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Gare de Nantes


Depuis la gare d’Orléans du 19e siècle, terminus initial de la ligne Orléans-Tours, jusqu’à la gare du 21e siècle avec la nouvelle mezzanine, usages et besoins ont considérablement évolués. La gare et ses bâtiments sont les témoins de ces adaptations. En 1969, une nouvelle gare est édifiée remplaçant intégralement la gare d’origine et en 1989 la construction de la gare Sud répond aux aménagements nécessaires à l’accueil du TGV Atlantique.

1851 : arrivée du train à Nantes

La loi relative à l’établissement des grandes lignes de chemin de fer en France promulguée le 11 juin 1842 présente les axes privilégiés de l’organisation ferroviaire française : relier Paris aux grands centres urbains français et aux pays frontaliers. Nantes ne figure cependant pas dans les destinations prioritaires. Il faut attendre 10 ans entre le vote du projet de ligne reliant Paris à l’Océan en passant par Tours et Nantes et son inauguration en 1851.

En ce milieu du 19e siècle le chemin de fer est attendu comme un moyen de transport complémentaire au trafic du port. A Nantes, la localisation des activités économiques et portuaires de part et d'autre de la Loire à l’ouest de la ville ne facilite pas les débats sur le futur emplacement de la gare. En effet, l'accès pour les voyageurs doit aussi être pris en compte ; la gare ne doit donc pas être excentrée ni des activités ni des quartiers d'habitation ! En 1847, le conseil municipal choisit le site de la Prairie-de-Mauves tout en jugeant indispensable une liaison à mettre en place entre la nouvelle gare et le port par la création d’une gare maritime.

Courses de chevaux de la Prairie de Mauves

Courses de chevaux de la Prairie de Mauves

Date du document : vers 1850

Pierre, métal et verre : une gare dans la typologie du 19e siècle

En 1851, lors de l’ouverture de la ligne Orléans-Nantes la gare de Nantes ne comporte que des bâtiments provisoires, elle ne sera effectivement achevée qu’en novembre 1853. Appelée à l’origine, gare de Nantes-Prairie de Mauves, elle prend le nom de gare d’Orléans en 1887.

La gare est composée de deux bâtiments parallèles nord et sud. Les cours des départs et des arrivées sont situées de part et d’autre de la grande halle, fermée par deux grands pignons ouest et est. Les façades des ailes nord et sud comportent une suite d’arcades en pierre de taille.

Plan de Nantes dressé par l'architecte Louis Amouroux

Plan de Nantes dressé par l'architecte Louis Amouroux

Date du document : 1854

La gare de Nantes s’ouvre avec sa grande arcade centrale comme une porte de ville. La façade urbaine en pierre, faisant comme un écran, la transition entre la ville et l’univers industriel.

Le frontispice de la gare est remarquable, en pierre de taille, orné de trois statues d’Amédée Ménard représentant la Loire, la ville de Nantes (située au dessus de l’horloge monumentale) et l’Océan. Deux médaillons, représentant des locomotives, sont disposés dans les écoinçons au-dessus des deux arcades latérales. Les arcs sont fermées de verrières métalliques.

Gare de Nantes-Orléans

Gare de Nantes-Orléans

Date du document : 1885-1905

Grâce aux qualités porteuses du fer et de la fonte, la halle métallique impressionne par ses proportions (60 mètres de long) qui permettent de protéger les voyageurs mais aussi les machines.

Intérieur de la grande halle de la gare de Nantes-Orléans

Intérieur de la grande halle de la gare de Nantes-Orléans

Date du document : fin du 19e siècle

De la gare d’Orléans à la gare de Nantes

De nombreux travaux modifient continuellement la gare entre la fin du 19e siècle et 1966 : évolution des aménagements intérieurs et des services aux voyageurs, développement des voies, construction des quais et poste d’aiguillage ; l’emprise ferroviaire s’amplifie.
 
Les travaux de construction de la nouvelle gare durent de 1966 à 1969. Elle est l’œuvre des architectes Henri Madelain et Pierre Lefol et de l’entreprise de gros œuvre Edmond Coignet. Les architectes dessinent deux volumes, un en longueur destiné aux usagers, l’autre en hauteur pour les bureaux de la SNCF. La façade le long des quais fait 160 mètres de longueur. La tour des bureaux fait 30 mètres de haut répartis sur 7 étages. Le hall d’arrivée est situé dans l’axe du passage souterrain conservé. L’ensemble de la construction (hors murs du sous-sol et portiques du grand hall) est réalisé en éléments préfabriqués. 300 pieux en béton armé ont été nécessaires pour les fondations de la gare situées sur les terrains inondables de la Loire. Cette restructuration totale s’accompagnera d’un changement de nom, à partir de 1972 la “gare d’Orléans” s’appelle désormais “gare de Nantes”.

Esplanade de la gare de Nantes

Esplanade de la gare de Nantes

Date du document : 04-1979

A l’occasion de l’inauguration de la ligne du TGV Atlantique en 1989, la gare est doublée au sud par un pavillon réalisé par l’architecte Jean-Marie Duhilleul. La gare Sud sera rénovée à l’occasion de la coupe du monde de football par les architectes Jérôme Fau et Patrice Proux en 1998.

L’accès à la gare : une histoire complexe

Dès sa construction en 1853,  la gare est enserrée au nord  par les usines du quai de Richebourg et au sud par la gare d’eau. Il faut attendre 1860, date de l’inauguration du jardin des Plantes agrandi, avec une sortie dédiée vers la gare et 1865 date de la construction de la Manufacture des tabacs et de l’aménagement du nouveau boulevard de Sébastopol pour que cette dernière soit un peu plus accessible. Cependant en 1899 la construction de la gare de Nantes-Anjou referme à nouveau la gare d’Orléans. Sortir de la gare par la cour des arrivées pour gagner le quai Richebourg nécessite de franchir les voies ferrées des réseaux Orléans et Anjou par deux passages à niveau, puis à partir de 1879 s’ajoutent à ce périlleux parcours le franchissement des deux voies de la première ligne de tramway qui relie Doulon à la gare maritime. La densification de la circulation automobile au 20e siècle a pour conséquence une asphyxie progressive du quartier de la gare. La trémie construite en 1972-1973 permet de faciliter la circulation de transit mais le retour du tramway en 1985 coupe à nouveau la gare nord de son quartier.

Travaux de voirie de la gare de Nantes

Travaux de voirie de la gare de Nantes

Date du document : 1972-1973

La nouvelle gare mezzanine

La gare du 21e siècle pourra accueillir d’ici 2030 : 25  millions de voyageurs par an et proposer ainsi une infrastructure adaptée aux besoins d’une métropole en constant accroissement.

La mezzanine est l’œuvre de l’architecte Rudy Ricciotti. Surplombant les voies ferrées, à 10 mètres de haut, la passerelle large de 25 mètres et longue de 160 mètres, relie les entrées nord et sud. Elle trace également un trait d’union entre le jardin des Plantes, au nord et le tout nouveau quartier EuroNantes au sud. La gare-passerelle par son habillage de motifs boisés, ses troncs d’arbres en béton et les treilles de branches au plafond rappelle les éléments végétaux du jardin des Plantes. La transparence de la mezzanine offre de plus une vue panoramique sur Nantes.

Projet d'aménagement des espaces autour de la gare de Nantes

Projet d'aménagement des espaces autour de la gare de Nantes

Date du document : 11-11-2016

Les abords de la gare furent également totalement repensés par Nantes Métropole à cette occasion, l’objectif étant d’ouvir les espaces et de faciliter les circulations. L’esplanade Pierre Sémard a été agrandie, libérée de la circulation automobile, de nombreux éclats végétalisés ont été créés reliant l’esplanade à la nouvelle entrée du jardin des Plantes place Charles le Roux.
 
De nouvelles aubettes de tramway évoquant le végétal ont également été installées. L’allée Commandant Charcot élargie et totalement piétonne mène au nouveau théâtre de verdure aménagé au bord du canal Saint-Félix avec une portion à ciel ouvert.

Delphine Gillardin, Véronique Guitton, Marion Le Gal
Archives de Nantes
2020

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En bref...

Localisation : Pierre Semard (esplanade), NANTES

Date de construction : 1968

Auteur de l'oeuvre : Madelain (architecte) ; Lefol (architecte) ; Sentenac (architecte) ; Duthilleul (architecte) ; Fau (architecte) ; Proux (architecte)

Typologie : architecture civile publique et génie civil

En savoir plus

Bibliographie

Bernard Jean, Sigot, Jacques, Nantes : le train, CMD, Montreuil-Bellay, 1997

Carrière Bruno, "Une implantation ferroviaire mouvementée", La vie du rail, n°1961, "Nantes", 27 septembre 1984, pp. 30-36

«Gares et réseaux ferrés», 303, arts recherches, créations, n°160, janvier 2020

Péron André, Nantes, ville de Far-West : le train, la ville, le fleuve, Ressac, Quimper, 1989

Péron André, "Quand le chemin de fer cisaillait la ville", Place publique Nantes Saint-Nazaire, n°55, janvier-février 2016, pp. 37-40

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Gare Restructuration du territoire Train Transport

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Rédaction d'article :

Delphine Gillardin, Véronique Guitton, Marion Le Gal

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