
Gymnastique
Les 13 et 14 juin 1886, la Nantaise, jeune société de gymnastique et de tir, organise au Petit-Port la 12e fête fédérale de l’Union des sociétés de gymnastique de France.
Catholiques et laïcs en parallèle
Trois années plus tôt, la Nantaise avait été fondée avec l’appui des autorités municipales, à l’instar de la Chantenaysienne (1901) ou de la Doulonnaise (1906), également affiliées à l’Union. L’hégémonie des sociétés de gymnastique, tir et préparation militaire – triptyque d’une gymnastique « conscriptive » empreinte de finalités militaires, patriotiques et hygiénistes – se renforce entre 1900 et 1914, à mesure que s’accentue l’opposition entre laïcs et catholiques. De nombreux patronages catholiques ripostent en effet sur le terrain de l’exercice physique et officialisent leurs activités de gymnastique : la Mellinet (1906), la Laetitia et l’Hermine (1907), la Saint-Clair (1908), la Similienne et la Saint-Pierre (1910). Toutes sont attachées à la Fédération gymnique et sportive des patronages de France et beaucoup évoluent, au cours des années 1920 et 1930, vers les sports nouveaux, football et basket-ball. À l’inverse, la Nantaise, doyenne des sociétés, demeure concentrée sur la gymnastique, notamment masculine, et rassemble l’essentiel des exploits nantais dans cette discipline, d’Armand Coidelle (champion du monde par équipe en 1909) à Georges Guelzec (participation aux Jeux olympiques de Munich en 1972), Patrick Boutet (Montréal en 1976) et Fabrice Guelzec (Barcelone en 1992).

Affiche,  12e fête fédérale de gymnastique 
Date du document : 1886
Une discipline en place publique
À partir de la période fondatrice des années 1880, la gymnastique marque longtemps son empreinte sur la ville lors des fêtes civiles ou militaires et des concours publics. Le 1er août 1909, un concours national de la fédération catholique réunit à Nantes, sur le Champ-de-Mars, 112 sociétés et 4 000 gymnastes qui rivalisent par des exercices individuels ou collectifs puis s’accordent lors des mouvements d’ensemble. La forte visibilité de la gymnastique perdure pendant plusieurs décennies, notamment lors des fêtes de clôture des travaux scolaires, qui se tiennent au parc de Procé dans les années 1930 sous la direction d’un moniteur général de gymnastique, puis à l’occasion des fêtes de la jeunesse des écoles laïques, organisées au stade Malakoff jusque dans les années 1960.

Souvenir de la fête scolaire de gymnastique, Institution Livet
Date du document : 19-05-1889
La gym a toujours droit de cité
Fortement concurrencée à mesure de la spécialisation des sports, la gymnastique ne représente plus le creuset d’acculturation à la pratique physique qu’elle a été. Au-delà de la trajectoire de la Nantaise, forte de plus de 500 adhérents et porte-drapeau du haut niveau, le paysage nantais demeure pourtant marqué par un maillage conséquent de clubs (une vingtaine) et un morcellement entre pratiques sportives (gymnastique sportive et gymnastique rythmique) et de loisir (gymnastique volontaire et gymnastique d’entretien ou tonique), avec la particularité d’une perpétuation de l’affiliation à la Fédération sportive et culturelle de France – continuation de la fédération affinitaire des patronages – pour la Saint-Clair, la Laetitia, la Saint-Médard de Doulon ou encore Bonne Garde.
Samuel Boche
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Caraës Jean-François, « Saint-Stanislas : Dieu, la patrie, la gymnastique », Place Publique Nantes Saint-Nazaire, n°34, juillet-août 2012, p. 103-107
Duret Jean, L'Hermine de Nantes 1891-1991, Nantes, 1991
« La gymnastique », Les annales de Nantes et du pays nantais, n°236 « Le sport à Nantes et en Loire-Atlantique, naguère, hier et aujourd’hui », 1990, p. 7-11
Padioleau Hervé, Nantes, cité sportive des origines à 1918, CMD, Montreuil-Bellay, 1998
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Rédaction d'article :
Samuel Boche
Anecdote :
Alain Croix
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