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Marché d’Intérêt National de Nantes Avenue, promontoire et escalier de Lusançay

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Association Bonne Garde


L’association sportive et culturelle Bonne Garde, située dans le quartier Nantes Sud, est l’héritière de l’ancien patronage de Bonne Garde. Si dans un premier temps cette structure avait pour principale vocation d’encadrer la jeunesse du quartier, elle est devenue avec les années un véritable pôle d’animation local pour tous, créateur de lien social et de solidarités.

L’Église et l’encadrement de la jeunesse

L’histoire débute en 1844 avec Notre-Dame de Toutes Joie, le premier patronage nantais. À l’origine situé à proximité du parc de Procé, il est devenu le centre sportif et culturel La Laetitia et s’est installé au pied de l’église Sainte-Thérèse. Ce premier patronage, florissant, servira de modèle à ceux qui suivront : Saint Clair, Notre-Dame de Toutes Aides, La Similienne, etc. Bonne Garde, dans le quartier Saint Jacques, est fondé à la fin de ce cycle de précurseurs.

La fin du 19e siècle est alors marquée par un processus de laïcisation de la société dont « l’apothéose » est la loi de 1905 qui ancre la séparation de l’Église et de l’État.

Porte latérale de l’église Saint-Jacques

Porte latérale de l’église Saint-Jacques

Date du document : 28-02-2020

En interne, l’Église est elle-même partagée entre les nostalgiques de l’Ancien Régime, très présents dans la hiérarchie, et un catholicisme social. Ce dernier ne se réfugie pas dans le principe de la charité. Il est profondément marqué par les conditions de vie imposées au monde ouvrier mais ne va toutefois pas jusqu'à prôner des idéaux socialistes.

La stratégie est claire, la cible l’est tout autant : l’encadrement de la jeunesse, sept jours sur sept. L’école catholique en semaine, les offices les dimanches et jours de fêtes religieuses, le patronage pour le temps libre. L’Église a un temps d’avance sur les organisations laïques, mais cette avance se dissipera lorsque le monde laïque adoptera une stratégie concurrentielle de même nature, d’où la célèbre formule « l’opposition laïc/catho ». Cette opposition frontale est en quelque sorte l’autre versant du conflit ouvert entre l’État et l’Église.

Si ces éléments contextuels expliquent la création du patronage de Bonne Garde, ce dernier n’a cependant jamais été confronté à une lutte entre laïcs et catholiques comme ce fut le cas à Chantenay ou à Doulon. La paroisse, les clercs, les congrégations étaient dominants. Hormis les médecins, les soignants de l’hôpital Saint-Jacques étaient des sœurs de la Sagesse. L’institut départemental pour sourds et muets de la Persagotière était conduit par la congrégation Saint-Gabriel. Les écoles maternelles et primaires avaient précédé l’école publique (1888) depuis longtemps. Il n’y avait pas d’amicale laïque. Et les maraîchers, la force économique du quartier, étaient de puissants soutiens à la paroisse.

À cette époque, Nantes Sud est un immense terrain agricole maraîcher, à l’exception d’un noyau urbain occupé par quelques petites entreprises autour de la place Pirmil et de la rue Dos d’Âne, il est  peuplé d’ouvriers de la métallurgie, d’ouvrières maraîchères, d’employés de service de l’hôpital et d’artisans. Ce quartier n’avait rien à voir avec les concentrations ouvrières de Chantenay traversées par les idéaux et les organisations socialisantes. La paroisse œuvrait sans concurrence.

Quartier de Pont-Rousseau

Quartier de Pont-Rousseau

Date du document : début 20e siècle

Le théâtre avant tout

L’ADN des patronages de l’époque est marqué par la pratique de la gymnastique, profondément imprégnée de culture militaire, et les cercles d’étude, semblables à des clubs de discussion et de réflexion, qui ne sont pas sans rapport avec l’éducation populaire. Mais l’originalité du patronage de Bonne Garde est que cet ADN n’a pas pris. Le groupe de jeunes (tous masculins et âgés de 17 à 18 ans) ne jure que par le théâtre comique, dont parfois le comique troupier fort à la mode à l’époque. Le patronage est ainsi un mélange de foyer des jeunes et de théâtre. L’abbé Perthuis, premier prêtre à animer et diriger le patronage, s’accommode de façon « libérale » de cette bande de jeunes tous croyants et pratiquants.

Comme partout ailleurs, tout cesse en 1914 lorsque le premier Président de l’association, Léopold Bidet, tombe au front.

L’entre deux guerres, les trois piliers du patronage s’installent

Ce n’est qu’en 1921 que renaît l’association. La stratégie et les ambitions changent radicalement. Même sans concurrence, Bonne Garde adopte la stratégie de la fédération nationale des patronages (créée en 1898), qui s’appuie sur le sport collectif (football, basket) pour avoir l’ascendant sur les amicales laïques. Côté culture, même volonté d’occuper le terrain en pariant sur le potentiel de « prosélytisme » du cinéma créé  en 1928.

En plus du sport et de la culture, le patronage s’appuie sur un troisième pilier, cette fois-ci social et au service du quartier. Il ouvre un centre de loisirs qui s’intitule les « patros du jeudi » et organise la kermesse du quartier. 120 ans après, ces trois piliers sont ceux qui structurent toujours l’association.

La direction est toujours assurée par les prêtres. Mais contrairement à la phase d’avant-guerre, leur autorité s’affirme et laisse peu de place à la différence. Le registre des pièces de théâtre est fortement marqué par des textes bibliques. On ne transige pas avec le calendrier religieux. Ainsi, le cinéma ferme pendant le Carême. La mixité n’est pas autorisée, ce qui contraint par exemple les hommes jouant du théâtre à interpréter des rôles de femmes.

Acteurs du patronage de Bonne Garde

Acteurs du patronage de Bonne Garde

Date du document : 1911

Des dirigeants de l’association accusés de faire « alliance avec l’ennemi » (c’est-à-dire les laïcs) sont même exclus de l’association. Faut-il voir dans cette forme d’autorité l’influence d’Eugène Le Fer de La Motte, évêque de Nantes de 1914 à 1935,  profondément ancré dans le passé, intransigeant et taxé à l’époque par la gauche d’intégriste ?

Une association en temps de guerre

Malgré l’occupation, il se passe des choses à Bonne Garde. L’on y joue en 1941 « Bretagne », un drame en six tableaux. Les jeunes viennent jouer au ping-pong pour passer du bon temps, l’accueil des enfants le jeudi est maintenu, le cinéma rouvre ses portes en octobre 1942, etc. Le plus étonnant est le lancement par l’association de la construction d’un gymnase inauguré en 1942.

C’est sans aucun doute la période la plus emblématique de ce patronage au service du quartier. Après les bombardements de 1943 et la destruction partielle de l’église, les locaux de l’association accueillent les offices religieux. Après le départ des Allemands, le patronage, avec l’aide des maraîchers et des commerçants, organise pendant deux ans la distribution de la nourriture pour tous les nécessiteux du quartier (Les restos de l’entraide).

L’explosion des initiatives

Entre 1945 et 1950, sous l’impulsion de l’abbé Lahaye, un prêtre entreprenant et organisateur, ce ne sont pas moins de treize activités qui démarrent : des réouvertures pour certaines (le théâtre, le cinéma, la musique, etc.) ou des nouveautés pour d’autres (la gymnastique masculine, la revue, le tennis de table, le billard, le modélisme, etc.). Le pilier social et le lien avec le quartier se renforcent :  aux côtés des « patros du jeudi » s’ajoutent les colonies de vacances, le foyer des jeunes ainsi que des initiatives marquées du sceau de la convivialité (la belote, les fêtes d’hiver, le comité des fêtes).

Levé de drapeau pendant une colonie de vacances organisée par le patronage de Bonne Garde

Levé de drapeau pendant une colonie de vacances organisée par le patronage de Bonne Garde

Date du document :

Le temps des investissements

L’arrêt du centre de loisirs en 1959 (« Les patros du jeudi »), la fermeture de la colonie de vacances en 1960, l’arrêt du foyer des jeunes en 1979 et la fin de la kermesse en 1980 ont réduit ce rôle particulier que jouait le patronage sur le quartier. Ce virage se fera au profit d’investissements centrés sur les disciplines (gymnastique, revue, tennis de table, danse, cinéma…) ce qui se traduit par une exponentielle augmentation des adhérents (1 500 aujourd’hui) et des surfaces de locaux (6 500 m² de bâtiment de surface développée). Bonne Garde devient ainsi, et de loin, l’équipement de quartier le plus important de Nantes Sud.

Le départ des prêtres

Les patrons sont toujours les prêtres, mais les choses changent. L’Église, conditionnée aussi par le recul des vocations, abandonne les patronages qu’elle considère ne plus être le canal pertinent pour la pastorale, et ce au profit de l’action catholique (les mouvements de jeunesse). Le dernier prêtre directeur quitte sa fonction en 1957. Après une période intermédiaire de passation de témoin sans heurt, le patronage est véritablement dirigé par les laïcs en 1962 sous la présidence de Léon Fontaine.  

L’arrivée des femmes

À partir de 1966, une « révolution douce » se met en place avec l’arrivée des femmes, jusqu’alors totalement absentes ou presque. C’est la création en 1966 d’une section de gymnastique féminine qui va assure le basculement. Aujourd’hui, plus de 70 % des adhérents sont des adhérentes. Pour autant, cela ne se traduit pas dans la composition des instances dirigeantes. Ce n’est qu’en 1987 qu’apparaissent pour la première fois deux femmes au bureau directeur de l’association et ce n’est qu’en décembre 2018 qu’une femme devient présidente de l’association.

Gymnastes de l’association Bonne Garde

Gymnastes de l’association Bonne Garde

Date du document : 07-10-2016

La mutation en association de quartier

Le lien historique, presque consubstantiel avec le quartier, est alors quelque peu distendu. Il est d’abord réactivé par le cinéma qui avec ses ciné-débats, ses cycles, son festival pour enfants a retissé des liens avec les acteurs locaux. En 2010, l’association renouvelle son projet associatif sur la question de son rôle et de sa position dans le quartier. Ceci se traduit, entre autres, par une multiplication des partenariats locaux au service de la population, par des co-constructions, par la contribution de l’association aux projets de quartiers, par la mise à disposition des locaux au profit du quartier, etc.

Association Sportive Culturelle Bonne Garde
2021



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En savoir plus

Bibliographie

Crétin, Michel, Laigle, Yves, Rousseau, Éric, À Nantes, mutation d’un patronage en association de quartier : Bonne Garde, éd. Association Sportive et Culturelle Bonne Garde, mars 2021

Association sportive et culturelle Bonne Garde, Cinéma Bonne-Garde, 19 octobre 1945-19 octobre 1985 : 40 ans, mais au goût du jour, ASC Bonne Garde, Nantes, 1985

Association sportive et culturelle Bonne Garde, Soixante-dixième anniversaire du patronage Notre-Dame de Bonne-Garde,… : son histoire racontée par J. Benoit, depuis sa fondation à nos jours, Impr. Auneau, Nantes, 1971

Webographie

Site de l'association sportive et culturelle Bonne Garde Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Documentation

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Pages liées

Dossier Nantes Sud

Dossier Histoire des solidarités à Nantes

Patronages

Gymnastique

Association Bonne Garde pendant la Seconde Guerre mondiale

Tags

Association Catholicisme Loisir Nantes Sud Sport

Contributeurs

Rédaction d'article :

Michel Crétin

Anecdote :

ASCBG

Témoignage :

ASCBG

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