Association Bonne Garde pendant la Seconde Guerre mondiale
La mobilisation générale autour de « l’Union sacrée » a été en 1914 synonyme d’arrêt de toutes les activités associatives, à Bonne Garde comme ailleurs. La Seconde Guerre mondiale a un tout autre visage. L’association n’a jamais cessé d’être dirigée, permanence qui n’est pas sans lien par la présence des prêtres. Dans une période aussi complexe à gérer, la paroisse a assuré ainsi une certaine stabilité.
Entre le 3 septembre 1939 et le 8 mai 1945, trois dates majeures transformeront la vie des Nantais et celle de l’association : l’arrivée des occupant le 19 juin 1940, les deux bombardements de septembre 1943, le départ de l’occupant en août 1944. Il y a eu un avant et un après une occupation très particulière puisqu’elle était sous couvert d’un régime de collaboration dirigé par le régime de Vichy. Les maires nantais Orion et Rondeau, nommé par le régime, en étaient les relais et l’évêque de l’époque (Monseigneur Villepelet) ne cachait pas ses sympathies pour ce même régime et ses valeurs réactionnaires.
À ces trois évènements on se doit d’ajouter, l’exécution en octobre 1941 du lieutenant-colonel Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation pour le département de Loire-Inférieure qui fera entrer l’occupation sous un autre angle. (« L’attitude à l’égard de l’occupant ne peut plus se fonder sur l’illusion de la “correction allemande” mais sur un choix »)
Bonne Garde avant l’Occupation
Les activités se poursuivent à l’exception du cinéma dont la cheville ouvrière, le projectionniste Pierre Tempereau, est fait prisonnier. Une partie des locaux de Bonne Garde est réquisitionnée par les autorités pour héberger des soldats anglais. Nantes, comme Saint-Nazaire avait été alors retenue comme port de débarquement, ce qui expliquait la présence des alliés. Leur séjour ne laissera d’ailleurs pas un grand souvenir auprès des dirigeants, car plusieurs malveillances (dégradations et visites des caves par exemple) l’ont émaillé. À l’inverse, les adultes d’aujourd’hui, alors enfants à l’époque, gardent le souvenir de distributions de chocolat.
Demande d’indemnisation formulée par le patronage de Bonne Garde à l’intention des autorités britanniques
Date du document : 30-09-1940
La poursuite des activités associatives en temps de guerre
Pendant l’Occupation et jusqu’aux bombardements, les locaux sont ouverts aux adhérents. Des traces de licences sportives (basket) ont été retrouvées, même si aucun championnat n’est organisé. L’activité théâtre ne suit plus le rythme qui prévalait avant la guerre, mais elle ne cesse pas pour autant toutes productions. Les « théâtreux » sont accompagnés d’adhérents issus des autres activités et qui n’ont aucune expérience de la scène. Tous se prêtent cependant au jeu. La chorale de la paroisse, composée en grand nombre d’adhérents de Bonne Garde, accompagne tout ce beau monde qui se produit les 25 mai et 1er juin 1941. Les jeunes viennent « taper la balle » (traduire jouer au ping-pong) pour passer du bon temps, le centre de loisirs (les patros du jeudi) continue d’accueillir les gamins du quartier. En septembre 1942, Pierre Tempereau est libéré et à son retour le cinéma ouvre pour une nouvelle saison.
Acteurs du théâtre de Bonne Garde
Date du document : 1940
Les bombardements de 1943 changent la donne. Le préfet ordonne l’évacuation de tous les enfants de 6 à 14 ans. le quartier est peu touché comparé à la rive nord. Pour autant la rue Saint-Jacques est atteinte, l’Église est hors d’usage. Les dirigeants cessent alors toutes activités, théâtre, cinéma, centre de loisirs… la priorité est d’œuvrer pour le bien du quartier. Les locaux servent aux offices religieux.
Bonne Garde après l’Occupation
Après l’occupation, l’association est d’abord au service du quartier : elle organise avec l’appui des maraîchers et de certains commerçants, la distribution de nourritures aux plus nécessiteux (Les restos de l’entraide).
Sous la pression des instances militaires et sous couvert des accords signés avec la Fédération des patronages, un centre de préparation militaire est créé dans l’association en février 1945 (date exacte incertaine). Mais l’initiative des dirigeants ne fait pas recette auprès des jeunes gymnastes, les cibles de ce centre de préparation. Un peu plus d’un an plus tard, ce centre n’a plus de réalité.
Programme du centre de préparation militaire de Bonne Garde
Date du document : 1945
Les quelques gymnastes qui ne constituaient pas alors un club profitent de la salle de sport construite en 1942 pour se constituer en groupe. Ils sont rejoints pas des gymnastes venus du patronage du quartier de la Madeleine, et de celui de Saint-Sébastien (La Cambronaise) dont les locaux étaient fermés.
Gymnase de Bonne Garde
Date du document : 1942
C’est ainsi que s’est constitué le club qui dès la fin 1945 sera à l’origine de la section de gymnastique masculine de Bonne Garde et qui dans les années 1970 brillera dans les compétitions nationales.
Extrait d’un chapitre de 18 pages consacré à cette période dans le livre À Nantes, mutation d’un patronage en association de quartier : Bonne Garde
Michel Crétin, Yves Laigle, Eric Rousseau
2021
En savoir plus
Bibliographie
Crétin, Michel, Laigle, Yves, Rousseau, Éric, À Nantes, mutation d’un patronage en association de quartier : Bonne Garde, éd. Association Sportive et Culturelle Bonne Garde, mars 2021. Disponible dans les librairies Coiffard, Durance, Vent d’Ouest, Siloé et en ligne sur le site de l’association
Association sportive et culturelle Bonne Garde, Cinéma Bonne-Garde, 19 octobre 1945-19 octobre 1985 : 40 ans, mais au goût du jour, ASC Bonne Garde, Nantes, 1985
Association sportive et culturelle Bonne Garde, Soixante-dixième anniversaire du patronage Notre-Dame de Bonne-Garde,… : son histoire racontée par J. Benoit, depuis sa fondation à nos jours, Impr. Auneau, Nantes, 1971
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Rédaction d'article :
Michel Crétin, Yves Laigle, Eric Rousseau
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