (en 1921, le Namneta-sports est la première association féminine d’éducation physique et de sport de Nantes), corporatifs (le Métallo sport chantenaysien naît en 1946 de la concertation des comités d’entreprise des anciens chantiers Dubigeon, de la Compagnie nantaise de réparation navale et des établissements Paris) et laïques (les activités sportives de nombreuses amicales laïques se structurent dans les années 1930), procède d’une logique similaire et permet la popularisation du sport. En 1936, l’administration préfectorale subventionne vingt-trois sociétés sportives à Nantes, mais la ville, ses quartiers ou ses entreprises sont riches de bien davantage de cercles sportifs organisés.

Gymnastes de la Chantenaysienne

Gymnastes de la Chantenaysienne

Date du document : 1909

Le foisonnement du dernier demi-siècle

Les années d’après-guerre conduisent à une augmentation sensible du nombre des associations déclarées et à une recomposition de leur panorama, avec trois traits remarquables. Tout d’abord, la dimension omnisports est une nouveauté dans la structuration de certaines sociétés : par exemple, l’Association sportive des postes, télégraphes et téléphones (ASPTT) s’organise après 1944 et compte un nombre croissant de sections (au départ : football, basket-ball, volley-ball, natation et culture physique) pour devenir le premier club nantais en nombre de licenciés.

Equipe sportive de  <i>L'Hermine</i>  de Nantes, section des adultes

Equipe sportive de  L'Hermine  de Nantes, section des adultes

Date du document :

En outre, l’émergence de sports nouveaux s’accompagne de la création de nouvelles associations : en 1949, le Judo Club de Nantes est, par exemple, le premier club d’arts martiaux du Grand Ouest. Au fil du temps, l’association sportive se pose en vecteur de légitimation des pratiques nouvelles (volley-ball dans les années 1960, tennis dans la décennie suivante…). Enfin, la recherche du haut niveau conduit, avec des fortunes diverses, à la constitution de structures à même de franchir les échelons sportifs au pas de course : le Football Club de Nantes (FCN) naît en 1943 du rapprochement de cinq clubs nantais ; l’Athlétic basket club (ABC Nantes) voit le jour en 1950 avec les meilleurs éléments d’autres équipes de la ville ; le Handball club nantais (désormais connu comme le «H») est fondé en 1953… Dans ce paysage en constante évolution, le sentiment d’appartenance reste un trait caractéristique de l’association sportive. Certes, ce sentiment s’est vidé de sa dimension la plus idéologique – faire du sport dans un « patro », une « amicale » ou un « club corpo » a perdu de son acuité – mais il demeure manifeste, ou est revendiqué comme tel, à travers l’inscription d’une association sportive dans un quartier (l’Hermine sur la butte Sainte-Anne, par exemple) et dans une histoire (omniprésence des rubriques « historique » sur les pages internet des associations).

Samuel Boche
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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En savoir plus

Bibliographie

« Le sport à Nantes et en Loire-Atlantique, naguère, hier et aujourd’hui », Annales de Nantes et du Pays nantais, n°236, 1990

Padioleau, Hervé, Nantes, cité sportive des origines à 1918, CMD, Montreuil-Bellay, 1998

Pages liées

Dossier : les équipements sportifs nantais

Association Bonne Garde

La Mellinet Stade Michel-Audrain

FC Nantes

ASPTT Salle Georges-Ovinet

Tags

Association Loisir Sport Équipement sportif

Contributeurs

Rédaction d'article :

Samuel Boche

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