
Aménagements portuaires antiques (1/7)
En territoire Picton, Ratiatum fait face au Portus Namnetum (Nantes), en territoire namnète : deux villes au débouché d’un système, pour l’instant inconnu, de franchissements d’un fleuve frontière.
Le port-entrepôt de Saint-Lupien de Rezé
Les fouilles effectuées entre 2005 et 2016 sur le site de l’ancien prieuré Saint-Lupien de Rezé ont confirmé que durant l’Antiquité, Rezé – ancienne Ratiatum – est un port situé sur la rive sud de Loire. Ce port apparaît au début de notre ère et se développe à partir de l’an 50.
Certaines hypothèses avancent que sa façade sur le fleuve s’étirait de l’actuel centre bourg jusqu’au Port-au-Blé et que son agglomération devait au minimum atteindre 50 hectares. Ratiatum se développe dans un contexte fluvial bien différent de celui d’aujourd’hui. Les recherches sur la géomorphologie de la plaine alluvionnaire de Nantes menées entre 2007 et 2010 semblent démontrer que le port antique est baigné par un ancien bras de la Loire séparé du lit majeur par des bancs de sable. La remontée du rocher protège le port de l’érosion des rives et offre une plage d’échouage grâce à un marnage d’environ 3 mètres de haut. La façade portuaire de Ratiatum se compose, sur plus d’un kilomètre, d’une succession de quais perpendiculaires au fleuve, construits de part et d'autre de rues qui mènent à la Loire. Pour mettre en place ces installations, les bâtisseurs ont tiré parti de la rupture d’une pente aux abords de l’ancienne rive. Ils ont ensuite élevé pour chaque quai une structure en espalier dont le mur de façade est bâti en parement de pierre sèche et blocage de déchets de taille. Ces quais sont liés à des entrepôts commerciaux aménagés dans le prolongement des cales en espalier. Durant le 1er siècle de notre ère, ceux-ci se présentent sous la forme de bâtiments rectangulaires en matériaux périssables (pans de bois et torchis ?) sur solins. Puis, au 2e siècle de notre ère, les entrepôts sont remaniés : dix structures en moellons de granite liés au mortier sont mis en place. Le plus grand bâtiment offre une surface abritée de 500 m² pour les produits provenant d’Italie ou d’Espagne.
Le Portus Namnetum
A cette époque, Nantes, cité des Namnètes, est située à la confluence de l’Erdre, à l’ouest, et de la Loire, au sud. Bien que située sur la rive nord du fleuve, elle ne semble pas tournée vers lui : les recherches actuelles orientent la ville galloromaine vers l’Erdre, rivière moins impétueuse. La localisation du Portus Namnetum de la table de Peutinger, réalisée vers 360, semble confirmer qu’au 4e siècle de notre ère, Nantes est un port mais rien ne précise, en revanche, à quelle date l’agglomération se tourne vers la Loire et rien ne permet aujourd’hui d’attester qu’une dérivation de la Loire – actuel canal Saint-Félix – ait été creusée pour amener le fleuve jusqu’à la ville, en dépit de son angle peu naturel. C’est peut-être durant le déclin de Ratiatum que le Portus Namnetum prend son essor.
Suite Aménagements portuaires au Moyen Âge et au 16e siècle (2/7)
Julie Aycard, Julien Huon
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021
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Julie Aycard, Julien Huon
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