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Zoo de la Jonelière


En 1935, à l’occasion d’un article du Phare de la Loire concernant un bébé caïman au Grand-Blottereau, le journaliste titrait « À quand le zoo nantais ? ». Pourtant, des animaux exotiques étaient déjà présentés à cette date au Jardin des Plantes de Nantes ; mais certains Nantais semblaient être en demande de l’ouverture d’un parc zoologique.

Paul Liopé, un boulanger passionné d’ornithologie

Né le 16 juillet 1907 à Mayenne, Paul Liopé est boulanger à Bois-Colombe dans les Hauts-de-Seine. Il arrive à Nantes après la Libération et ouvre sa première animalerie « Terre-Air-Eau » dans un baraquement de l’allée Brancas. C’est à partir de 1960 que l’animalerie s’installe à l’angle de l’allée du Port-Maillard et de la place du Bouffay jusqu’à sa fermeture 2014. Mais qu’en est-il de ce zoo à la Jonelière dont se souviennent encore quelques Nantais ?

Un paradis terrestre

Au début des années 1950, Paul Liopé achète à la Jonelière une propriété donnant sur l’Erdre : le château de la Châtaigneraie. Dans le jardin, il installe des volières pour des oiseaux exotiques. Perruches, lori de Nouvelle-Guinée, ara ararauna et perroquets gris du Gabon côtoient cacatoès, colombes et faisans.

Au début de l’année 1957, Paul Liopé fait savoir qu’il a le projet d’ouvrir un véritable parc zoologique. Sa collection s’est enrichie de cigognes, grues et d’un couple de flamants roses. Des bassins sont creusés (il est projeté d’accueillir un couple de crocodiles) et des perchoirs sont installés lors de l’aménagement de ce nouveau parc que Paul Liopé espère ouvrir à partir de Pâques.

Si les oiseaux sont les principaux animaux représentés, on note la présence de Cheetah, jeune femelle chimpanzé âgée d’un an qui prend ses repas à table avec la famille Liopé. Gazelle, marabouts, pélicans, cygnes, nandous et kangourous continuent d’agrandir la collection de Monsieur Liopé, mais l’ouverture est repoussée chaque année. C’est finalement en juin 1960 que le parc zoologique ouvre ses portes officiellement.

Inauguration et bénédiction

Le 25 juin 1960, le parc est inauguré et béni par l’abbé Boutet, curé de Saint-François d’Assise, et l’abbé Michon, curé doyen de la Chapelle-sur-Erdre. Lui aussi passionné d’ornithologie, il y découvre près de 300 oiseaux. C’est aussi ce même jour que le magasin Terre-Air-Eau est inauguré place du Bouffay.

Les années suivantes, de nouveaux animaux de tous les continents sont présentés. Du côté des fauves, c’est l’arrivée de « Royal », jeune tigre de Sumatra âgé de 5 mois, d’un couple de guépards, d’un puma nommé Sultan, de deux lionnes et de Scipion, jeune lionceau élevé par une chienne avec son frère de lait, le chien Médor ; puis enfin une oursonne nommée Niska, venue tout droit du Tibet. Côté primates, des patas et de nouveaux chimpanzés tels que Joë (qui fumait parfois des cigarettes) et Julie rejoignent les autres espèces.

Drame et fermeture

Au décès de Paul Liopé en 1968, son fils Christian prend la relève ; le créateur du zoo de la Jonelière avait alors un projet d’installation au bout de l’île de Nantes, dans une « friche boisée et marécageuse ». Bien qu’il venait d’obtenir un financement d’une banque, ce projet ne verra jamais le jour.

Le 12 mai 1972, un dramatique accident vient mettre fin à l’histoire du parc zoologique de la Jonelière. Patrice, le fils d’une employée du zoo âgé de 2 ans, est tué par le lion Scipion alors qu’il longeait son enclos, en cours de réparation et démuni de grillage. En septembre, le parc zoologique ferme et les animaux sont à vendre et transférés dans d’autres zoos, dont celui de Trégomeur dans les Côtes d’Armor. Celui-ci accueille un ours, les pélicans, les cygnes et les chimpanzés Julie et Cheetah.

Le château de la Châtaigneraie et les anciennes installations du zoo sont démolies en 1979 à l’occasion de l’édification des immeubles de la résidence des Canotières. À la Jonelière, le chant des paons s’est tue depuis plus de 50 ans, mais le souvenir presque perdu d’un zoo demeure encore dans la mémoire de certains Nantais.

Kevin Morice
Archives de Nantes
2025

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