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Cales des chantiers Pont de Pirmil (2/4)

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Cryptes de la cathédrale


La crypte est le dernier vestige de l’ancienne cathédrale romane érigée à Nantes au 11e siècle. Elle témoigne de l'importance de la ville en tant que lieu de pèlerinage au Moyen Âge.

Dans la seconde moitié du 11e siècle, la papauté engage un vaste plan de réformes de l’Église après une longue période de troubles et de crise au sein même de l’institution. Partout en Europe, de nombreuses églises sont bâties pour marquer ce renouveau. Ainsi débute à Nantes la construction d'une nouvelle cathédrale de style roman, dotée d'une crypte, illustrant la croissance de la ville.

L’âge d’or et le déclin du culte des reliques   

Cette crypte du 11e siècle est aujourd’hui le seul vestige de l'édifice roman. Elle est aménagée afin d'accueillir les reliques de trois saints nantais morts en martyrs : saints Donatien et Rogatien, les deux fils d’un magistrat nantais, vraisemblablement tués à la fin du 3e siècle ou au début du 4e siècle, et saint Gohard, un évêque nantais assassiné par les Normands lors d’une invasion en 843. L’objectif est de rassembler la communauté chrétienne autour du culte des reliques, alors en plein essor, et de recueillir des aumônes grâce à la venue de pèlerins.

Vers la fin du 12e siècle, les corps des saints, jusque-là enfermés dans les cryptes, sont de plus en plus exposés dans l’église supérieure. La construction de cryptes se raréfie, tandis que certaines disparaissent totalement ou sont transformées lors des reconstructions gothiques.

Au 15e siècle, après une longue période de crise, le commerce reprend et la population nantaise augmente. Ce contexte économique favorable donne la possibilité au duc de Bretagne Jean V de lancer la construction d'une nouvelle cathédrale de style gothique en 1434 afin de remplacer le monument roman. Ce chantier, qui dure 457 ans jusqu'à 1891, a de profonds impacts sur l'utilisation et l'architecture de la crypte romane.

Fouilles dans la cathédrale

Fouilles dans la cathédrale

Date du document : 1884

L’architecture de la crypte

L’architecture de la crypte était particulièrement adaptée au culte des reliques. De plan semi-circulaire, elle est en partie souterraine, le sol du chœur étant surélevé par rapport à celui de la nef. Le martyrium central, où étaient conservés les restes des saints, est situé symboliquement sous l’autel. Il est de forme rectangulaire avec une abside à l’est. Quatre colonnes en granit en occupent le centre. Jusqu’à 1733, elles supportaient les voûtes, tout comme les huit demi-colonnes en pierre blanche qui ornent encore aujourd’hui les murs du martyrium. Le décor de ces supports rappelle celui des colonnes de la crypte de l’église Sainte-Croix de Quimperlé, édifice reconstruit par Benoît de Cornouaille, l’évêque de Nantes ayant certainement lancé le chantier de la cathédrale romane. Contrairement à la crypte de Sainte-Croix, celle de Nantes dispose d’un espace de circulation cerclant le martyrium et appelé déambulatoire. Des absidioles, c’est-à-dire des chapelles secondaires de petite dimension, s’ouvrent sur ce déambulatoire.

En 1733, les chanoines font détruire les voûtes de la crypte afin de mettre le sol du chœur roman au même niveau que la nef gothique du 15e siècle. La crypte est alors comblée.

Durant les travaux d’achèvement de la cathédrale gothique, entre 1859 et 1865, de nouvelles cryptes sont creusées pour servir de lieux de stockage aux sacristies. En 1884, l’architecte Louis Sauvageot prend la suite du chantier. Il intervient sur la crypte romane afin d’établir les fondations du chevet néo-gothique, bâti dans le but de remplacer le chœur roman du 11e siècle. La crypte est alors déblayée et couverte d’un plafond plat pour éviter la surélévation du nouveau chœur. L’ancienne chapelle de la crypte est transformée en caveau destiné à recevoir les corps des évêques nantais.

Découverte des vestiges de la crypte de la cathédrale de Nantes

Découverte des vestiges de la crypte de la cathédrale de Nantes

Date du document : 1884

L’ouverture au public

Suite aux dégâts causés par les bombardements du 15 juin 1944 et de l’incendie du 28 janvier 1972, d’importants travaux de restauration sont entrepris sur la cathédrale de Nantes. De 1982 à 1985, les cryptes sont réaménagées afin d’être ouvertes au public. Les fouilles archéologiques entreprises pendant ce chantier ont révélé la présence d’un ancien escalier aménagé au 11e siècle qui permettait d’accéder à la crypte. Celui-ci est restitué. Depuis, la crypte du 19e siècle abrite une exposition permanente retraçant l'histoire de la cathédrale tandis que la crypte romane reçoit l'orfèvrerie et les textiles qui constituent son trésor.

Dans les années 2000, des travaux sont entrepris dans la crypte pour améliorer les conditions de conservation des objets liturgiques ainsi que la sécurité des lieux : amélioration du système d’éclairage, de la qualité des vitrines d’exposition, installation d’un système d’alarme... Mais surtout, de nouveaux aménagements permettent de réduire et de stabiliser le taux d’humidité dans l’air ambiant et de supprimer les brusques variations thermo-hygrométriques qui détérioraient petit à petit la collection. Après une campagne de restauration des objets, la nouvelle présentation du trésor est inaugurée en septembre 2006.

Crypte de la cathédrale en 2007

Crypte de la cathédrale en 2007

Date du document : 14/02/2007

Le 18 juillet 2020, Saint-Pierre-et-Saint-Paul est de nouveau victime d’un incendie. L’eau utilisée pour éteindre les flammes ayant percolé dans les cryptes, le trésor est immédiatement évacué. Depuis fermées au public, les cryptes sont toujours en cours de restauration.

Noémie Boulay
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2020 (mis à jours en 2025)

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En bref...

Localisation : Saint-Pierre (place), NANTES

Typologie : architecture religieuse

En savoir plus

Bibliographie

Eraud Dominique, « Nantes : la cathédrale des XIe et XIIe siècles », Arts de l’ouest : études et documents, n°1980/1-2, 1981, p. 91-104

James Jean-Paul (dir.), Nantes, la grâce d'une cathédrale, Nuée bleue, Strasbourg, 2013

Maître Léon, « Les substructions du chevet de la cathédrale de Nantes », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1906, p. 261-281

Montfort Jules, « La crypte de la cathédrale de Nantes », Bulletin Monumental, 5e série, t. 12, n°50, 1884, p. 368-380

Sapin Christian, Les cryptes en France : pour une approche archéologique, IVe-XIIe siècle, Picard, Paris, 2014

Pages liées

Dossier : La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul

Fouille Porte Saint-Pierre

Catholicisme

Trésor de la cathédrale

Tags

Archéologie Catholicisme Centre Ville Lieu de culte Monument historique

Contributeurs

Rédaction d'article :

Noémie Boulay

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