TGV
L’arrivée du TGV à Nantes en 1989, huit ans après l’ouverture de la liaison Paris-Lyon, traduit une volonté politique d’aménagement du territoire en termes de désenclavement et de décentralisation.
Les Nantais analysent avec intérêt les conséquences de la grande vitesse sur l’agglomération lyonnaise et la presse se demande, en 1988, si le TGV sera un « eldorado », s’il entraînera un « exode vers Paris », s’il apportera du « sang neuf pour Nantes ou pour le vampire parisien », sans parler de l’apparition possible d’une nouvelle catégorie de « turbo-cadres ».
La nouvelle ligne est une voie nouvelle à très grande vitesse (plus de 200 kilomètres par heure avec des sections à plus de 300 kilomètres par heure) entre Paris et Connerré, à 20 kilomètres du Mans, puis une voie classique réaménagée pour la grande vitesse (160 kilomètres par heure) entre Le Mans et Nantes. Il a fallu supprimer tous les passages à niveau, construire environ 190 ponts et manipuler des tonnes d’acier et de béton. Les rames argent et bleu bénéficient des nouvelles techniques ferroviaires : puissance, informatique embarquée, pantographes adaptés aux tempêtes…Leur confort est apprécié, en particulier la possibilité d’y travailler, d’y téléphoner à partir de cabines (le téléphone portable n’est pas alors très utilisé). Bref, selon la communication de la SNCF, le TGV est aussi un « train où il fait bon vivre ». Il induit un nouveau rapport à l’espace-temps, de nouveaux comportements qui deviennent en eux-mêmes des marqueurs sociaux, même s’il n’existe pas, comme au départ de Lyon, des rames réservées à la première classe.
Le temps de parcours entre Paris et Nantes, de 7 heures 21 minutes en 1895, 4 heures en 1938, 3 heures 17 minutes en 1980, tombe à 2 heures avant de remonter à 2 heures 15 minutes aujourd’hui. L’aller-retour dans la journée devient facile, d’autant que les fréquences augmentent (21 dessertes quotidiennes et 27 le vendredi en 2012). Les cartes du temps de transport montrent que la zone accessible en 5 heures au départ de Nantes passe, avec le TGV, de 40% à 70% du territoire national. Le TGV est donc bien, avec l’autoroute, l’outil du désenclavement, au moins par rapport à Paris. Dès 1990, l’Île-de-France devient aussi une plate forme de connexion au réseau de la grande vitesse européenne, d’abord vers Lyon, puis Lille, Roissy, Marseille, Montpellier, Bruxelles, Londres, Strasbourg et Francfort.
L’arrivée du TGV correspond aussi à la mue de l’image de Nantes, et se traduit également par la transformation du quartier de la gare. Comme autour de nombreuses gares TGV, un quartier d’activités tertiaires s’esquisse,avec l’ouverture en 1991 du Centre des congrès puis en 2012 du quartier d’affaires Euronantes. Cette évolution n’est pas achevée : l’amélioration de la connexion au réseau européen des TGV par la modernisation du « barreau sud » de l’Île-de-France, l’ouverture de la ligne Paris-Rennes amenant la très grande vitesse jusqu’à Sablé et des liaisons rapides avec Laval, la possible réalisation d’une ligne à grande vitesse entre Nantes et Rennes laissent entrevoir de nouvelles perspectives de croissance et justifient l’ouverture d’une nouvelle gare à l’horizon 2020.
Jean-Pierre Branchereau
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteurs réservés)
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Jean-Pierre Branchereau
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