A. & L. Guillouard
Fabricant d’articles en acier galvanisé ou étamé à chaud pour la cuisine, le jardin et l’élevage, la marque A. & L. Guillouard a fait partie de la vie quotidienne de nombreuses familles pendant plus d’un siècle. Créée en 1911 par Adrien et Louis Guillouard, fils d’un quincaillier en gros de la rue Saint-Jacques, l’entreprise est une affaire familiale qui se développe rapidement.
Publicité de l'usine A. & L. Guillouard
Date du document : 1939
Un catalogue fourni
Dès sa création, l’entreprise se spécialise dans le petit matériel de cuisine, de maison, de jardin et d’élevage, en acier étamé ou galvanisé. Dans l’usine, les ouvriers découpent et emboutissent la tôle avant d’enduire les objets au moyen de deux techniques immuables pour rendre le métal plus rigide, étanche, et le protéger de la rouille : l’étamage à chaud lorsque le produit est plongé dans un bain d’étain en fusion, ou la galvanisation à chaud, dans un bain de zinc. Presse-légumes, arrosoirs, chaudrons, abreuvoirs, lanternes, etc., font la renommée de Guillouard.
Ouvrier à l'étamage
Date du document : 1980
En 1939, le catalogue propose 135 articles à la vente, 500 peu de temps avant la fermeture. Tournée vers l’exportation, la marque ALG est réputée dans le monde entier. Un de ses produits emblématiques, la lampe-tempête Luciole, lancée en 1927, est largement diffusé en Afrique francophone. Dans les années 1960, l’entreprise prend le train de l’essor de l’industrie des matières plastiques. Un premier atelier de fabrication d’articles de ménage en polyéthylène est ouvert dans l’usine nantaise. Afin de développer cette production, un terrain de 50 000 m² est acquis à Vertou. Mais le projet n’aboutit pas.
Produits de l'entreprise A. & L. Guillouard
Date du document : 1939
La fermeture
Après la mort d’Adrien en 1963, la continuité est assurée par Louis Guillouard, ses fils, son gendre et ses petits fils. Mais en 1981, à la suite d’un redressement judiciaire, l’entreprise est reprise par un ingénieur nantais, Jean-François Sirvin, père du dernier dirigeant, Éric Sirvin. En 2016, « après avoir longtemps résisté à la concurrence low cost, l’ultime usine française d’articles en métal galvanisé pour la cuisine, le jardin et l’élevage ferme ses portes », annonce L’Usine nouvelle dans un article du 22 janvier. La concurrence des pays de l’Est et asiatiques, ainsi que la perspective d’une mise aux normes environnementales sont les arguments avancés par la direction. L’entreprise qui a compté jusqu’à 600 salariés dans les années 1950-1960, dont une grande majorité de femmes, n’emploie plus que 45 personnes à la veille de la fermeture.
La grève « des mains coupées »
Dans les années 1970, l’entreprise s’est taillée une réputation très négative de pénibilité et de dangerosité que la grève « des mains coupées », en 1979, va particulièrement illustrer.
Ouvrière sur une presse de l'usine Guillouard
Date du document : 1979
Le 16 mai 1979, « un dramatique accident du travail a jeté la consternation aux établissements Guillouard à Nantes. Une ouvrière qui travaillait sur une presse a eu la main broyée et coupée. Aussitôt ses camarades de travail se sont mis spontanément en grève », relate un journaliste de Presse-Océan le lendemain du drame. Les délégués CGT et CFDT remettent à la direction un cahier de revendications, demandant la suppression du salaire au rendement et la création dans chaque atelier d’une commission de sécurité.
Travailleuses en grève
Date du document : 1980
À la suite des sanctions prises par la direction à l’encontre des délégués syndicaux, une vive réaction syndicale mobilise 2 000 métallurgistes lors d’une manifestation le 8 juin 1979.
L’architecture
En retrait du boulevard des Martyrs-Nantais-de-la-Résistance dont ils sont protégés par une cour fermée de murs, les établissements Guillouard offrent sur la rue une façade biaise de 8 travées en rez-de-chaussée séparées en deux par un corps central.
Les volumes en rez-de-chaussée sont rythmés par des dosserets qui délimitent des modules carrés. Ceux-ci sont percés de baies rectangulaires horizontales.
Ce corps central est percé d’une porte cochère en arc segmentaire encadrée de deux petites baies rectangulaires verticales. Elle est surmontée d’un étage qui reprend le même découpage tripartite. Les parties latérales sont traitées en bossage. L’ensemble est surmonté d’un attique pourvu d’un fronton hémicirculaire sur lequel un « G » et la mention « Établissements Guillouard » sont inscrits.
Établissements Guillouard, près de la ligne de tramways
Date du document : 04-04-2006
En arrière de cette façade, 17 halles d’ateliers couvertes de shed se développent de part et d’autre des bâtiments d’administration organisés perpendiculairement au corps central de la façade.
Nathalie Barré, Julie Aycard
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire / Archives de Nantes
2021
En bref...
Localisation : Martyrs nantais de la Résistance (boulevard des) 15, NANTES
Auteur de l'oeuvre : Cormerais et Jamin (architectes)
Typologie : architecture industrielle
En savoir plus
Bibliographie
Archives de Nantes, Le quartier des Ponts, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2021
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Nathalie Barré, Julie Aycard
Témoignage :
Line Hervé
Vous aimerez aussi
Usine de confection Tricosa
Architecture et urbanismeLa société familiale Tricosa, fondée à Paris en 1948, est spécialisée dans la confection féminine haut de gamme. Au début des années 1960, elle décide de décentraliser une partie de...
Contributeur(s) :Philippe Bouglé , Nelly Lejeusne
Date de publication : 08/12/2022
2486
De la digue au comblement : une histoire du fleuve sur le territoire de...
Architecture et urbanismeEn dépit des résultats obtenus à la suite des premiers travaux d’endiguement initiés par Magin, les problèmes d’accessibilité du port de Nantes demeurent, autant pour la navigation...
Contributeur(s) :Julie Aycard , Julien Huon
Date de publication : 15/02/2021
1326
Cités HBM du quartier des Ponts
Architecture et urbanismeLa politique du logement de l’entre-deux-guerres est conduite dans le souci d’offrir un logement décent à la classe ouvrière et de régler le problème de l’insalubrité. En décembre 1912,...
Contributeur(s) :Nathalie Barré , Daniel Enfrein ; Dominique Hervouët
Date de publication : 27/10/2022
860