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Clémence Royer (1830 – 1902) Étienne Destranges et Jeanne Salières

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Yvonne Pouzin-Malègue (1884 – 1947)


Première femme à exercer la profession de médecin hospitalier, Yvonne Pouzin-Malègue est une figure majeure de la lutte antituberculeuse en Loire-Atlantique.

Yvonne Pouzin est née le 21 février 1884 au domicile de ses parents situé quai Brancas face à l'île Feydeau. Son père, Edmond Pouzin, est un industriel spécialisé dans le vermicelle, sa mère, Marie Guillou, est rentière et son grand-père paternel est horloger. Yvonne reçoit une éducation très moderne pour son époque. Ainsi, elle apprend à nager et à conduire et est encouragée par sa famille quand elle souhaite devenir médecin.

Portrait d’Yvonne Pouzin-Malègue

Portrait d’Yvonne Pouzin-Malègue

Date du document : 1923

Première practicienne hospitalière de France

Tout d'abord élève aux Ursulines, futur lycée Blanche-de-Castille, elle obtient un brevet supérieur, puis travaille seule dans la maison familiale pour obtenir son baccalauréat. À partir du mois de novembre 1905, elle étudie à l'École de médecine de Nantes. Elle se rend ensuite à Paris pour préparer le concours des Hôpitaux. Elle est reçue comme externe en 1908, puis comme interne en 1912, avant de soutenir sa thèse sur les enfants touchés par le syphilis en 1916. En 1919, elle passe avec succès le concours de médecins des Hôpitaux à Nantes et devient la première femme practicienne hospitalière de France. Elle se consacre à la phtisiologie, une branche de la pneumologie qui traite spécifiquement de la tuberculose.

Lors d'un stage à Paris, elle se forme à une nouvelle technique novatrice pour soigner les tuberculeux, la collapsothérapie, qui consiste à provoquer un pneumothorax artificiel pour mettre le poumon au repos et permettre la cicatrisation des lésions. Elle va ensuite introduire et permettre le développement de cette méthode à Nantes et dans toute la Loire-Atlantique. La collapsothérapie sauve de nombreuses vies avant que les antibiotiques antituberculeux n'apparaissent enfin dans les années 1950.

Yvonne Pouzin enseigne également la médecine et effectue de nombreuses recherches sur ses sujets de prédilection. Ses publications médicales lui valent la reconnaissance de la profession et elle est nommée à la Société médicale des hôpitaux de Paris en 1924. Dans les années 1920, elle est invitée à participer au premier congrès des femmes phtisiologues à New York. Yvonne Pouzin devient aussi vice-présidente de l'Office central des œuvres d'hygiène sociale à Nantes et s'occupe d'un dispensaire pour les tuberculeux à La Baule.

Rencontre avec l’écrivain Joseph Malègue

À l'approche de la quarantaine, sa vie privée va également prendre un tournant heureux. Alors qu'une connaissance commune, Marthe Homéry, manœuvre pour les faire se rencontrer, Yvonne Pouzin et l'écrivain Joseph Malègue se croisent dans un train, où ils ont un véritable coup de foudre. Ils se marient le 28 août 1923 lors d'une cérémonie religieuse à l'église Notre-Dame-de-Bon-Port de Nantes et s'installent ensemble au 15, rue Arsène-Leloup, dans le centre-ville.

Yvonne Pouzin-Malègue avec son mari Joseph Malègue

Yvonne Pouzin-Malègue avec son mari Joseph Malègue

Date du document : 1939

En proie au doute après plusieurs échecs littéraires, Joseph Malègue travaille alors comme professeur à Savenay. Son épouse l'encourage à quitter l'enseignement et à se consacrer entièrement à l'écriture de Augustin ou le Maître est là, un roman qui rencontre un très grand succès critique et populaire dès sa sortie en 1932. Le livre est dédicacé à Yvonne Pouzin-Malègue par ses quelques mots écrits en latin : « Que cette œuvre te soit dédiée, à toi par la collaboration affectueuse et attentive de qui elle fut écrite, ma sœur épouse. »

La carrière de Joseph Malègue est enfin lancée mais elle sera brève. Le 30 décembre 1940, il meurt d'un cancer de l'estomac, sans avoir achevé l'écriture de son second roman Pierres noires : Les Classes moyennes du Salut. Pendant de nombreuses années, Yvonne rassemble ses manuscrits et ses notes, ce qui permet ainsi la sortie d'une édition posthume de l'ouvrage en 1958. Elle consacre également du temps à la rédaction d'une biographie de son mari qui paraît en 1947, peu de temps avant son décès.

Tombe d’Yvonne Pouzin-Malègue et de Joseph Malègue

Tombe d’Yvonne Pouzin-Malègue et de Joseph Malègue

Date du document : 04-02-2014

À quelques jours de ses soixante-trois ans, Yvonne Pouzin-Malègue meurt d'un cancer des intestins le 15 avril 1947 à son domicile de la rue Leloup. Ses obsèques se déroulent en l'église Notre-Dame-de-Bon-Port et elle est enterrée au cimetière Miséricorde, où elle rejoint son défunt mari. À Nantes, dans le quartier Dervallières-Zola, une rue porte aujourd'hui son nom, là où s'élevait auparavant l'Hôpital Laënnec dans lequel elle exerça de nombreuses années.

Cécile Gommelet
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En savoir plus

Bibliographie

Robin, Christian, « Joseph et Yvonne Malègue », Les Annales de Nantes et pays nantais, n°244,‎ deuxième trimestre 1992, p. 19-20

Schuller, Marie-Pascale, Pionnières des soins, Éditions LC, 2018, p. 62

Pages liées

Faculté de médecine

Église Notre-Dame de Bon Port

Cimetière de Miséricorde

Dossier Femmes nantaises

Tags

Femme célèbre Santé et hygiène

Contributeurs

Rédaction d'article :

Cécile Gommelet

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