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Place Canclaux


La création de la place Canclaux est l’aboutissement d’un processus, celui de la poussée de la ville vers l’ouest au milieu du 19e siècle avec la création des quartiers de l’Entrepôt et de Launay et l’industrialisation du faubourg de la Ville-en-Bois. La place Canclaux sera le trait d’union entre ces différents quartiers, le centre-ville et la place Graslin.

Construite dans le prolongement de la rue Canclaux (actuelle rue Alfred-Riom) percée vers 1844, elle prendra tout naturellement le nom de place Canclaux, en hommage à Jean-Baptiste Camille de Canclaux (1740-1817), ce général de la Révolution qui défendit victorieusement Nantes le 29 juin 1793 contre l’attaque de l’armée vendéenne.

Un cheminement tortueux et malaisé

La place Canclaux a été aménagée presque entièrement à l’emplacement du jardin Le Masne dépendant du domaine de Chermont et délimité par la tenue Bruneau, le coteau de la Salle-Verte, la tenue Guilloré, le vieux pont de Gigant et les terrains marécageux de l’Entrepôt.

Plan d'alignement pour les terrains bordant la rue de Gigant

Plan d'alignement pour les terrains bordant la rue de Gigant

Date du document :

Dans les années 1850-1860, l’urgence est de redresser le tracé de la partie inférieure de la rue de Gigant. À l’extrémité de cette rue, la voie se rétrécit et traverse la Chézine par un vieux pont de pierre à arche unique – il date de 1708 – en tournant à droite presque à angle droit avant de tourner brusquement à gauche pour se raccorder au chemin de Couëron (la rue de la Ville-en-Bois). « Dans cette double et inverse conversion, au bas de deux pentes énormes, deux voitures ne peuvent s’apercevoir et s’éviter, d’où résultent de fréquents et graves accidents. » se plaignent les élus de Saint-Herblain dans une délibération réclamant le redressement de la rue.

Cette voie est, après la ligne des ponts, l’une des plus importantes qui conduisent à la ville. Au-delà des limites de l’octroi, elle traverse les quartiers neufs les plus populeux, construits sur plus de 2 kilomètres entre l’arche de Gigant et la Croix-Bonneau. Elle draine une population de plus en plus importante qui recherche dans cette partie suburbaine des communes de Nantes et de Chantenay la proximité des grandes usines et établissements industriels. Elle est aussi l’une des principales artères d’approvisionnement de la ville. La culture maraîchère s’est considérablement développée à Couëron, Saint-Herblain et Chantenay, et chaque jour cette voie est parcourue par de nombreuses charrettes conduisant au centre de Nantes diverses denrées en provenance de la campagne. Pour les cultivateurs, ce cheminement tortueux et malaisé est la seule voie d’accès.

Rompre avec la tradition nantaise des petites places

Le plan général de la ville approuvé en 1859 indique le tracé de la nouvelle place entre la Chézine et le coteau de la Ville-en-Bois, ainsi que le prolongement rectiligne de la rue de Gigant. Des nivellements importants seront nécessaires. Le centre de la place est prévu à l’emplacement d’un ancien jardin (le jardin Le Masne) bordé à l’ouest de roches granitiques, qui s’étend jusqu’à la Chézine et se trouve en contrebas par rapport au chemin de Couëron et au ruisseau. Vers 1870, le jardin est à l’abandon et reçoit les déchets du quartier ainsi que les débris de fer blanc provenant des conserveries de la Ville-en-Bois qui vont servir de remblai. Juste à côté se situe la tenue Bruneau, qui forme un mamelon qu’il faudra araser pour prolonger le boulevard Saint-Pern (aujourd’hui Paul-Langevin) jusqu’à la future place.

Croquis général des abords de la place Canclaux

Croquis général des abords de la place Canclaux

Date du document : 1865

En 1872, la Ville acquiert le jardin Le Masne. Après avoir examiné plusieurs projets, le conseil municipal approuve finalement en 1873 celui d’une place d’un peu plus de 4000 mètres carrés, « marquant notre volonté arrêtée de rompre avec cette vieille tradition de la voirie nantaise de faire des petites places et des rues étroites, en rapport seulement avec les besoins actuels et sans prévision des nécessités ultérieures ».

Adopté en 1876, le plan définitif dessine une place circulaire. Les remblaiements et la construction du terre-plein central peuvent commencer et en 1892, le pourtour de la place Canclaux est planté de marronniers.

L’octroi et le pont disparaissent

En parallèle sont menés les travaux de rectification de la partie inférieure de la rue de Gigant, entraînant le comblement des douves, le voûtement de la Chézine et par conséquent la démolition du vieux pont. Deux bâtiments, situés côte à côte en face du débouché de la rue du Boccage, sont également condamnés par le nouvel alignement : l’ancien octroi et le corps de garde, qui avait abrité un piquet de lanciers chargés de réprimer les exactions des fraudeurs. Le bureau d’octroi est alors déplacé à l’angle de la nouvelle place et de la rue de la Ville-en-Bois en 1877.

Élévation du bureau d'octroi de la place Canclaux

Élévation du bureau d'octroi de la place Canclaux

Date du document : 1878

Les tribulations du tramway

En 1898, le tramway arrive à Canclaux. Lors de la construction de la ligne, des ossements humains sont trouvés devant la pharmacie et l’ancienne clinique Texier-Levesque. Ils seront déposés à l’ossuaire de la rue des Martyrs. Venant de Gigant, les rames Mékarski à air comprimé tournent autour de la place avant de filer par le boulevard Paul-Langevin. À partir de 1931, le tramway électrique va traverser la place Canclaux de part en part, coupant en deux le terre-plein central. C’est à cette époque que les architectes Étienne Coutan et Camille Robida conçoivent des bancs-abris circulaires en ciment armé recouverts de mosaïque jaune et bleue pour remplacer l’aubette de la place.

Dessin des abris circulaires conçus spécifiquement pour la place Canclaux

Dessin des abris circulaires conçus spécifiquement pour la place Canclaux

Date du document : 1931

Après la disparition des voies de tram, la place reste nue avec ses deux édicules circulaires. En 1964, le service des plantations est chargé d’élaborer un plan d’embellissement. Le terre-plein est ceinturé pour apporter un peu d’isolement, des arbustes sur une plate-bande gazonnée donnent de la fraîcheur. Les marronniers sont conservés.

Un nouvel aménagement est entrepris en 1999, qui prévoit une aire de jeux pour les enfants et un espace paysager pour les piétons. Les aubettes circulaires de Coutan, protégées au titre du patrimoine nantais, sont réhabilitées sommairement.

Quant aux marronniers, plus que centenaires, ils font toujours partie du paysage de la place Canclaux.

Philippe Bouglé
Groupe mémoire
2016

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En savoir plus

Bibliographie

Archives de Nantes, Du quai de la Fosse vers Mellinet-Canclaux, Ville de Nantes, Nantes, 2016 (coll. Quartiers à vos mémoires)

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Ville-en-Bois et rue de la Montagne

Conserveries

Quartier Mellinet

Tramway

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Dervallières - Zola Extension et limite urbaine Place Tramway

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Rédaction d'article :

Philippe Bouglé

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