Place Paul-Émile-Ladmirault
La création de cette place fait suite aux bombardements aériens des 16 et 23 septembre 1943 menés par les Alliés sur Nantes. Elle constitue donc une exception, puisque c'est une des rares places du quartier créées au 20e siècle.
Un îlot urbain détruit par les bombardements
Sur les plans d'alignement antérieurs à 1840, l'espace actuellement occupé par la place est alors densément bâti. La rue Racine existait déjà à cette époque et portait à partir de l'angle de la rue Racine et l'actuelle rue d'Anizon, le nom de « rue de Gigant ». Les bombardements de septembre 1943 provoquent d'importants dégâts.
Immeubles détruits par bombardements rue Racine
Date du document : 09-1943
Seule la partie nord de la rue est épargnée, notamment l'immeuble de la Caisse générale accidents (CGA), architecture remarquable de style art-déco, édifié entre 1928 et 1935 par l'architecte Henri Vié.
De même, l'immeuble situé à l'angle de la rue Racine et de la rue Anizon a résisté aux bombardements, bien que remanié au niveau de ses enduits et de son dernier étage d'attique. Il est de style néoclassique et date de la première moitié du 19e siècle.
En août 1946, lors des projets de reconstruction de la ville de Nantes, il avait été projeté initialement à cet emplacement par le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, l'aménagement d'un parc-automobile, entre les rues Anizon et Marivaux. Ce projet fut abandonné au profit d'un espace public ouvert et planté.
Une place (re)construite empreinte de classicisme
L’ordonnancement architectural des immeubles bordant la place est du à l'agence d'architectes Vié. Sans doute les architectes ont vu dans ce projet l'opportunité de créer un écrin à l'immeuble de la CGA qu'ils avaient eux-mêmes conçu avant guerre.
Les façades sur la place présentent un style moderne typique de la reconstruction, tout en s'inspirant du néoclassicisme. Les rez-de-chaussées des autres immeubles sud, est-ouest de la place sont structurés pour accueillir des commerces, à la manière des façades du 18e siècle. Il s'agit d'une réinterprétation du principe constructif basé sur un linéaire de cellules commerciales avec entresol. Les immeubles ont en commun les rez-de-chaussée surmontés de trois niveaux de logements et d'un étage sous combles. Le parement des façades est constitué de plaques de pierre agrafées, matériau fréquemment utilisé à la Reconstruction.
Place Ladmirault, vue depuis la rue Scribe
Date du document : 06-08-2020
Une place en hommage à Paul Ladmirault
Cette place a été inaugurée en mars 1952, sous le nom d'un célèbre compositeur nantais Paul-Émile Ladmirault (1877-1944). Le nom avait été attribué par délibération du conseil municipal du 6 juin 1950 en mémoire de ce compositeur nantais décédé six ans auparavant. Aux côtés notamment de Claude Guillon-Verne, il s'illustra à Nantes dans la période de l’entre-deux-guerres qui marque aussi l’essor des cafés-concerts. Ce militant indépendantiste breton, né à Nantes a composé une œuvre musicale empreinte de son attachement à la terre et à la culture bretonne. Il est l'un des premiers compositeurs membres du groupe artistique Seizh Breur. Elève prodige, il compose ses premières œuvres dès l'âge de 8 ans et à 16 ans écrit son premier opéra. Au Conservatoire de Paris il est dans la même classe que Gabriel Fauré en 1897, et comme d'autres camarades de cette époque, Maurice Ravel, Louis Aubert, Georges Enesco, il se fait remarqué pour son talent. Son œuvre se compose à la fois d'opéras ballet, de musique pour orchestre, de musique de chambre et musique vocale.
Amélie Decaux
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En savoir plus
Bibliographie
Nantes Renaissance, Site patrimonial remarquable de Nantes, évolutions urbaines et architecturales, édition Nantes Renaissance, Nantes, novembre 2019
Webographie
Paul Ladmirault [En ligne], Wikipedia
Pages liées
Dossier : Plan paysage et patrimoine Gigant-Dobrée
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Rédaction d'article :
Amélie Decaux
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