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Sixième agglomération française, Nantes est une métropole dynamique à très forte croissance qui a su relever nombre de défis, notamment dans l’enseignement supérieur, la recherche et le développement économique.

En moins de cinquante ans, Nantes est devenue une cité universitaire forte de plus de 50 000 étudiants et de plus de 80 entités de recherche académiques. L’enseignement supérieur et la recherche, c’est l’université de Nantes, un Centre hospitalier universitaire (CHU), des centres et instituts de recherche parmi lesquels l’Ifremer, l’Inra et l’Institut français des sciences et techniques des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), une présence forte du CNRS et de l’Inserm, et de nombreuses écoles post-baccalauréat, dont les plus impliquées en recherche sont Centrale, Mines, l’École vétérinaire et agroalimentaire (Oniris), l’École nationale supérieure d’architecture et l’École de management (Audencia). Dans la même période, Nantes, avec son espace métropolitain Nantes – Saint-Nazaire, est devenue une ville attractive pour le secteur économique avec une technopole très active, Atlanpole, qui regroupe plus de 350 entreprises, en particulier petites et moyennes, et près de trente structures de soutien à l’innovation.

Des débuts marquants

Au-delà de recherches individuelles, par exemple dans le domaine des engrais, tout au long du 19e siècle, et de prémices dans les domaines de la santé et de la mécanique à la fin de ce siècle, l’ouverture de l’université, en 1962, est le vrai point de départ pour le développement de la recherche publique à Nantes.

L’installation de nombreuses écoles, instituts et centres techniques (Centre technique des industries mécaniques, Centre scientifique et technique du bâtiment, École nationale des industries agroalimentaires, Inra, École d’architecture, Laboratoire central des Ponts et Chaussées, École vétérinaire, Ifremer, Écoles de design, des mines et du bois) nécessite le recrutement de très nombreux chercheurs, la construction de locaux dédiés à la recherche dont le plus emblématique a été l’Institut des matériaux de Nantes, laboratoire commun au CNRS et à l’Université, inauguré en 1989. Elle a aussi conduit à la structuration des laboratoires de recherche. De deux unités au début des années 1960, le nombre de laboratoires ayant une accréditation nationale passe à vingt et un en 1991, dont quinze associés au CNRS (onze en sciences et technologies, quatre en sciences humaines et sociales), quatre à l’Inserm en santé, et deux à l’Inra en agroalimentaire.

Cette période voit aussi l’installation des premiers grands équipements, tels les bassins de houle et des carènes, la centrifugeuse et la soufflerie climatique Jules Verne. Deux chercheurs, le chimiste Jean Rouxel et l’embryologiste Nicole Le Douarin, reçoivent la médaille d’or du CNRS et entrent à l’Académie des sciences. Les recherches de Maryvonne et Gérard Martin, du Laboratoire de chimie organique physique de l’université, permettent par ailleurs la création en 1987 de la société Eurofins, leader mondial en bioanalyses.

Les tournants de 1992 et 2002

Un premier tournant intervient en 1992, avec le doublement du nombre des laboratoires de recherche et la naissance des deux premiers regroupements de laboratoires au sein de structures fédératives de recherche, entités permettant la mutualisation des compétences et des moyens et la réalisation de recherches interdisciplinaires : Maison des sciences de l’homme (MSH) Ange Guépin (1993) en sciences humaines et sociales, sous l’égide d’Alain Supiot, et Institut fédératif de recherche en santé (1995), mené par Régis Bataille.

L’autre tournant, en 2002, correspond à la mise en place, sous l’impulsion du président de l’université François Resche, d’une stratégie de rapprochement université - écoles (notamment Centrale, Mines et Oniris) pour constituer des ensembles plus pertinents et visibles. Cette politique, initiée entre l’université et Centrale avec la création du laboratoire d’automatique (actuellement Institut de recherches en communications et cybernétique de Nantes), fait qu’en 2012 près de 55% des laboratoires sont communs à au moins deux établissements, nantais ou d’une université voisine (Angers, Le Mans, Rennes 1 et 2 ou Brest). La mise en place en 2009 du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) « L’université Nantes, Angers, Le Mans » résulte de cette dynamique. Celle-ci se concrétise également dans le cadre du Programme national des investissements d’avenir de 2009 et 2010, par une forte mobilisation des chercheurs : 31 projets de recherche sont retenus (dont sept portés par des chercheurs nantais), comme l’Institut hospitalier universitaire en transplantation, l’Institut de recherche technologique Jules Verne sur l’usine du futur, la société d’accélération et de transfert de technologies Ouest Valorisation, et plusieurs laboratoires d’excellence en biologie-santé, sciences du numérique, mathématiques, sciences marines, histoire de l’Europe, matériaux biosourcés et pour le stockage de l’énergie, et pour le développement du Réseau français des instituts d’études avancées. Cette mobilisation a permis le rapprochement des chercheurs de Bretagne et des Pays de la Loire, en particulier de Rennes et de Nantes.

Laboratoires publics et entreprises ont aussi créé durant cette période de nouveaux outils dans le cadre des dispositifs institués par l’État depuis 2004, notamment les pôles de compétitivité : par exemple Atlanpole biothérapies pour les biotechnologies, Ensembles métalliques et composites complexes sur les matériaux et la mécanique, et les Instituts Carnot (tels Telecom pour le numérique et Qualiment en agroalimentaire). Ces outils confortent ceux mis en place par les laboratoires publics pour le transfert de leurs activités vers les entreprises, comme Synervia (2002) et Capacités (2005).

En termes d’infrastructures, cette décennie a aussi vu la reconnaissance par l’État du site nantais en tant que Campus prometteur en 2008, la poursuite de la construction de bâtiments dédiés à la recherche (Institut d’études avancées en 2008, Institut thérapeutique de l’université de Nantes en 2009) et de l’installation de nombreuses plateformes dont les plus remarquables sont le cyclotron Arronax (2008) pour la cancérologie et le Technocampus (2009) pour les matériaux. C’est grâce à l’implication majeure du Conseil régional des Pays de la Loire et de Nantes Métropole que ces outils ont pu être mis en place.

Des secteurs d'excellence

La recherche nantaise est forte en 2012 de près de 4000 chercheurs (temps plein), dont un peu plus de la moitié exercent dans le secteur privé, à la fois les grandes entreprises de l’aéronautique, de la navale et de l’automobile, et dans des petites et moyennes entreprises travaillant souvent en sous-traitance, dans de nouveaux secteurs se développant en synergie forte avec la recherche académique, notamment dans le cadre des pôles de compétitivité, comme par exemple les biothérapies. La recherche publique concerne environ 1800 chercheurs qui travaillent au sein de plus de 80 structures de recherches accréditées par l’État, l’Université étant présente dans plus de 90% d’entre elles, et un organisme de recherche national (CNRS, Inserm, Inra ou encore l’Inria pour ce qui touche au numérique) dans 40% des cas. Elle s’inscrit à parts à peu près égales dans les champs disciplinaires des sciences de la santé, des sciences et technologies, et des sciences de l’homme et de la société, certains objets d’étude étant abordés en transdisciplinarité, tels par exemple l’agroalimentaire, les milieux marins et littoraux, la ville durable, et les relations homme-sociétés.

Les recherches les plus emblématiques réalisées à Nantes concernent deux secteurs dont le développement trouve son origine dans l’activité maritime ancienne de la cité : le secteur biomédical et le secteur sciences et technologies. Ces deux secteurs sont particulièrement visibles à l’international compte tenu du très haut niveau des recherches fondamentales réalisées, concernent un nombre significatif de chercheurs (près des deux tiers du secteur académique) et ont des applications majeures pour le territoire, aussi bien en termes de formation initiale des étudiants et continue pour les professionnels, que de transfert technologique vers les secteurs socio-économiques du territoire.

Dans le secteur biomédical, les recherches en immunologie et biothérapies appliquées à la cancérologie, à la greffe d’organes et à différentes pathologies, notamment aux maladies cardiovasculaires, intègrent aussi les problématiques d’alimentation, de nutrition et de santé animale. L’objectif majeur des recherches menées, dites translationnelles, car allant du fondamental au patient, est de développer des biomarqueurs pour la mise en place d’une médecine personnalisée et l’élaboration de nouvelles approches biothérapeutiques.

Elles ont pris leur essor il y a une vingtaine d’années, impliquent à parts égales l’Université, l’Inserm et le CHU, et bénéficient de l’apport de laboratoires hors du champ strict de la santé, par exemple pour la synthèse de molécules et biomatériaux, la production de radio-isotopes avec le cyclotron Arronax, ou la modélisation numérique et la réalisation d’études aux interfaces entre santé et sciences humaines et sociales. Ce secteur très actif est source de création de nombreuses jeunes entreprises qui se développent au sein d’Atlanpole biothérapies.

Le secteur sciences et technologies est structuré en deux pôles majeurs. Le pôle matériaux est abordé selon deux axes. L’un s’appuie sur la présence historique de la mécanique appliquée notamment aux matériaux métalliques et composites et les procédés de fabrication, robotisés en particulier. L’autre, plus en amont, est dédié à la synthèse et à la caractérisation physico-chimique de matériaux dits intelligents et de biomatériaux, avec des usages dans le numérique, le stockage de l’énergie et la santé, notamment pour l’ingénierie ostéoarticulaire et dentaire. Les recherches en sciences et technologies de l’information et de la communication concernent plus particulièrement le génie logiciel, l’optimisation, l’aide à la décision, le multimédia, et se développent avec le pôle rennais.

Les recherches réalisées dans ces deux secteurs trouvent des applications directes dans les filières industrielles du territoire, qu’elles soient anciennes (navale, génie civil, aéronautique, bâtiment…), plus récentes (le domaine des banques et des assurances) ou naissantes (par exemple le secteur des énergies renouvelables : houle, vent, photovoltaïque et biomasse, en particulier à partir des micro-algues). Ces recherches impliquent une douzaine de laboratoires associant l’Université, Centrale et Mines, le CNRS, l’Inra et Oniris, et bénéficient d’un environnement technique et industriel important sur Nantes avec des complémentarités fortes, à Angers, au Mans et à Rennes.

Bien d’autres talents, bien d’autres recherches d’excellence pourraient, il est vrai, compléter cette liste, par exemple en philosophie, en linguistique, en histoire, en géographie, en mathématiques, en physique nucléaire, en planétologie-géosciences, comme l’attestent aussi bien les évaluations nationales que des distinctions européennes. La recherche vit, s’étoffe et, bien évidemment, progresse…

Jacques Girardeau
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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Jacques Girardeau

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