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Rue de la Rosière d'Artois


Le tracé de la rue de la Rosière d'Artois est antérieur au 18e siècle. Son nom actuel évoque le passage à Nantes, en 1777, du comte d'Artois, futur roi de France. Au 19e siècle, cette rue devient le haut-lieu de la bourgeoisie qui s'y fait construire des hôtels particuliers.

En souvenir du passage du comte d'Artois

En 1738, cette rue nord-sud qui relie la rue de Gigant au quai de la Fosse ne porte pas encore de nom. Dans des actes de voirie, on évoque , sans la nommer, « la rue appelée à réunir la croix des Gattineau (place de l'Édit de Nantes) à la Fosse (quai de la Loire) ». Dans les années 1750, elle devient la rue de la Corderie, du fait de la présence de cette activité au voisinage, puis elle prend le nom de rue de l'Épine, du nom d'un moulin situé près du bois de la Touche.

L'attribution du nom de Rosière d'Artois apparaît dans un document officiel en 1822 et pourrait avoir été donnée suite au passage à Nantes, en 1777, du comte d'Artois, qui, à cette occasion, institua une rosière à Nantes et assista à la mise à l'eau d'un navire baptisé la Rosière d'Artois, sorti des chantiers de la Chézine. La rosière était une célébration instituée au Moyen Âge, revenue à la mode après la Révolution française, qui consiste, à la remise d'une couronne de roses à la jeune fille qui dans l'année a fait preuve d'une conduite irréprochable, de vertu et de piété. Le comte d'Artois est plus connu sous le nom de Charles X, Charles-Philippe de France (1757-1836) couronné roi de France en 1824.

Plan de situation, extrait du plan de la ville de Nantes

Plan de situation, extrait du plan de la ville de Nantes

Date du document : 1795

Une rue rattrapée par l'urbanisation  

L'édification des habitations a commencé à partir du 18e siècle par le côté impair (actuellement) de la rue, soit à l'ouest. La partie basse de la rue jouxtait les jardins de l'Hôpital du Sanitat, sa partie haute était bordée par les jardins et tenues du manoir de la Touche occupés au 18e siècle par les prêtres Irlandais. Dans les premières années du 19e siècle, des procès-verbaux soumirent les propriétaires au règlement d'alignement des habitations sur la rue.

C'est dans l'impasse de la Rosière-d'Artois, au fond à droite, que se trouvait la synagogue de Nantes avant son transfert en 1870 impasse Copernic.

En 1860, il avait été projeté le percement d'une voie nouvelle reliant la place des Irlandais (future place Jean V) à la rue de la Rosière qui ne fut pas réalisé. L'axe projeté passait entre le manoir de la Touche et le futur manoir-musée Dobrée.

Entre les n° 27 et 35 de la rue, se trouvait la cour Bel-Air aujourd'hui disparue, où en 1841, l'abbé Théard aménagea une maison dédiée aux Frères des Écoles Chrétiennes.

La rue des hôtels particuliers

Dans le cadre de l’extension urbaine de la ville vers l’ouest et de la proximité avec les quartiers industriels, la rue Rosière d’Artois a accueilli à partir des années 1850 de nombreuses familles de riches négociants ou industriels (Say, Cossé-Duval, Carnaud-Amieux, Lebrun, Haranchipy, Dobrée, Pelletier...). Ceux-ci n’ont pas hésité à faire appel à des architectes en vue sur Nantes comme Léon Lenoir, la famille Crucy... Un peu plus tard, vers 1890, des architectes comme Georges Lafont ou Jules Montfort y ont même édifié leur propre résidence.

À l'emplacement du n°9, sur un plan de nivellement de 1846, le propriétaire indiqué est M. Lafond. Il s'agit probablement de la famille du célèbre architecte Georges Lafont (1847-1924). Ce dernier se fit d'ailleurs construire au n°17 de la rue sa maison d'habitation qui existe toujours. Il fut notamment l'architecte de nombreuses villas de la station balnéaire de La Baule à partir de 1880. Il est un des fondateurs et animateurs de la société nantaise « Le Clou », cercle artistique en activité de 1884 à 1912, et qui se réunissait dans cette maison.

En 1859, l'architecte Félix Crucy (1797-1867) obtient l'autorisation de construire à l'angle de la rue de la Rosière et de la rue Sainte-Marie (actuelle rue Désiré-Colombe) un hôtel particulier pour Madame Cossé Duval, issue d'une riche famille propriétaire de raffineries de sucre. Cet hôtel est racheté ensuite par la famille Pelletier.

Plan de la façade de l'hôtel particulier, 9 rue de la Rosière d’Artois

Plan de la façade de l'hôtel particulier, 9 rue de la Rosière d’Artois

Date du document : 07-1859

Le n° 11 est indiqué comme une maison qui a été édifié pour M. Pelletier demeurant alors au n°9, voisin. Les plans sont dressés le 24 mars 1874 par l'architecte Léon Lenoir (1830-1909). La façade actuelle ne correspond pas au plan du permis de construire dans ses ouvertures, car ce projet initial était une annexe de l'hôtel où demeurait M. Pelletier, au n°9.

Hôtel particulier, 11 rue de la Rosière d’Artois

Hôtel particulier, 11 rue de la Rosière d’Artois

Date du document : 06-08-2020

Le n°13  les Say occupent le n°13 rue Rosière d’Artois depuis au moins 1858. Originaire du sud et installée à Genève, la famille Say s’implante à Nantes au début du 19e siècle. L’aïeul Louis crée une première raffinerie de sucre de betterave en 1812 dans le quartier des Ponts. Puis, alors qu’il choisit de monter à Paris, il cède ses parts à ses deux fils et à leur associé Jean-Baptiste Étienne. Ceux-ci poursuivent le développement de l’affaire, d’abord aux Ponts, puis à Chantenay. Dans la seconde moitié du 19e siècle, la famille compte parmi la grande bourgeoisie nantaise.

Le n°15 rue d’Artois est également propriété des Say où réside Madame Suzanne Say, veuve d’Édouard, à partir de 1924. Cet hôtel particulier restera dans la famille jusqu’à sa vente en 1980, puis sera détruit pour laisser place à un immeuble contemporain. À l’origine, le jardin Say dépend de cette propriété. Situé en fond de parcelle, il sera vendu à la Ville. Cet espace vert remarquable abrite l’ancienne orangerie du domaine Say, qui sera mise en valeur dans le cadre du projet d’aménagement du jardin.

À l'emplacement des n°29 et 31, il est indiqué sur un plan de nivellement de 1846 l'existence d'une impasse. Dans un rapport de 1870 de l'architecte voyer, cette impasse considérée comme terrain communal va faire l'objet d'acquisition par la famille Pelletier, alors déjà propriétaire des parcelles situées de part et d'autre. Puis, en 1879, l'entrepreneur E. Doublé obtient l'autorisation de construire un hôtel particulier pour M. Lebrun, alors propriétaire des n°29 et 31.

Le n°35 est un hôtel particulier qui a été construit à partir d’octobre 1871 pour monsieur E. Lavalley, sur des plans dressés par l’architecte Léon Lenoir (1830-1909).

Amélie Decaux
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En savoir plus

Bibliographie

Créhalet Frédéric, « L'Atelier de l'architecte Georges Lafont (1847-1924) et du peintre Alexis de Broca (1868-1948) : un lieu d'art et de tolérance à Nantes », Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Nantes et de Loire-Atlantique, 2019, n°154, p. 209-238

Desamis Christiane ; Le Goff, Yvette, « La rue de la Rosière d’Artois », les Annales de Nantes et du Pays Nantais, revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, n°242, 4e trimestre 1991, p. 16-18

Pied Edouard, Notices sur les rues de Nantes, A. Dugas & Cie, Nantes, 1906

Gaillard Alain, « Léon Lenoir, architecte nantais (1830-1909) », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes, n°149, 2014, p. 311-354

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Quai de la Fosse

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Dobree-Bon Port Extension et limite urbaine Hôtel particulier Nom de rue

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Rédaction d'article :

Amélie Decaux

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