
Baco
Comme le rappellent l’allée (autrefois quai) Baco et, à Sainte-Anne, la rue du Roi Baco, Nantes compte deux personnages de ce nom. René Baco de La Chapelle (1751-1800) est une figure importante de l’histoire nantaise et nationale.

Buste de René Baco de La Chapelle, maire de Nantes
Date du document : sans date
Substitut puis procureur du roi au présidial de la ville, avocat au Parlement, il appartient à une famille de juristes et de négociants, et fait partie de la loge Saint-Germain. Parfait représentant de la bourgeoisie nantaise réformatrice, il est élu aux États généraux et participe au déclenchement de la Révolution. Il adhère au serment du Jeu de paume, appartient à la Société des amis de la Constitution, le Club des Jacobins, mais ne prend pas une part très active dans les travaux de l’Assemblée constituante. Il est surtout le rédacteur du Journal de la correspondance qui tient les Nantais au courant des événements parisiens. Membre d’honneur de la fête anglo-française donnée à Nantes en 1790, il s’inscrit dans le courant qui récuse les mesures sociales radicales et conteste le pouvoir des sans-culottes. Après juillet 1791, il passe au Club des Feuillants, quittant ainsi les Jacobins.
À Nantes, il est élu maire en décembre 1792, si bien qu’il se retrouve en première ligne lors des attaques de la ville par les armées contre-révolutionnaires. Il propose, en vain, une sortie contre les insurgés qui assiègent la ville en mars. Mais en mai, il prend publiquement parti contre le coup d’État qui a chassé les Girondins de la Convention à Paris. Appuyé par le général Beysser et par l’opinion des troupes présentes, il affirme en juillet ses convictions girondines, ce qui lui vaut d’être mis hors la loi. Son destin se fixe lors de l’attaque du 29 juin 1793 par les troupes vendéennes. Alors que les représentants en mission montagnards présents sur place envisagent de capituler, il incarne la résistance, faisant même décréter la peine de mort pour tout partisan de la capitulation. Malgré le courage qu’il montre au combat et la victoire qu’il obtient, il est traduit en août devant la Convention, où il exprime à nouveau ouvertement ses opinions, ce qui lui vaut d’être jeté en prison. Son argumentation témoigne de ses convictions révolutionnaires et républicaines, et de son refus de la contre-Révolution comme des revendications des sans-culottes.
Il ne partage pas pourtant le sort de Beysser, qui est guillotiné, et il est libéré au lendemain de la chute de Robespierre, avant de continuer sa carrière politique. Député aux Cinq-Cents, il en démissionne en 1797 pour devenir codirecteur de l’Opéra, après une mission difficile comme commissaire du gouvernement dans les colonies, à l’île de France (île Maurice). Il est envoyé ensuite à la Guadeloupe, où il se pose en défenseur de l’abolition de l’esclavage. C’est au cours de ce second voyage qu’il meurt en 1800. Baco représente ainsi une part importante de la sensibilité nantaise confrontée au radicalisme sans-culotte, à la Vendée et aux partisans du maintien de l’esclavage.
L’autre Baco est pure fiction, celle des Aventures du roi Baco, marin nantais que l’écrivain nantais Edmond Coarer, Kalondan de son nom de druide, publie en 1956 : histoire d’un aventureux jeune marin nantais qu’un naufrage conduit à épouser une reine exotique avant de revenir chargé de trésors qu’il dilapide…
Un disque de chants de marins dû à Roland Brou et Patrick Couton, Le Quai du roi Baco, esquisse en 2003 une révélatrice confusion des mémoires.
Jean-Clément Martin
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteurs réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Berranger Henri de, « Heur et malheur du 91e maire de Nantes, Baco de la Chapelle », Bulletin de la société archéologique et historique de Loire Atlantique, n°111, 1972, p. 31-40
Coarer Kalondan Edmond, « Sa majesté Baco, premier et seul du nom », dans Nantes pittoresque et disparu, M. Daubin, Paris, 1947, p. 129-138
Le Nail Bernard, Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique : les hommes et les femmes qui ont fait la Loire-Atlantique, LeTemps, Pornic, 2010
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Rédaction d'article :
Jean-Clément Martin
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