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Eugène Cornu (1903-1987) Manoir de la Noë

6496

Quartier Général-Mellinet


La formation du quartier Mellinet à partir de 1826 constitue une étape importante de l’extension urbaine de la ville à l’ouest.

Le parc et le bois de Launay

Ce nouveau quartier est né à l’emplacement de la propriété de Launay, ancienne terre qui s’étendait au 18e siècle de l’actuelle rue de la Ville-en-Bois au nord jusqu’aux prés Barbot et Lévesque situés le long des quais de la Loire. La Chézine et l’ancien village de Pilleux formaient ses limites est et ouest.

Au début du 19e siècle, des allées rectilignes bordées d’arbres conduisaient au château. Ensemble composite et lieu de promenade dominicale pour les Nantais, le parc de Launay était constitué d'une tenue, de quelques terres labourables mais surtout de jardins, de prés et d'un bois. Deux grandes corderies bordaient l’allée principale.

Plan figuratif du château, jardin, parc, avenues et autres dépendances de Launay

Plan figuratif du château, jardin, parc, avenues et autres dépendances de Launay

Date du document : 19e siècle

Le lotissement du domaine et la naissance d'un nouveau quartier

En 1822, les propriétaires de Saint-Pern et Monti cèdent leur domaine à Jean Allard, marchand de vin mais ce sont ses héritiers, Benjamin, Félix et Aimée, épouse du négociant Michel Vauloup, qui vont le lotir. « Cette acquisition se fit dans un but spéculatif : il s’agissait de lancer une vaste opération d’urbanisme qui ne peut être comprise qu’au regard des transformations opérées dans la ville depuis la seconde moitié du 18e siècle », précise Claude Cosneau. À cette époque, en effet, la ville se modernise avec la restructuration du centre ancien et son extension à l’ouest vers le port et ses chantiers. Aussi, lorsque les héritiers Allard, après avoir déboisé complètement l’ancienne propriété de Launay, font établir les plans du nouveau quartier, ils ne font que reprendre une tradition de spéculation immobilière, initiée par Graslin.

Le plan général de ce nouveau quartier, établi en 1827 par les architectes Étienne Blon et Louis Amouroux, est déterminé par la configuration de l’ancienne propriété : une place octogonale, à l’emplacement du château, desservie par quatre avenues et quatre rues secondaires. Le boulevard de Launay reprend le tracé de l’allée principale du parc. Un système de voies annexes dessinées perpendiculairement aux quatre avenues complète le réseau viaire. L’implantation des corderies entre les rues Jenner et Babonneau ainsi que le tracé du chemin de Nantes à Couëron (actuelles rues de la Ville-en-Bois et de la Montagne) empêchèrent un tracé parfaitement symétrique.

Plan original du nouveau quartier de Launay

Plan original du nouveau quartier de Launay

Date du document : 29-06-1830

Pour parfaire l’ensemble, l'établissement d’une paroisse au cœur de ce quartier en devenir est envisagé. Ce projet est abandonné lorsque la construction, plus à l’ouest, de l’église Sainte-Anne est décidée en 1845. N’en subsiste que l’appellation place de la Chapelle au bord du boulevard Saint-Aignan.

Un îlot bourgeois dans un quartier industriel

Pendant douze ans, le quartier prend forme, de nombreuses constructions voient le jour. Cette effervescence est néanmoins de courte durée puisque qu’à partir de 1840, s’ouvre une période de léthargie qui conduit les habitants à se plaindre ainsi en 1860 : « Depuis longtemps le quartier de Launay semble être laissé dans l’oubli, non seulement sa place et ses avenues sont dans un état de parfait abandon, mais la surveillance en est tellement négligée que les chèvres et parfois même les chevaux y font tranquillement leur pâture ».

Le développement urbain de Nantes étant marqué à cette date par la réalisation du quartier du Palais de Justice ou celui des Cours vers Saint-Donatien, le quartier n’a plus le même attrait. Ce dernier semble isolé au milieu des industries qui le cernent : les fonderies Voruz à l’est, la candiserie Cossé et les établissements Brissonneau au sud et les industries de conserve alimentaire au nord dans le quartier de la Ville-en-Bois.

Il faut attendre les années 1870 pour que la construction reprenne. Immeubles de rapport et petits pavillons avec jardin sortent de terre, prenant la suite des hôtels particuliers édifiés autour de la place. Le développement des activités industrielles a en effet attiré une nouvelle population ouvrière et artisanale.

Le quartier Général-Mellinet

Le quartier Général-Mellinet

Date du document : 20e siècle

Le quartier présente donc un cadre bâti ancien, diversifié et caractérisé par trois types de constructions : les hôtels particuliers situés sur de grandes parcelles, généralement construits entre 1830 et 1840, les immeubles de rapports édifiés sur des parcelles moyennes et enfin de très nombreux petits pavillons individuels situés sur des parcelles longues et étroites de façades datant de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle.

Au total, vingt nouvelles voies sont ouvertes et cent cinquante parcelles de terrain destinées à être loties sont vendues. Devenues publiques en 1830, ces rues sont dénommées en 1837. Le développement industriel du quartier inspira les édiles municipaux puisque un tiers d'entre elles rendent hommage aux hommes de science.

La place et ses huit hôtels particuliers : cœur du nouveau quartier

Établie à l’emplacement du château et du jardin de l'ancien domaine de Launay, le parc est l'objet de plusieurs aménagements. Lors de sa création, parmi les divers projets proposés, seuls des bancs et des arbres furent disposés autour du terre-plein central. Ces arbres furent remplacés par des tilleuls en 1876. Ils seront abattus et remplacés en 1966, lorsque le service des espaces verts de la Ville, s'inspirant du plan original du lotissement, transforme le parc en jardin avec pelouse fleurie.

Le quartier Général-Mellinet

Le quartier Général-Mellinet

Date du document : années 1950

En 1898, la statue du général Émile Mellinet (1798-1894) est dressée au centre de la place qui porte son nom. Cette dénomination avait été attribuée le 10 mai 1894, trois mois après sa mort.

Les huit voies qui desservent la place Launay sont séparées par huit hôtels particuliers bâtis entre 1828 et 1874 sur des terrains d’une superficie inégale mais comprenant un vaste espace vert, parfois agrémenté d’une pièce d’eau. Le dessin des façades identiques est l’œuvre des architectes Blon et Amouroux qui édifièrent eux-mêmes les hôtels numéros 1, 3, 4 et 5 à partir de 1828. Les autres parcelles cernant la place furent bâties entre 1839 et 1874 selon le même modèle : l'architecture des pavillons est conçue afin de les adapter à la forme trapézoïdale du terrain. Chaque hôtel possède un étage dans sa partie centrale flanqué de deux bas-côtés. Le rez-de-chaussée, légèrement surélevé présente des baies en plein cintre sur un mur à refends. Une cinquantaine d’années furent donc nécessaires à la réalisation de ce programme unique de l’architecture de la Restauration à Nantes. Protégé depuis 1988 au titre des Monuments historiques, l’ensemble constitue un exemple remarquable de l’architecture résidentielle bourgeoise du début de la révolution industrielle des années 1830. Les villas urbaines sont en effet investies d'emblée par la haute bourgeoisie nantaise.

Riches industriels et négociants, tels que les conserveurs Philippe, Lechat, les négociants Maës ou Hailaust sont parmi les occupants les plus notables. À partir des années 60, la place Mellinet devient le fief de diverses administrations (certaines sont présentes dès les années 40) : Douanes, Impôts, Marine ainsi que des services de l'EDF ou encore de la clinique mutualiste installée dans l'ancienne résidence du général Mellinet au numéro 8 à partir de 1951.

Nathalie Barré
Archives de Nantes
2016



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En savoir plus

Bibliographie

Archives de Nantes, Du quai de la Fosse vers Mellinet-Canclaux, Ville de Nantes, Nantes, 2016 (coll. Quartiers à vos mémoires)

Tags

Extension et limite urbaine Place Quartier

Contributeurs

Rédaction d'article :

Nathalie Barré

Témoignage :

Alain Picaud, Simone Pineau

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