« Dans les années vingt », note Gracq, Nantes avait « épousé le rugby ». Avant de devenir un haut lieu du football, la ville fut en effet un des rares postes avancés d’un sport populaire avant tout au sud de la Loire.
Le Snuc, le club centenaire de Pascal Laporte
Ce droit d’aînesse du rugby, qui perdure jusque dans les années 1950, est lié pour l’essentiel à un club, le Snuc (Stade nantais université club), rebaptisé Stade Nantais en 2007. Il naît en 1907, à partir de la fusion du Sporting club universitaire nantais (club omnisports fondé en 1903 par un groupe de lycéens, d’étudiants et d’ouvriers) et du Rugby Club de Basse-Indre Couëron. Cette naissance doit beaucoup à celui dont le stade du boulevard des Anglais porte toujours le nom, Pascal Laporte (1876-1947). Ailier, il est plusieurs fois sacré champion de France avec le Stade bordelais avant de venir travailler à Nantes pour une société britannique. Devenu président du club, il facilite le recrutement, en 1910, de l’international gallois Percy Bush (1879-1955). Demi d’ouverture d’exception, le joueur de Cardiff aide grandement le club nantais à se hisser parmi l’élite.

Dessin d'élève de l'école de la rue Noire de la finale du championnat de France de rugby
Date du document : 1917
Le Snuc (maillot blanc à ceinture verte, blanche et rouge) a souvent végété en deuxième division (il évolue même aujourd’hui dans l’équivalent de la 4e division). Il a malgré tout conquis une fois, en 1917, le fameux bouclier de Brennus, battant à Bordeaux le Stade toulousain par un score de 8 à 3. Il est vrai qu’en raison de la guerre, le championnat de France ne put, cette année-là, se disputer vraiment. Après la Seconde Guerre mondiale, le club n’évolue que brièvement en première division (de 1954 à 1956), même s’il voit un de ses joueurs, l’ouvreur Michel Lecointre, porter une fois, en 1952, le maillot de l’équipe de France.
La boue et la terre battue
L’ancrage du rugby à Nantes est indissociable d’un lieu, le stade Pascal-Laporte, qui témoigne de l’assise plutôt « gentry » d’un club où la boue du rugby et la terre battue du tennis ont longtemps fait cause commune. En 1920, le Snuc se porte en effet acquéreur d’une ferme aux lisières de la ville, au lieu-dit Malville, en bordure de l’actuel boulevard des Anglais. Y sont construits un terrain de rugby, un terrain annexe d’entraînement, une piste d’athlétisme, une tribune, quatre courts de tennis, un club-house et…un fronton de pelote basque (aujourd’hui disparu). Par-delà les graves soucis financiers du Snuc, devenus patents en 2004, et bien que l’autre club historique, le Vélo-sport nantais (dont la section de rugby est créée en 1906) ait aujourd’hui périclité (mais non totalement disparu), le rugby connaît depuis quelques années dans la métropole un réel essor : par le nombre de ses licenciés (plus de 500), son école de rugby, ses équipes de jeunes et son centre de formation, le Stade nantais est un des quinze clubs français les plus importants. Témoignage d’un ancrage qui s’étend à la Basse-Loire, Nantes a accueilli en 2007, au stade de La Beaujoire, plusieurs matches de la Coupe du Monde.
Jean-Claude Pinson
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
Album « Histoire du SNUC »
En savoir plus
Bibliographie
Mahé Pierre, « Historique du S.N.U.C. », Annales de Nantes et du Pays nantais, n°216, 1985, p. 28-32
Mahé Pierre, Briand, Pierre, « Le rugby à Nantes », Annales de Nantes et du Pays nantais, n°236 « Le sport à Nantes et en Loire-Atlantique, naguère, hier et aujourd’hui », 1990, p. 14-16
Padioleau Hervé, Nantes, cité sportive des origines à 1918, CMD, Montreuil-Bellay, 1998
Tonini Brice, « Comment le football a supplanté le rugby », Place Publique Nantes Saint-Nazaire, n°12, novembre-décembre 2008, pp. 128-132
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Rédaction d'article :
Jean-Claude Pinson
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