Cryptes de la cathédrale
La crypte romane est le dernier vestige de la cathédrale érigée au 11e siècle. Elle témoigne de l'importance de Nantes en tant que lieu de pèlerinage au Moyen Âge.
Dans la seconde moitié du 11e siècle, la papauté engage un vaste plan de réformes de l’Église après une longue période de troubles et de crise au sein même de l’institution. Partout en Europe, de nombreuses églises sont bâties pour marquer ce renouveau. Ainsi débute à Nantes la construction d'une nouvelle cathédrale de style roman, dotée d'une crypte, illustrant la croissance de la ville.
L’âge d’or et le déclin du culte des reliques
Cette crypte du 11e siècle est aujourd’hui le seul vestige de l'édifice roman. Elle est aménagée afin d'accueillir les reliques de trois saints nantais morts en martyrs : saints Donatien et Rogatien – les deux fils d’un magistrat nantais, vraisemblablement tués à la fin du 3e siècle ou au début du 4e siècle – et saint Gohard, un évêque nantais exécuté par les Normands lors d’une invasion en 843. L’objectif est de rassembler la communauté chrétienne autour du culte des reliques, alors en plein essor, et de recueillir des aumônes grâce à la venue de pèlerins.
Vers la fin du 12e siècle, les corps des saints, jusque-là enfermés dans les cryptes, sont de plus en plus exposés dans l’église supérieure. La construction de cryptes se raréfie, tandis que certaines disparaissent totalement ou sont transformées lors des reconstructions gothiques.
Ainsi, au 15e siècle, après une longue période de crise, le commerce reprend et la population nantaise augmente. Ce contexte économique favorable donne la possibilité au duc de Bretagne Jean V de lancer la construction d'une nouvelle cathédrale de style gothique en 1434 afin de remplacer le monument roman. Ce chantier, qui durera 457 ans jusqu'à 1891, aura de profonds impacts sur l'utilisation et l'architecture de la crypte romane.
Fouilles dans la cathédrale
Date du document : 1884
L’architecture de la crypte
L’architecture de la crypte était particulièrement adaptée au culte des reliques. Le martyrium central, où étaient conservés les restes des saints, est situé symboliquement sous l’autel. Il est de forme rectangulaire avec une abside à l’est. Quatre colonnes en granit en occupent le centre. Jusqu’à 1733, elles supportaient les voûtes, tout comme les dix demi-colonnes en pierre blanche qui ornent encore aujourd’hui les murs de plus de deux mètres d’épaisseur de la salle. Le décor de ces supports rappelle celui des colonnes de la crypte de l’église Sainte-Croix de Quimperlé, édifice reconstruit par Benoît de Cornouaille, l’évêque de Nantes ayant certainement lancé le chantier de la cathédrale romane. Contrairement à la crypte de Sainte-Croix, celle de Nantes dispose d’un espace de circulation cerclant le martyrium et appelé déambulatoire. Des absidioles, c’est-à-dire des chapelles secondaires de petite dimension, s’ouvrent sur ce déambulatoire.
En 1733, les chanoines font détruire les voûtes de la crypte afin de mettre le sol du chœur roman, alors surélevé par rapport au reste de l'édifice, au même niveau que la nef gothique datant du 15e siècle.
A la fin du 19e siècle, une seconde crypte, la crypte « basse », est creusée afin de servir de fondation au chevet néo-gothique, bâti pour remplacer le chœur roman du 11e siècle. C'est à l'occasion de ces travaux que la crypte romane est redécouverte en 1884. Il est décidé de la réhabiliter sans reconstituer le voûtement dont la surélévation aurait occasionné des difficultés de circulation dans l’église supérieure. Les voûtes sont remplacées par un plafond plat.
La crypte basse abrite aujourd'hui une exposition permanente retraçant l'histoire de la cathédrale.
Découverte des vestiges de la crypte de la cathédrale de Nantes
Date du document : 1884
Le trésor de la cathédrale
Le trésor désigne l'ensemble des objets servant pour le culte et l'ornement du culte. Au 11e siècle, il commence à se constituer autour des reliques de saint Donatien, saint Rogatien et saint Gohard. Des trésors antérieurs à la Révolution française ne subsistent que le Livre de fondations du Chapitre cathédrale du 15e siècle qui n'est pas exposé pour des raisons de conservation, et la maquette en tuffeau de 1632. Tout le reste a été pillé pendant les guerres de Religion du 16e siècle, ou perdu lors de la nationalisation des biens du clergé pendant la Révolution française. L'orfèvrerie, quant à elle, a été fondue pour financer les guerres de la période révolutionnaire. Le trésor s'est progressivement reconstitué à partir du Concordat de 1802 par le biais de dons, de legs et d'achats, bien qu'une partie ait été détruite lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Maquette en tuffeau du choeur de la Cathédrale
Date du document : 14-08-2018
Le trésor de la cathédrale de Nantes est constitué d'environ 150 pièces d'orfèvrerie, d'une centaine de textiles et de quelques éléments de statuaires dont la datation s'étale pour la plupart du 14e siècle à nos jours. La majorité des objets remonte au 19e siècle. Parmi les pièces exposées, certaines sont particulièrement remarquables du fait de leur valeur historique et artistique :
- La maquette en tuffeau datant du 17e siècle : commandée en 1631, elle nous donne une idée du projet de construction du nouveau chœur et du transept qui avait été imaginé par les bâtisseurs de l’époque, et qui n’a pas pu aboutir. Ce projet était censé compléter la nef gothique datant du 15e siècle. Ces modèles servaient d’outils de travail aux architectes, mais aussi d’outils de visualisation aux commanditaires.
- Une croix de procession datant de 1588 : parmi les personnages bibliques représentés figurent entre autres Dieu le Père, le Christ, la Vierge Marie, saint Jean ou encore les quatre évangélistes.
- Le groupe sculpté en terre cuite de la Vierge à l’Enfant : cette œuvre est attribuée à Charles Hoyau, sculpteur actif au Mans dans la première moitié du 17e siècle.
Chasuble et étole, trésor de la crypte de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes
Date du document : 17-09-2018
Le trésor comprend également plusieurs ornements liturgiques, c’est-à-dire les habits de cérémonies des principaux officiants. Les pièces d’orfèvrerie, quant à elles, ont été produites soit à Nantes, soit à Paris. En effet, la proximité de la Loire permit à l’art de l’orfèvrerie de se développer dans la région nantaise, l’eau étant indispensable aux artisans pour nettoyer les métaux. Parmi le trésor figure le calice dit « des Prisons de Nantes », réalisée par un orfèvre nantais au 18e siècle. Son décor végétal composé de feuilles de vignes, de lauriers et de fleurs évoque le pain et le vin eucharistique.
Noémie Boulay
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2020
En bref...
Localisation : Saint-Pierre (place), NANTES
Typologie : architecture religieuse
En savoir plus
Bibliographie
Eraud Dominique, « Nantes : la cathédrale des XIe et XIIe siècles », Arts de l’ouest : études et documents, n°1980/1-2, 1981, p. 91-104
Maître Léon, « Les substructions du chevet de la cathédrale de Nantes », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1906, p. 261-281
Montfort Jules, « La crypte de la cathédrale de Nantes », Bulletin Monumental, 5e série, t. 12, n°50, 1884, p. 368-380
Sapin Christian, Les cryptes en France : pour une approche archéologique, IVe-XIIe siècle, Picard, Paris, 2014
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Rédaction d'article :
Noémie Boulay
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