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Lettres patentes Nantes la bien chantée : Noël des bourgeois de Nantes

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Rues de la Haute-Saulzaie et Basse-Saulzaie


Les rues de la Haute-Saulzaie et Basse-Saulzaie sont les derniers témoins de l’urbanisme médiéval qui structurait les hameaux de la ligne des ponts.

Un ancien îlot rocheux de la Loire

Sur l’espace restreint du rocher de la Saulsaie, première des îles de Loire au départ de la rive nord, l’urbanisme était organisé de part et d’autre d’une large chaussée qui joignait le pont de Belle-Croix à celui de la poissonnerie. Il était fait de venelles (petites rues étroites) entrecoupées qui débouchaient sur le pourtour de l’île.

À l’ouest de l’île, une haute et basse Saulsaie étaient identifiées dans un espace de quelques dizaines de mètres de long, reflétant ainsi la topographie des pentes rocheuses descendant vers la Loire. Ces ruelles aboutissaient à une grève – nommée « port Giraud » depuis la fin du 15e siècle – qui participait au dispositif de port fluvial et permettait entre autres le déchargement quotidien du poisson qui était vendu sur l’îlot.

Détail du plan de la ville et des faubourgs de Nantes

Détail du plan de la ville et des faubourgs de Nantes

Date du document : 1723

Deux îles en vis-à-vis

En 1721, le maire de Nantes Gérard Mellier obtient la concession de la grève de la Saulsaie avec l’autorisation de les employer « aux usages qui seront les plus convenables au bien de la ville ». Il y envisage la création d’un quartier qui par son architecture unifiée participerait à l’embellissement de la ville. La mise en œuvre de cette nouvelle île artificielle plus haute, protégée des eaux par un quai et bâtie avec un urbanisme orthogonal, génère une modification et une quasi-disparition du quartier de la Saulsaie.

Plan des 24 maisons

Plan des 24 maisons "régulières" à construire, grève de la Saulzaie

Date du document : 1723

Une jonction difficile entre les deux îles

Peu à peu, des voix s’élevèrent pour demander la surélévation de l’îlot de la Saulsaie afin que, comme sa voisine l’île Feydeau, il subisse moins les assauts des crues.

En 1748, le prolongement de l’actuelle rue Kervégan « au travers des maisons de la basse Saulsaye » est étudié mais n’est pas mis en œuvre car il nécessite soit la destruction des immeubles soit l’ensevelissement de leur rez-de-chaussée par des opérations de remblai.

Le prolongement du quai Duguay-Trouin vers la Saulzaie est lancé vers 1780. Cette extension fait disparaître la grève du port Giraud et les immeubles situés au sud de l’îlot. Un nouveau front urbain dessiné par l’architecte-voyer Berranger est bâti sur le remblai. Il forme un écran derrière lequel subsiste encore l’urbanisme ancien.

Ile Feydeau, plan d'une partie de la Saulsaie du côté du port Giraud

Ile Feydeau, plan d'une partie de la Saulsaie du côté du port Giraud

Date du document : 1772

Le prolongement de la rue Kervégan est finalement exécuté en 1825 et entraîne une modification du centre de l’îlot. À la faveur d’expropriations, de destructions et de reconstructions d’immeubles, les ouvertures des immeubles donnant sur la rue Kervégan sont entièrement ou partiellement obstruées.

Plan annexé de la rue de basse Saulzaie

Plan annexé de la rue de basse Saulzaie

Date du document : 1836

Mais ces travaux de remblaiement ne peuvent englober les rues de la Haute et de la Basse-Saulsaie : leur pente plonge 3 mètres plus bas que les nouvelles rues ou quais. Les habitants ne se résolvent pas à perdre leurs caves, leurs rez-de-chaussée, leurs écuries ou leurs remises. Cet urbanisme médiéval survit à cette première phase de transformation du 19e siècle.

En 1926, les comblements des bras nord de la Loire font perdre son caractère insulaire à l’île et mettent définitivement hors d’eau les anciennes rues de la Saulsaie.

En 1945, les transformations urbaines qui découlent de la Seconde Guerre mondiale n’épargnent pas la Haute et la Basse-Saulsaie. Ces rues survivantes du Moyen Âge sont amputées de leur partie occidentale pour tripler la largeur du cours Clisson. Ainsi, la rue de la Haute-Saulsaie s’arrête aujourd’hui au niveau de la rue Balen qui naguère la traversait. Celle de la Basse-Saulsaie n’a conservé que son tiers « supérieur » : un petit passage de moins d’1 mètre de large qui rejoint la rue Kervégan ; celui-ci était décrit comme un « véritable coupe-gorge » dans la seconde moitié du 19e siècle.

Rue de Haute-Saulsaie

Rue de Haute-Saulsaie

Date du document : 30-08-2017

La plupart des immeubles qui borde ces anciennes rues médiévales a été reconstruite ou modifiée à la fin du 18e siècle à la faveur de la reconstruction du front urbain sur le quai Duguay-Trouin avec un nouvel alignement. Il subsiste néanmoins à l’entrée de la rue des habitats plus anciens : dans leur mur en moellons de schiste, les percements étroits, les portes en arc cintrés et les arrachements trahissent la persistance d’un bâti ancien qui a résisté aux grands bouleversements du 18e siècle.

Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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