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Musée d'arts


Bien que fondé en 1801 par décret, le Musée des beaux-arts n’est véritablement créé qu’en 1810, lorsque les 1 155 tableaux, 64 sculptures et plus de 10 000 estampes de la collection Cacault sont inscrits à son inventaire.

Les différents bâtiments

Les collections ne trouvent pas tout de suite un abri digne d’elles. Pendant plus d’un quart de siècle, elles sont dispersées entre la mairie, la préfecture, le tribunal civil et les différentes églises de la ville. Dans un ouvrage très érudit, Henri de Saint-Georges, secrétaire en chef de la mairie, raconte les différents épisodes qui conduisent la Ville à les installer dans la Halle aux toiles. Une galerie provisoire est inaugurée le 1er avril 1830. Henri de Saint-Georges émet le vœu que celle-ci se transforme en « musée définitif  » en y apportant des améliorations intérieures, tout particulièrement en s’appropriant l’ensemble du bâtiment afin d’y installer un éclairage zénithal. Un tableau d’Albert Leroy, L’Ancien musée de Feltre à Nantes (1878), nom donné à l’établissement en 1852 à la suite du legs Clarke de Feltre, donne une idée assez précise de la muséographie. Dans une enfilade de salles, les œuvres sont présentées par écoles, les murs sont recouverts de toiles, les petits formats à hauteur d’yeux, puis les moyens formats et enfin les œuvres monumentales surplombant le tout. Des sculptures, plâtres originaux et d’études scandent l’espace.

Huile sur toile,  <i>L’ancien musée de Feltre à Nantes</i> 

Huile sur toile,  L’ancien musée de Feltre à Nantes 

Date du document : 1878

En 1891, la municipalité décide de la construction d’un nouveau bâtiment afin de présenter dignement les collections qui se sont considérablement enrichies durant tout le 19e siècle. À la suite d’un concours, l’architecte nantais Clément Josso, Grand Prix de Rome, est désigné pour édifier le nouveau palais abritant le musée et la bibliothèque. Après quelques péripéties liées à des dépassements budgétaires, Josso est dessaisi du dossier et remplacé par Lenoir. Le bâtiment inauguré le 19 avril 1900 est conforme à l’esprit des responsables de collections à la fin du 19e siècle : les salles sont distribuées autour d’un patio et l’éclairage zénithal est présent partout au premier étage, dans les petites et dans les grandes galeries.

Après le départ de la bibliothèque en 1985, des travaux sont entrepris sous la conduite de Georges Évano : les volumes initiaux, envahis par des cloisons et des mezzanines sont dégagés et le patio devient le véritable cœur du musée dédié aux expositions temporaires.

Toutes les richesses rassemblées depuis deux siècles ne pouvant être présentées au public, la municipalité décide de procéder à la rénovation et à l’extension du musée. En effet, afin de maintenir la continuité entre les collections anciennes et la création contemporaine, il a été décidé de ne pas donner suite à une délocalisation d’une partie des collections, ainsi que cela avait été envisagé lors de précédents projets, notamment dans la ZUP de Beaulieu. À la suite d’un concours, le cabinet britannique Stanton-Williams est désigné pour mettre en œuvre cette évolution. La collection contemporaine prend place sur 2  000 mètres carrés dans un bâtiment – le « Cube » - construit sur le flanc du musée actuel, lui-même devenu entièrement accessible. Le nouveau parcours, associant l'ancien palais rénové à l'extension présente 830 œuvres. Un auditorium de 150 places, des salles pédagogiques, des réserves de proximité ainsi que tous les espaces nécessaires à la gestion de la collection ont été également créés sous le « palais ».

Les collections : l’état, les grands donateurs et les achats

Il semble qu’à la différence des musées créés en 1801, la Ville n’avait pas constitué un premier fonds à partir de saisies révolutionnaires. Aussi, les 43 tableaux des envois de l’État de 1804 et 1809, forment le noyau initial du musée. Ce lot, tiré au sort parmi les quinze destinés aux musées de province, est constitué d’un tiers de peintures françaises (Vouet, La Hyre), d’un tiers de peintures italiennes (Pérugin, Castello, Guido Reni) et enfin d’un tiers d’œuvres nordiques (Rubens, Brueghel de Velours). Cette répartition est conforme à l’esprit du siècle des Lumières.

Dès 1810, avec l’acquisition de la collection Cacault par la Ville, le musée devient un établissement important. Avant d’être sénateur de la Loire-Inférieure, François Cacault (Nantes, 1743 - Clisson, 1805) avait été ministre plénipotentiaire en Toscane et ambassadeur à Rome entre 1785 et 1803. C’est lors de ses séjours italiens qu’il constitue la majeure partie de cette collection avec son frère, le peintre Pierre Cacault. Des œuvres de Cosme Tura, Solario, le Tintoret ou Beinaschi entrent au musée. S’y ajoutent des œuvres aussi exceptionnelles que les trois peintures de Georges de La Tour, sans doute acquises en France.

Dès lors, envois de l’État, donations et acquisitions se succèdent. Il faut noter, pour le 19e siècle, l’acquisition de la collection Fournier en 1814 (47 tableaux dont deux de Jean-Baptiste Oudry), puis en 1852, le legs de 77 tableaux de la collection de Clarke de Feltre (Delaroche, Flandrin, Greuze), qui donnera son nom au musée pendant un demi-siècle, et enfin, en 1854, les 30 tableaux de la collection Urvoy de Saint-Bedan (Brascassat, Gros, Vernet). L’État attend l’installation des collections dans la Halle aux toiles pour envoyer des œuvres à Nantes. Ainsi, à partir de 1831, les dépôts (Rémond, Dupré, Sigalon, Noël, Schnetz, Daubigny, Fromentin…) sont réguliers et d’importance. Les acquisitions faites par la Ville (Ziegler, Robert-Fleury, Delacroix, Brascassat, Luminais, Merson, Gérome, Corot…) résultent souvent d’une visite au Salon parisien annuel. Mais il faut souligner le caractère exceptionnel de l’achat du Portrait de Madame de Senonnes d’Ingres (1814) ainsi que Les Cribleuses de blé de Courbet (1854) : ces deux chefs-d’œuvre donnent au musée une indiscutable notoriété. En effet, la Ville les acquiert du vivant des artistes, montrant ainsi qu’elle soutient la création contemporaine et met à la portée de tous les citoyens le meilleur de la production de l’époque.

La politique d’enrichissement se poursuit après l’installation dans le Palais des beaux-arts. Cependant, la frilosité vis-à-vis du mouvement moderne incite la Ville à soutenir la création de la Société d’initiative et de documentation artistique créée en 1919 à l’instigation de Gaétan Rondeau. C’est ainsi que le musée s’enrichit dans un premier temps des Nymphéas (1917) de Monet,  du Phare d’Antibes (1909) de Signac, du Port du Havre (1906) de Dufy, puis c’est le tour d’œuvres de Bryen, Chaissac, Gorin… Transformée en Société des amis du Musée des beaux- arts, elle fait une importante donation au musée dans les premières années du 21e siècle avec une centaine d’œuvres de Fabrice Hyber, Philippe Cognée, Rosemarie Trockel, Toni Grand, Luc Tuymans, Gaston Chaissac, Aurélie Nemours, Per Kirkeby…

Durant l’entre-deux-guerres, sur proposition du conservateur, la Commission de surveillance du musée enrichit la collection d’œuvres d’artistes de l’école de Pont-Aven : Paul Sérusier, Émile Bernard et Maurice Denis.

Après la Seconde Guerre mondiale, les différents conservateurs privilégient la création contemporaine. Avec l’achat du Salve Regina (1945) de Manessier en 1947, l’abstraction entre pour la première fois dans un musée de province. Cette acquisition incite Gildas Fardel à donner dix œuvres en 1958 dont Herunter 476 (1929) de Kandinsky, qui est à l’origine du dépôt, en 1988, par le Musée national d’art moderne, de dix œuvres du peintre de l’époque du Bauhaus, faisant de Nantes un musée de référence pour cet artiste. Cette donation, complétée par Fardel en 1969 et 1972, fait entrer au musée les principaux acteurs de l’abstraction lyrique. Elle est suivie de la donation Jean Gorin en 1978, artiste néoplasticien dont l’œuvre abstraite géométrique ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire des collections.

La création en 1982 du Fonds régional d’acquisition pour les musées (FRAM), abondé pour moitié par l’État et par la région des Pays de la Loire, permet l’acquisition d’œuvres importantes et de combler certaines lacunes : ainsi La Forêt (1927) de Max Ernst, vient rappeler que Nantes fut un des berceaux du surréalisme. L’État dépose des œuvres de Dubuffet, Chagall, Picasso, issues de dations.

Alors que le Fonds national d’art contemporain (FNAC) réalise des dépôts importants, la Ville poursuit ses acquisitions d’œuvres de Supports-Surfaces (Toni Grand, Dezeuze, Viallat), de l’Arte Povera (Manzoni, Pascali, Fabro, Boetti), des grandes figures (Sarkis, Messager, Boltanski, Richter, Broodthaers, Gilbert et George, Kirkeby, Viola…), et de représentants des jeunes générations (Hyber, Trockel, Tuymans, Sala, Moulène…). Le Musée d'arts de Nantes peut ainsi proposer au public un vaste panorama de la création artistique depuis le 13e siècle, parcours essentiellement européen, mais qui, pour l’art contemporain, s’ouvre progressivement sur le monde. Une politique d’expositions temporaires ambitieuses marque en outre la mémoire nantaise : ainsi en 1993 L’avant-garde russe, en 1996 Les Années romantiques, en 2000 Vision machine, en 2005 L’Action restreinte, en 2007 Anish Kapoor, en 2008 L’art contemporain de  Perec, en 2011 Le théâtre des passions (1697-1759).

Depuis la rénovation, le redéploiement des collections entre le Palais et l'extension permet de reconstituer un fil chronologique depuis l'art ancien dans les espaces du rez-de-chaussée, les collections 19e et modernes à l'étage du Palais jusqu'aux quatre étages de présentations thématiques des collections d'art contemporain dans le Cube. La bibliothèque a pu redéployer son fonds exceptionnel, et particulièrement celui de la DIAC, rassemblant plus de 18 000 documents sur les artistes du 20e siècle. Elle est associée à un nouveau cabinet d'arts graphiques comprenant un espace de consultation pour les chercheurs et des réserves aux normes de conservation contemporaines dans un bâtiment neuf sur la rue Clemenceau, cabinet qui conserve plus de 15  000 œuvres. La chapelle de l’Oratoire, qui a accueilli des expositions temporaires de qualité pendant la fermeture, est à présent complètement intégrée au parcours muséographique et architectural. Elle présente à présent des installations contemporaines d'ampleur (Bill Viola, Thierry Kuntzel), ou des expositions temporaires. Les années de travaux ont également été pour le musée l’occasion de transférer les collections non exposées dans de nouvelles réserves après un chantier de restauration des collections de plus de 150 œuvres, intégrant le récolement décennal.

Extrait du Dictionnaire de Nantes
2013, actualisé en 2018
(droits d'auteur réservés)

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En bref...

Localisation : Georges Clemenceau (rue) 10, NANTES

Date de construction : 1900

Auteur de l'oeuvre : Josso, Clément (maître d'oeuvre) ; Evano, Georges (architecte) ; Stanton-Williams (architectes)

Typologie : architecture de culture recherche sport ou loisir

En savoir plus

Bibliographie

Bonnefoy Françoise, Musée d'arts de Nantes, Nouvelles éditions Scala, Lyon, 2017 (coll. L'esprit du lieu)

Cosneau Claude, « La collection Cacault ou du musée-école au musée des Beaux-Arts », 303 recherches et créations, n°7, 1985, p. 6-31

Cousseau Henry-Claude (dir.), Le Musée des Beaux-Arts de Nantes, Musées et Monuments de France, Paris, Albin Michel, Paris, Ville de Nantes, Nantes, 1991

« Musée d'arts : quel projet, quels publics ? », Place publique Nantes Saint-Nazaire, n°64, automne 2017, p. 2-65

Richard Patrick, Le Musée d'arts de Nantes : Stanton Williams, Archibooks, Paris, 2017

Webographie

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