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1957

Annick Vidal (1929 – 2020)


Infatigable militante pour le progrès social, Annick Vidal a marqué de son empreinte la politique et la vie associative nantaise. Après une vie de combats, elle s'est éteinte en 2020.

Annick Vidal est née à Nantes le 19 juillet 1929, fille d'Alfred Baron, ajusteur à l'usine des Batignolles, militant communiste et syndicaliste CGT, et de Marcelle, qui travaille à la comptabilité de l'usine Brissonneau et Lotz, spécialisée dans la construction mécanique. Elle aura un petit frère, Jean-Claude. Ils vivent dans le quartier Doulon, au 32, rue de la République. Antifasciste, Alfred Baron souhaite intégrer les brigades internationales en Espagne, mais son épouse s'y oppose. Biberonnée à la politique, Annick baigne également dans un climat intellectuel. Sa famille rencontre les surréalistes, notamment Louis Aragon au café La Cigale à Nantes.

Annick Vidal et son petit frère Jean-Claude Baron

Annick Vidal et son petit frère Jean-Claude Baron

Date du document : 1943

La Résistance et la déportation de sa mère

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Alfred Baron est fait prisonnier. Libéré en 1942, il rejoint la Résistance et prend le maquis dans le village de Vaux, près de Nort-sur-Erdre, en Loire-Inférieure. Il est alors recherché comme « terroriste ». De son côté, Marcelle organise des réunions et, sans savoir réellement ce qu'il se passe dans l'appartement familial, Annick fait le guet devant son immeuble en jouant à la balle. Elle apprendra plus tard que sa mère était en fait agent de liaison entre le Parti communiste et la Résistance. Elle accueillit Fernand Grenier, un des rares évadés du camp de Choisel à Châteaubriant, où furent emprisonnés une partie des 48 otages fusillés le 22 octobre 1941.

Portrait d'Annick Vidal

Portrait d'Annick Vidal

Date du document : 1940-1950

Début 1944, Marcelle est arrêtée par la Gestapo et torturée dans les caves des immeubles occupés par le SD (service de renseignement nazi) sur la place Maréchal-Foch (ancienne place Louis XVI), puis transférée à la prison Lafayette. Prévenus de cette arrestation, Annick et son père reçoivent un message leur indiquant qu'ils pourront parler discrètement à Marcelle avant son transfert vers un autre lieu de détention. Alors qu'ils approchent de la prison, ils apprennent à la dernière minute que c’est un piège. Ils prennent la fuite chacun de leur côté. Si Alfred s'échappe, Annick est rattrapée et interrogée durant plusieurs heures par la Gestapo. Elle ne livre aucun secret et dit avoir simplement voulu revoir sa mère, en pleurant à chaudes larmes, comme Marcelle le lui avait auparavant conseillé. Libérée, mais consciente d'être suivie et surveillée, elle attend plusieurs jours avant de rejoindre son père à Vaux. Marcelle est déportée au camp de Ravensbrück en juin 1944, puis dans un camp annexe en Tchécoslovaquie où elle est libérée en 1945.

Portrait d'Annick Vidal

Portrait d'Annick Vidal

Date du document : après 1945

Militante syndicale et associative

Après la guerre, l'appartement familial de Doulon ayant été dévasté par les bombes, la famille Baron s'installe à la cité ouvrière de La Halvêque. Annick reprend ses études au lycée Guist'hau et vit les grandes grèves des Batignolles en 1948. Puis elle se marie en 1949, à l'âge de 19 ans, avec Émile Vidal, qui a participé au débarquement en Sicile en 1943. Il s’engage à la guerre d’Indochine puis, après avoir été démobilisé, il devient le gardien de but du FC Nantes en 1948. Ils auront deux enfants, Luc et Yann. Militante communiste, elle travaille alors aux Archives des ponts et chaussées et rejoint la CGT. Mais s'ennuyant en tant qu'agent de bureau, elle s'inscrit à la fac, obtient un diplôme en droit et devient fonctionnaire d'État.

Annick Vidal dans les rues de Nantes

Annick Vidal dans les rues de Nantes

Date du document : après 1945

Elle continue de militer et s'oppose aux guerres en Indochine (1946-1954) et en Algérie (1954-1962). Engagée au cœur de la vie associative nantaise, elle lance, de façon informelle, un comité de quartier à La Halvêque-Beaujoire. Celui-ci inspire la création, par la municipalité, des comités consultatifs de quartier, aujourd’hui conseils de quartier. Elle joue aussi un rôle de premier plan au sein de la Fédération des Amicales Laïques, en devenant vice-présidente départementale et anime le centre Jean-Macé.

Engagement auprès des différentes forces de gauche

En parallèle, en 1983, Annick Vidal s'engage auprès du Parti socialiste après la défaite de l'union de la gauche aux municipales à Nantes. Elle soutient Jean-Marc Ayrault, qui devient maire en 1989. Mais Annick Vidal ne fait pas la carrière politique à laquelle elle aurait pu prétendre. Toujours fidèle à ses convictions et refusant les compromissions, elle revendique une parole libre. Elle est parfois incluse sur les listes du PS, où elle milite à l’aile gauche, mais y est placée en position non éligible. Comme au sein de la CGT, elle doit se battre pour faire entendre sa voix singulière. Elle est de plus la seule femme partout où elle s'engage.

Portrait d'Annick Vidal

Portrait d'Annick Vidal

Date du document : 1950-1960

Annick Vidal est également sensible aux combats environnementaux et écologistes. Elle fonde la Fédération des amis de l'Erdre, dont elle est présidente pendant près de vingt ans. À l'approche des municipales de 2014, elle soutient la liste présentée par les Verts. Elle œuvre aussi pour la mémoire ouvrière. Ancienne habitante des cités en bois, elle se bat au sein de l'association Batignolles Retrouvailles pour qu'une réplique des petites bâtisses en planches de l'époque soit édifiée dans le quartier Saint-Joseph de Porterie. La « Maison ouvrière des Batignolles » est inaugurée en septembre 2006, en présence de Jean-Marc Ayrault, et fait aujourd'hui office de salle associative. En 2014, ses très nombreux engagements lui valent de recevoir la médaille de la Ville de Nantes des mains de la maire Johanna Rolland.

Annick Vidal et Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes

Annick Vidal et Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes

Date du document : 16-09-2006

Mobilisée jusqu’à la fin de sa vie

Si on lui conseille de lever le pied, elle continue de siéger au Conseil de Développement de Nantes Métropole et de défendre inlassablement ses opinions sur le terrain. Elle déclare ainsi en 2016, lors d'une interview accordée au site The Dissident, que son souhait est de « mourir sur une barricade ». Elle ne fut pas loin de le réaliser, elle qui, en 2018, est encore au cœur de la mobilisation contre le Yellopark, ce projet, depuis abandonné, de nouveau stade pour l'équipe de football du FC Nantes. Annick Vidal est décédée le 26 mai 2020 à Saint-Herblain. Aux habitants de son quartier auquel elle était profondément attachée, elle laisse le souvenir d’une femme active et présente, jusqu’à la fin de sa vie.

Portrait d'Annick Vidal

Portrait d'Annick Vidal

Date du document : 24-08-2010

Un hommage lui est rendu quelques jours après son décès. Sa famille politique y salue notamment « une militante de terrain comme on n'en fait plus, furieusement moderne dans sa capacité à fédérer toutes les énergies contre toutes les injustices ».

Cécile Gommelet
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En savoir plus

Bibliographie

« Annick Vidal », Le Petit Journal de Saint Jo, n°95, août 2020 - Consultable en ligne

Vidal, Luc, « Une jeune fille dans la tourmente », Chiendents, éditions du Petit Véhicule,  n°65, 2015

Webographie

Interview d’Annick Vidal dans le média en ligne The Dissident, publiée le 22 août 2016 Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Documentation

Exposition sur l'histoire des Batignolles par l'association Batignolles-Retrouvailles

Pages liées

Dossier Femmes nantaises

Dossier : Batignolles

Dossier : histoire des solidarité à Nantes

Syndicalisme

Maison ouvrière des Batignolles

Tags

Femme célèbre Militant Résistant Socialisme

Contributeurs

Rédaction d'article :

Cécile Gommelet

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